Drapeaux palestiniens dans les universités : l'appel de Mélenchon très suivi ?
Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Patrick Hetzel, a appelé, vendredi 4 octobre, au "maintien de l'ordre" dans les universités alors que ce lundi 7 octobre marquait les un an de l'attaque du Hamas en Israël. Cette mise en garde a aussi fait suite aux manifestations pro-palestiniennes qui ont touché le milieu universitaire, notamment à Sciences Po Paris, ces derniers jours. Le ministre a insisté sur le caractère laïque des facultés.
Un discours qui n'a pas plu à Jean-Luc Mélenchon qui a estimé que "parler de géopolitique n'est pas attentatoire à la laïcité". Le leader de la France insoumise a alors répliqué lors d'une réunion politique vendredi soir en appelant à "mettre des drapeaux palestiniens partout où on peut" à partir du 8 octobre, "de manière que cette personne n'ait pas le dernier mot". Il a aussi suggéré d'y ajouter le drapeau du Liban, qui est touché par des bombardements de l'armée israélienne contre le Hezbollah. "Mettez des drapeaux libanais, pour que les Libanais sachent qu'on ne les a pas oubliés, qu'on ne les abandonne pas au meurtre et à la violence du voisin terrifiant qu'ils ont le malheur d'avoir à leur côté", a-t-il ajouté.
Les propos de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas passés inaperçus. Ce lundi, ils ont été fortement décriés par François Hollande. L'ancien président a déclaré sur TF1 que les seuls drapeaux qui peuvent être "portés dans les lieux publics", ce sont les drapeaux français. "Le reste, c'est une propagande qui n'a pas sa place dans des lieux publics, elle peut avoir sa place dans la rue pour exprimer un soutien à telle ou telle cause", s'est offusqué celui qui est désormais député de Corrèze. Même son de cloche du côté de Raphaël Glucksmann. Le patron de Place Publique déplore une "TikTokisation de la vie politique", comme il l'a qualifié sur France 2. "Le but des Insoumis depuis quelques jours, ce n'est pas qu'on parle de la situation en Palestine, c'est qu'on parle d'eux", a-t-il assuré.
Un mouvement suivi qui pourrait raviver les tensions ?
Si cet appel est pointé du doigt, cela ne signifie pas pour autant qu'il n'aura aucun écho. En mai dernier, le conflit israélo-palestinien avait largement mobilisé dans les campus français. Le mouvement a repris ce mardi 1er octobre devant Sciences Po Paris et dans les locaux de l'Institut national des langues et civilisations orientales. La circulaire du ministre de l'Enseignement supérieur a aussi fait réagir dans le milieu étudiant. Le syndicat l'Union étudiante a dénoncé une "atteinte" à la liberté d'expression, assurant "nous ne nous tairons pas".
Une dynamique soutenue aussi par certains professeurs, tels Nicolas Hervieu, enseignant de droit public à Sciences Po, qui a rappelé que "contrairement à ce qu'affirme le ministère, les présidents d'Université ne doivent pas seulement veiller à l'ordre et l'indépendance. Mais aussi à la liberté d'expression et de réunion des étudiants", a-t-il partagé sur X.
Si l'appel est très suivi, certains craignent des débordements. C'est le cas du président de l'université d'Aix-Marseille, Eric Berton, qui a jugé que c'était "dangereux", et que cela risquait "d'importer le conflit" dans les facultés. "Bien sûr qu'on regrette ce qui se passe à Gaza et au Liban, mais les étudiants juifs sur nos campus n'ont rien à voir avec ce qui s'y passe et l'université doit rester un refuge dans cette tempête", a déclaré ce dernier auprès de l'AFP.
11:10 - Un blocage à la fac de Strabourg hier soir
"Lundi 7 octobre 2024, une trentaine de personnes a bloqué le bâtiment Le Patio de l’université de Strasbourg toute la journée depuis 6h30 le matin, en utilisant des poubelles et du matériel de chantier. Les bâtiments de l’université ont à nouveau été tagués de propos diffamatoires", a indiqué la faculté de Strasbourg dans un communiqué ce mardi matin. "Compte tenu des dérives constatées et du non-respect des règles qui s’appliquent à tous, l’université a décidé d’enclencher les suites juridiques qui s’imposent. Chacune et chacun doit pouvoir circuler librement sur le campus, sans peur ni haine pour nos étudiants et personnels, afin que les débats puissent se dérouler dans un climat serein", a ajouté la direction.