Des députés macronistes rejoignent Horizons : rupture dans la majorité ?

Des députés macronistes rejoignent Horizons : rupture dans la majorité ? Le départ de deux députés de Renaissance pour le parti d'Édouard Philippe provoque la colère des cadres macronistes, qui menacent de couper les ponts avec leurs alliés.

"Ils vont voir ce que c'est que d'arriver dans un groupe qui ne récupère que des miettes", lance un cadre de Renaissance au Figaro. Jeudi matin, deux députés du groupe macroniste ont annoncé qu'ils rejoignaient les rangs d'Horizons, parti allié fondé par Édouard Philippe. Une nouvelle qui a fait bondir le patron des députés Renaissance, Sylvain Maillard. Celui-ci a aussitôt convoqué les deux intéressés pour leur faire voir "tous les avantages" qu'ils perdaient dans l'opération. Avant de tourner son courroux vers la direction philippiste.

Bertrand Bouyx et Pierre Henriet, les deux transfuges, font valoir "des raisons essentiellement locales" à leur départ : le premier, député du Calvados, a une proximité géographique avec le maire du Havre, fondateur d'Horizons. Le second, député de Vendée, suit la dynamique amorcée par la présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, qui a elle-même annoncé son ralliement à Édouard Philippe dimanche dernier.

"Couper les ponts avec Horizons"

Mais du côté de Renaissance, on accuse un débauchage déloyal de la part du parti allié. "Nous avions un accord de non-agression", déplore-t-on dans l'entourage de Sylvain Maillard. Ce dernier a immédiatement contacté le patron des députés Horizons, Laurent Marcangeli, pour lui dire ce qu'il pensait de la situation. "Je n'ai jamais fait de la politique comme cela", a-t-il écrit à son homologue, ajoutant qu'"il serait dommage pour nous tous que notre solidarité soit entachée".

Dans le même temps, Maillard a convaincu le bureau de Renaissance de "couper les ponts avec Horizons" aussi longtemps que les deux députés n'auraient "pas démissionné de tous les postes qu'ils ont obtenus grâce au groupe", selon Politico. "S'il faut leur montrer qu'on est le plus gros groupe, on va le faire", assène un proche du député macroniste de Paris.

Ils vont "rendre leurs jolis bureaux"

En attendant, Bertrand Bouyx et Pierre Henriet devront "rendre leurs jolis bureaux" pour en récupérer "des petits dans les préfabriqués dévolus aux philippistes", raille un cadre macroniste particulièrement amer. Un autre menace de saboter la niche parlementaire d'Horizons, prévue le 14 mars : "On verra s'ils arrivent à faire passer leurs propositions de loi avec juste leurs députés", grince-t-il auprès de Politico.

Chez Horizons, on assure qu'"aucun démarchage" n'a été fait auprès des deux nouvelles recrues, qui seraient venues d'elles-mêmes. "Laurent Marcangeli va essayer d'apaiser les choses, mais il y a des tons qu'il n'accepte pas que l'on emploie lorsque l'on s'adresse à lui", réagit un proche du président du groupe.

Loin de se laisser impressionner, les députés philippistes sentent le vent tourner, alors que le maire du Havre est cité parmi les favoris à la prochaine présidentielle : "Si certains pensaient que l'on allait rester le petit groupe gentil et que le jeu est figé, lance l'un d'eux au Figaro, ils se trompent."