Destitution de Macron : une pétition en ligne, qu'est-ce que ça peut changer ?
La France Insoumise déposera "aujourd'hui", sa "résolution visant à destituer Emmanuel Macron", a indiqué ce mardi la cheffe de file des députés insoumis à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, lors d'un point presse. LFI "prend cette décision comme une réponse à la hauteur du coup de force démocratique qu'est en train de mener le président de la République", et cette résolution sera "signée plus largement que par les Insoumis", a-t-elle ajouté. Avant d'asséner un dernier coup à Emmanuel Macron : "On a bien compris que s'il pouvait se nommer lui-même, il le ferait".
190 000 signatures en quatre jours
Depuis le samedi 31 août dernier, une pétition pour soutenir la procédure de destitution du président de la République a été lancée par La France Insoumise. À ce jour, elle a été signée par près de 190 000 personnes. "Emmanuel Macron refuse de reconnaître le résultat de ces élections en maintenant au pouvoir l'ancien gouvernement (...) cette dérive autoritaire est sans précédent dans le monde des régimes parlementaires et dans le système de la démocratie représentative. C'est pourquoi nous soutenons l'appel à la destitution du président de la République par l'article 68 de la Constitution. En signant cette pétition, nous demandons aux députés et aux sénateurs de voter en faveur de cette démarche pour permettre le retour à une véritable démocratie où les choix du peuple sont enfin respectés", peut-on notamment lire sur le site.
Viser Emmanuel Macron et donner du poids à la motion de destitution
Alors, cette pétition a-t-elle des chances de faire bouger les lignes et d'aboutir à la destitution d'Emmanuel Macron, comme le souhaitent les ténors du parti et notamment son leader historique, Jean-Luc Mélenchon ? Dans les faits, pas vraiment. Une telle action pourrait permettre, dans l'idéal pour le NFP, d'attribuer la responsabilité du blocage institutionnel à Emmanuel Macron. Dans un communiqué, LFI l'accusait justement "d'abus de pouvoir" en ne reconnaissant "pas le résultat du suffrage universel", après la victoire de la gauche aux dernières élections législatives anticipées et le refus du chef de l'Etat de nommer Lucie Castets à Matignon, la candidate désignée par tous les partis de l'alliance. La pétition fait donc, en réalité, plutôt office d'outil de pression politique sur le chef de l'Etat.
Cette pétition peut également permettre à LFI d'apporter de la légitimité à son action en incluant le peuple. Les citoyens qui se sont déjà exprimés sur la question. En effet, d'après une enquête Elabe pour BFMTV, publiée le mercredi 28 août, 49 % des Français se disent favorables à une motion de censure contre Emmanuel Macron. Voilà pourquoi, l'inclusion des citoyens dans la démarche du NFP pourrait tout de même lui donner davantage de poids, à défaut d'un vote favorable de la motion de destitution.
Un test pour le Nouveau Front populaire
Enfin, la proposition de destitution pourrait permettre de tester la solidité du Nouveau Front populaire, notamment en interne. Comme le rappelait Anne-Charlène Bezzina, maîtresse de conférences en droit public à l'Université de Rouen dans les colonnes de Public Sénat le 18 août dernier, "cela va être un test pour le NFP, le bureau doit se prononcer sur la recevabilité de la proposition donc il y a un risque d'implosion". Sur les 22 membres que compte le bureau, si le NFP est majoritaire avec 12 membres, seuls 4 d'entre eux sont issus de LFI. Si certains socialistes venaient à avoir un avis divergeant, maintenant que tous les partis semblent d'accord sur la motion de destitution, la situation pourrait se tendre au sein de l'alliance de la gauche.