La démission de Michel Barnier sur la table, nouveau fiasco pour Macron
Une démission, un échec retentissant au somment de l'Etat et une retraite politique définitive ? Michel Barnier n'exclut pas le scénario, si l'on en croit certains de ses proches, qui évoquent désormais l'hypothèse auprès de journalistes politiques. Une manière de faire fuiter une forme d'ultimatum et de mettre la pression sur ses interlocuteurs de LR et des partis de l'ancienne majorité présidentielle.
Résumons les choses dans l'ordre pour convenir qu'un départ du Premier ministre est une option tout à fait envisagée. Michel Barnier a accepté de former un gouvernement, il y a deux semaines, mais les désaccords entre les formations politiques qui sont sommées de travailler ensemble sont sans doute plus forts qu'il l'imaginait. Il faut dire que les ténors de LR, constatant leur position de force et la ligne impulsée avec la nomination de Michel Barnier, poussent pour obtenir la majorité des postes de premier plan : l'Intérieur, la Justice, l'Economie et les finances, l'Education nationale. Les ténors du parti LR veulent incarner une rupture avec le macronisme. Sauf que les cadres des partis du bloc central, macronistes et alliés, considèrent qu'ayant trois fois plus de députés, ils doivent rester au centre du jeu et garder la main sur les grandes orientations politiques.
Personne n'est d'accord. Une hausse d'impôt pour faire face à la degradation de la dette publique ? "Hors de question", ont répondu les députés EPR. Une nouvelle loi ou de nouveaux dispositifs pour réguler avec plus de fermeté l'immigration ? L'aile gauche macroniste et le MoDem s'indignent. Mais faute de concessions, LR refusera de participer au gouvernement Barnier, pour éviter de passer pour la béquille d'un macronisme remodelé. C'est l'impasse.
Ce jeudi après-midi, Michel Barnier a donc décidé de convoquer à Matignon les responsables de tous les partis appelés à soutenir son gouvernement pour que tous les blocages soient levés. "Aujourd'hui c'est la dernière chance, sinon Michel démissionnera. Il fera le constat que les agendas personnels des uns et des autres l'empêchent de former un gouvernement sereinement. Si c'est le cas, il y a de fortes chances qu'il fasse un 20h ce soir pour partir", confie un collaborateur du locataire de Matignon à France Télévision. "L'idée, c'est la consultation de la dernière chance, pour dire à Macron, si ça ne passe pas, ça ne passe pas. C'est à prendre ou à laisser", abonde une source LR auprès de Public Sénat.
La démission a-t-elle été sérieusement évoquée par Michel Barnier avec Emmanuel Macron comme un ultimatum ? Ce n'est pas impossible, si le Premier ministre veut jouer franc-jeu. Pour l'ancien ministre de Jacques Chirac, les choses commencent à se poser en ces termes : s'il parvient à composer une équipe ministérielle qui lui assure indépendance et une maitrise sur la ligne qu'il entend porter, alors il restera à Matignon.
S'il n'y parvient pas, il quittera son poste et pourra prendre l'opinion à témoin : les blocages ne sont pas de son fait. Emmanuel Macron devra donc assumer d'avoir refusé de nommer les ministres proposés par son Premier ministre. Il sera alors considéré comme le principal responsable de la crise qui prendrait des tournures de séisme et de chaos politique. Le chef de l'Etat devrait donc trouver un accord pour garder la face et démontrer sa capacité à accepter le consensus. Mais le fait que des rumeurs de démission, utilisée comme un moyen de pression sur l'Elysée, est déjà une forme de revers pour le président, pour qui la séquence tourne depuis plusieurs mois au fiasco.