Anne Genetet, ministre de l'Éducation nationale : son curieux business pour former des domestiques

Anne Genetet, ministre de l'Éducation nationale : son curieux business pour former des domestiques Anne Genetet, ministre de l'Education nationale, avait précédemment une toute autre carrière : elle a lancé par le passé une entreprise de formation des domestiques.

Anne Genetet est la nouvelle ministre de l'Education nationale. Nommée le 21 septembre, elle a pris la place de Nicole Belloubet lors de la passation de pouvoir deux jours plus tard. Celle qui est devenue la sixième ministre en sept ans rue Grenelle a présenté ses objectifs à ce poste, assurant que "le navire ne changera pas de cap" : "Un mouvement a été lancé, autour d'ambitions fortes comme l'élévation du niveau de nos élèves, l'exigence de nos enseignements, mais aussi le respect de nos professeurs, de leur autorité et de celle de la République, et le bien-être de nos élèves et de nos personnels". Elle met aussi un point d'orgue sur la "réussite des élèves".

Elle a résumé ses ambitions ainsi : "C'est ce à quoi je m'attacherai : préserver l'école, protéger nos élèves, bâtir un espace de sérénité et de stabilité (...) Ce que je vous propose tient donc en quelques mots. Relever avec humilité tous ensemble les défis de l'école pour qu'elle puisse enfin et pour longtemps renouer avec sa mission première : forger des Républicains, bâtir des destins, apporter du bonheur". De grands chantiers attendent la nouvelle ministre : la rémunération des enseignants, la crise d'attractivité du métier, la question de l'uniforme à l'école, des groupes de niveaux ou encore le sujet de la mixité scolaire. 

Un ancien engagement auprès des domestiques

Le choix d'Anne Genetet pour le poste de ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse peut surprendre au vu de son parcours politique, davantage centré sur l'international, elle qui est une figure sur les dossiers des Français de l'étranger, dont elle est l'une des députées depuis 2017. Agée de 61 ans, journaliste médicale après avoir fait des études de médecine, elle a longtemps vécu à Singapour.

Là-bas, elle a fondé "Help Agency", une société de "conseil en recrutement et gestion d'une employée de maison", à destination des expatriés français, rapporte Le Parisien. Elle proposait des conférences dédiées à "l'embauche d'une employée de maison à Singapour", ainsi qu'à la "relation avec une employée de maison". L'agence donne, par exemple, certaines précisions sur le salaire qui doit être "ajusté au départ" par rapport à la "capacité d'augmentations futures" et que les congés sont "laissés au libre choix de l'employeur". Elle donne aussi quelques conseils aux employeurs, comme celui d'éviter les remarques négatives devant des témoins car "une helper qui se sent humiliée devient ingérable : elle cherchera à changer de famille".

Anne Genetet aurait aussi proposé des cours de cuisine pour les employés de maison, d'après la page Facebook "Forum des Français à Singapour". Elle en aurait également délivré pour les premiers secours. Cette révélation sur le passé de la ministre a fait bondir Sandrine Rousseau sur X : "C'est stratosphérique. Anne Genetet, ministre de l'éducation, concocte des recettes pour que les domestiques de Singapour servent correctement les expatriés français".

La ministre n'a pas souhaité répondre à la polémique. Son entourage a défendu qu'elle avait simplement souhaité "permettre à ces personnes de s'émanciper grâce à leur travail et de leur permettre d'acquérir des compétences supplémentaires grâce à des formations financées directement par les employeurs" et qu'elle avait "travaillé avec des publics en grande détresse, très souvent des travailleurs maltraités".

Un rejet du côté des syndicats enseignants

La nomination d'Anne Genetet a aussi été mal reçu du côté des syndicats enseignants. Selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, "il n'y a aucun bon point dans ce profil, ça ressemble à une erreur de casting au regard des enjeux pour l'école". Même son de cloche pour Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale de SE-Unsa, qui estime que Anne Genetet "ne connaît pas grand-chose, ni de près, ni de loin, au sujet de l'école et du système éducatif, cela nous inquiète beaucoup".  Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, a, pour sa part, déploré cette nomination, considérant la ministre comme un "clone de Gabriel Attal".

Pas sûr non plus qu'elle trouve un grand soutien au sein du nouveau gouvernement, s'étant montrée critique envers les Républicains, qui vont pourtant la cerner et même de très près, puisque le ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel est le député LR Alexandre Portier. "Les LR n'ont jamais voulu travailler avec nous, ce n'est pas faute de leur avoir tendu la main, ils nous ont tapé dessus", avait-elle, par exemple, lancé sur le plateau de BFMTV, le 20 septembre. Elle avait aussi appelé à la vigilance face à la nomination probable de Bruno Retailleau, qui a finalement été choisi pour l'Intérieur. 

Si elle semble bien loin du milieu éducatif, en 2022, Anne Genetet s'est tout de même rapprochée du sujet en étant rapporteure à l'Assemblée nationale de la proposition de loi sur l'évolution de "la gouvernance de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger" et la création "d'instituts régionaux de formation". Elle a également tenu à mettre en avant son parcours scolaire. "Je suis une fille de l'école publique, de bout en bout, de l'école à la fac", a-t-elle rappelé auprès de l'AFP, une déclaration qui fait le contraste avec Amélie Oudéa-Castéra, qui avait fait un court passage à ce poste en raison d'une polémique sur l'enseignement privé de ses enfants.