Le très intime déjeuner entre Macron, Musk et des patrons qui craignent la gauche française
Le rendez-vous était prévu de "longue date", mais tombait à pic. Emmanuel Macron a convié une quarantaine de patrons de grands groupes français et internationaux à partager un repas à la belle table de l'Elysée, ce jeudi 25 juillet. Une rencontre organisée à la veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, de quoi vanter les réussites françaises auprès de ces acteurs économiques, mais aussi en pleine crise politique... moins vendeuse pour les investisseurs.
Emmanuel Macron a échangé avec des dirigeants très influents et les deux hommes les plus riches du monde : le Français Bernard Arnault, PDG de la chaîne de luxe LVMH, et l'Américain Elon Musk, patron de Tesla, de l'entreprise aérospatiale SpaceX et plus récemment du réseau social X (anciennement Twitter).
La présidence a précisé les listes des invités présents auprès de l'AFP, il y avait pêle-mêle : James Quincey qui à la tête de Coca-Cola, Brian Chesky qui dirige Airbnb, Shou Zi Chew patron de TikTok, Jaz-Yong Lee qui pilote Samsung, Neal Mohan pour Youtube ou encore Aditya et Lakshmi Mittal pour ArcelorMittal. Parmi ces noms de grands patrons américains, chinois ou encore indiens, quelques Français étaient également présents comme les représentants de la BPCE, de Carrefour ou du groupe Accor.
Mais que se jouait-il entre ces personnes et le président de la République dans la plus grande discrétion entre les murs de l'Elysée ? Pas de signature de contrats en vue, mais l'entretien de relations commerciales, industrielles ou simplement de confiance selon l'entourage d'Emmanuel Macron. Ce dernier a voulu "rassurer" les investisseurs étrangers à l'heure où le pays traverse une crise politique inédite. La dissolution de l'Assemblée nationale et le résultat des élections législatives, marqué par la défaite du pouvoir en place et la montée de la gauche, ont pu inquiéter les partenaires économiques de la France. Le programme d'Emmanuel Macron étant bien différent des mesures économiques proposées par la gauche qui s'intéressent davantage aux besoins des salariés qu'à ceux des patrons.
Et cette crainte est même publique : ce jeudi matin, sur France info, le président du Medef Patrick Martin a pointé du doigt le programme de l'alliance de gauche qui revendique de gouverner. "Le Smic à 1 600 euros nets ça peut générer jusqu'à 200 000 destructions d'emplois, des secteurs entiers s'effondreront !", a-t-il estimé, ajoutant en parlant de ce déjeuner : "Le président doit rassurer !"
Emmanuel Macron a donc "expliqué les choix qui ont été les siens" notamment celui de la dissolution et a invité ses convives et partenaires "à continuer à investir en France" a fait savoir une conseillère présidentielle auprès Ouest-France. L'idée était de donner des garanties sur la continuité des politiques entamées aux investisseurs, dragués et séduits par le marché français lors du sommet annuel Choose France qui s'est tenu en mai dernier en organisant un "mini Choose France" dans l'écrin du palais présidentiel.
Si le chef de l'Etat a voulu brosser les partenaires économiques dans le sens du poil, en précisant que les 56 projets annoncés lors du sommet Choose France n'ont jamais été remis en question par quel groupe que ce soit, il ne peut pas trop s'avancer sur l'avenir politique français. Alors qu'un gouvernement se fait toujours attendre et qu'aucune coalition ne semble prendre forme, qui peut dire quelle politique économique sera mise en place dans les prochains mois ? Personne, pas même Emmanuel Macron.