Un ministre de premier plan menace déjà de démissionner du gouvernement

Un ministre de premier plan menace déjà de démissionner du gouvernement Les premières discussions sur le budget 2025 provoquent des tensions au gouvernement. Un ministre, poids lourd de l'exécutif, compte démissionner s'il n'obtient pas ce qu'il veut.

Pour ceux qui l'auraient oublier, voilà qui vient illustrer une nouvelle fois que le gouvernement Barnier doit composer avec une fragilité structurelle. Le Premier ministre sait qu'il compte davantage de parlementaires de l'opposition que de la majorité et que dès lors que le RN ne le soutiendra plus, la censure le fera tomber (puisque ses députés voteront alors une motion manifestant qu'ils s'opposent à ce gouvernement, comme la Constitution le demande). Mais c'est désormais au sein de son équipe ministérielle que les lignes rouges s'expriment. Et très explicitement. Ce lundi 14 octobre, le ministre de la Justice a fait savoir à l'antenne de RTL qu'il comptait démissionner si Michel Barnier s'obstinait à faire voter le budget présenté la semaine dernière.

En cause : l'enveloppe consacrée à son ministère qu'il juge très clairement trop réduite. "Il y a eu des crédits supplémentaires obtenus par mon prédécesseur, il faut poursuivre cet effort, il faut que la justice ait les moyens", a défendu Didier Migaud à l'antenne, ajoutant : "J'ai posé comme principe d'obtenir les crédits nécessaires pour que les engagements soient respectés en termes d'effectifs. Si on en reste à la lettre plafond, je ne vois pas ce que je ferais encore au gouvernement".

Didier Migaud n'est pas n'importe quel ministre. Seule personnalité venant de la gauche, il est, juste après le Premier ministre, le deuxième ministre dans l'ordre protocolaire, preuve que Matignon a fait de ce ministère un pilier de son action à venir. Didier Migaud compte d'ailleurs sur cette marque de confiance et sur la relation franche qu'il entretient avec Michel Barnier pour que le budget de la Justice soit augmenté. "J'ai eu des assurances du Premier ministre et je lui fais totale confiance", a-t-il indiqué.

Le garde des Sceaux a aussi donné sa méthode pour faire bouger les lignes à son avantage : "Je suis mobilisé pour que des amendements à la hausse puissent être proposés. Le Premier ministre a dit, d'ailleurs, qu'un amendement sera déposé par l'exécutif dans le cadre des discussions parlementaires pour rehausser un certain nombre de budgets, dont celui de la Justice. Je souhaite que les engagements qui ont été pris en termes d'effectifs vis-à-vis de la Justice soient tenus", a-t-il précisé.

Cette intervention du ministre de la Justice intervient alors que ses désaccords et ses divergences avec le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, ont été largement rendus publics. Alors qu'une nouvelle loi immigration a été annoncée pour 2025, le bras de fer entre les deux grands ministères régaliens ne fait sans doute que commencer.