Comment Lucie Castets veut-elle faire flancher Emmanuel Macron pour atterrir à Matignon
Elle sera reçue par Emmanuel Macron. Lucie Castets fera partie du convoi du Nouveau Front populaire attendu à l'Elysée le vendredi 23 août, sur invitation de chef de l'Etat, pour échanger à propos du futur gouvernement et de sa composition. La candidate de l'union de la gauche pour Matignon ne devait initialement pas être présente à la réunion regroupant chefs de parti et représentants parlementaires, mais sa venue a été exigée par le NFP et acceptée par Emmanuel Macron.
Celle qui a été choisie par la gauche pour devenir Première ministre entend exposer ses projets au chef de l'Etat lors de l'entrevue qui pourrait être décisive avant la nomination du prochain chef du gouvernement. Des plans déjà esquissés dans les colonnes de Libération : l'économiste de 37 ans estime qu'elle est la candidate légitime à Matignon, car soutenue par la première force de l'Assemblée nationale, et elle maintient qu'avec la gauche et son futur (et encore hypothétique) gouvernement "nous saurons trouver des accords sur nos sujets prioritaires".
Lucie Castets n'envisage toujours pas de coalition, pas plus que le NFP, comme voulu par Emmanuel Macron, mais elle dit défendre des mesures "de nature à créer du consensus" et se montre ouverte aux compromis... dans une certaine mesure : "Il faudra faire des pas vers les autres, mais sur la base de nos propositions." La haute fonctionnaire sous-entend d'ailleurs que des accords entre la gauche et le camp présidentiel sont possibles.
Lucie Castets réfléchit à son gouvernement...
Lucie Castets travaille à la constitution de son éventuel gouvernement avant sa rencontre avec Emmanuel Macron. Le NFP est "en train de réfléchir à l'architecture gouvernementale qui devra traduire les grandes priorités du gouvernement qui sera mis en place" a-t-il confié à BFMTV le 19 août. Du côté du casting, peu d'indices, mais on sait qu'il devra compter des membres de chaque parti de gauche et qu'il "faudra des ministres qui sont pleinement en accord avec les orientations politiques" de l'union de la gauche.
La haute fonctionnaire n'a pas fermé la porte à la nomination de quelques personnalités issues de la société civile, comme elle. Mais il est "bien trop tôt pour révéler des noms ou la composition du gouvernement" selon elle, d'autant que sa nomination à la tête du gouvernement est loin d'être garantie puisqu'Emmanuel Macron a déjà fermement rejeté l'idée. Quant à la résistance à une motion de censure, en cas d'arrivée à Matignon, elle l'est encore moins. L'ancienne adjointe à la mairie de Paris n'envisage pas de nommer un gouvernement duquel LFI serait exclu, hors le camp présidentiel, la droite et l'extrême droite ont annoncé soutenir une motion de censure contre tout exécutif comprenant des insoumis.
... mais n'a ni majorité, ni le soutien de Macron
Penser la composition d'un gouvernement n'est pas utile en l'absence de majorité, ne serait-ce relative. Mais Lucie Castets envisage d'autres solutions pour gouverner : "Nous sommes conscients qu'il n'y a pas de majorité absolue. La question, ce sera de trouver, projet après projet, un chemin pour gouverner, là dessus je suis confiante". Elle indique d'ailleurs dans Libération s'être adressée à plusieurs forces politiques par courrier et avoir reçu des réponses "bien au-delà du NFP", sans préciser l'orientation politique de ses correspondants. Et la haute fonctionnaire de sous-entendre que des accords sont possibles y compris avec le camp présidentiel sur "l'impôt sur la fortune vert", "la conditionnalité des aides aux entreprises" ainsi que la "taxation des superprofits" cités dans la lettre adressée par Gabriel Attal aux partis de "l'arc républicain".
Faute d'accords suffisants, c'est par "voie réglementaire" que la Première ministre voulue par la gauche entend gouverner. Dans un cas comme dans l'autre, Lucie Castets se projette dans une cohabitation "très sereine" avec Emmanuel Macron.