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"C'est honteux", "méprisant"... Cette proposition du gouvernement sur les fonctionnaires est explosive

Avec sa dernière proposition, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a mis sur le tapis la fin de l'emploi à vie des fonctionnaires. Une sortie qui a déclenché un tollé chez les syndicats.

Le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Stanislas Guérini a ouvert les concertations sur son projet de loi pour "l'efficacité de la fonction publique", qui doit être présenté en Conseil des ministres à l'automne. Et n'a visiblement par prévenu les partenaires sociaux d'une mesure qu'il met pourtant sur la table dans la presse. Elle tient en une petite phrase, prononcée dans la Parisien mardi 9 avril : "Je veux qu'on lève le tabou du licenciement dans la fonction publique". Faut-il y voir la fin de l'emploi à vie pour les fonctionnaires ? En lisant entre les lignes, cela y ressemble fortement.

Dans les faits, le projet du gouvernement vise à favoriser la rémunération au mérite des fonctionnaires, faciliter les mutations entre les différentes branches de la fonction publique et de manière générale, mieux sanctionner les insuffisances professionnelles des fonctionnaires quand le fait est établi. Ce mardi, un document - que Le Parisien a pu consulter - a été présenté aux syndicats et employeurs de la fonction publique. Il pose la question suivante : "Les employeurs et managers sont-ils suffisamment outillés pour prendre en compte l'insuffisance professionnelle dans le déroulé de la carrière, directement appréciée sur le fondement de l'évaluation professionnelle ?"

"C'est purement honteux, il ne nous a rien dit !"

Stanislas Guerini fait référence aux licenciements pour insuffisance professionnelle. Autrement dit, cela peut s'apparenter à un licenciement pour inaptitude après une maladie ou un accident. Rien à voir, donc, avec la "faute" dans le secteur privé. En revanche, ce qui peut étonner, et même faire grincer des dents pour les syndicats, c'est d'abord que cette mesure précise ne figurait absolument pas dans le programme d'Emmanuel Macron en 2022. Une refonte des grilles de rémunération des fonctionnaires était elle envisagée, mais rien n'était mentionné concernant cette potentielle fin de l'emploi à vie.

La pilule a donc du mal à passer chez la majorité des syndicats. "C'est purement honteux de la part d'un ministre de la Fonction publique dont on attend depuis plusieurs mois de véritables négociations salariales pour augmenter nos salaires et qui marquent une profonde perte de pouvoir d'achat dans la fonction publique", regrette Natacha Pommet, secrétaire générale de la CGT Fonction publique au micro de France Info. "On jette l'opprobre en faisant croire que les 5,5 millions de fonctionnaires souffrent d'insuffisance professionnelle. Il ne nous a rien dit ! Nous l'avons appris dans la presse" regrette-t-elle, ce mardi matin, toujours sur France Info.

Selon Stanislas Guerini, l'absentéisme dans la fonction publique représenterait un coût annuel de huit milliards d'euros pour l'Etat. Des propos "démagogiques, symptomatiques d'un profond mépris" pour la CGT. Même son de cloche du côté du député Rassemblement national du Loir-et-Cher, Roger Chudeau. D'après lui, cette proposition de l'exécutif "relève de la pure démagogie (...) d'autant plus qu'il existe des procédures inscrites dans le statut général des fonctionnaires permettant de licencier un incompétent qui ne remplit pas les devoirs de sa tâche". Il dénonce également les "travers de l'anti-fonctionnaire". Pour l'heure, la concertation sur le projet de loi semble bien mal engagée.