Barnier veut faire adopter deux mesures fortes du programme du NFP
C'est sans doute un positionnement auquel les partis de gauche ne s'attendaient pas - et le président de la République sera sans doute tout autant surpris. Selon les informations du Parisien, Michel Barnier voudrait faire adopter quelques mesures très marquées à gauche et reprendre un argumentaire très clairement entendu dans les rangs du NFP : augmenter un certain nombre d'impôts. "Barnier considère que depuis Macron il y avait eu un enrichissement sans précédent des plus riches en France", a en effet glissé au journal une source LR qui a participé aux consultations à Matignon ces derniers jours.
Ce dernier se fait plus précis : "Michel Barnier est favorable à une taxe sur les sur-profits et les plus riches", dit-il. Ce positionnement, s'il est confirmé et assumé publiquement, pourrait faire l'effet d'une petite bombe : taxer les surprofits des entreprises et taxer les Français les plus riches sont deux mesures au programme du Nouveau Front populaire, qui sont même érigées en priorités politiques par l'union des partis de gauche. Et ce n'est pas tout : Michel Barnier serait "très tenté" d'augmenter d'une manière ou d'une autre à l'impôt sur les sociétés, et aurait une oreille attentive à ceux qui dans son entourage plaident pour le rétablissement de l'ISF.
Le Parisien révèle surtout l'intention du Premier ministre de trouver de nouvelles recettes, alors que la question de la gestion des comptes publics est désormais dans toutes les têtes à l'Elysée et à Matignon. "Je vais devoir augmenter les impôts, ce n'est pas par gaieté de cœur mais je dois le faire parce que la gestion est catastrophique", aurait regretté Michel Barnier à un interlocuteur". Ces propos n'ont pas été démentis par les services de Matignon, qui ont toutefois précisé au Parisien que "la seule chose dite par le Premier ministre est qu'il ne s'interdirait pas d'aller dans le sens d'une plus grande justice fiscale. C'est la seule orientation".
Mais malgré les réserves et la volonté d'en dire le moins possible, les jalons fiscaux posés par le Premier ministre semblent de plus en plus clairs. Ce qui crée de nombreux remous au sein du bloc central - qui doit participer au gouvernement et au sein des députés LR, dont le groupe est dirigé par Laurent Wauquiez, farouche opposant à toute hausse d'impôt. Les élus macronistes eux-aussi s'interrogent sur la ligne politique et sur l'accord explicite que Matignon attend d'eux : "Michel Barnier m'a dit pendant notre entretien qu'il augmentera les impôts. On ne connaît pas qui, on ne connaît pas sa politique ni son budget, et on doit y aller ?", s'est demandé Gérald Darmanin, depuis le groupe Ensemble pour la République.