La délirante proposition de Trump pour écarter certains étrangers des Etats-Unis

La délirante proposition de Trump pour écarter certains étrangers des Etats-Unis Dans son programme pour l'élection présidentielle américaine, Donald Trump intègre une proposition qui rappelle une mesure appliquée par le régime nazi en 1941.

À moins d'un mois de l'élection présidentielle américaine, Donald Trump et Kamala Harris sont au coude à coude dans les sondages. Le candidat républicain est légèrement devancé par sa concurrente démocrate à l'échelle nationale, selon le site d'analyse politique 538 du média ABC News, avec 46 % des suffrages potentiels contre 48,4 %. Pour conserver les électeurs conservateurs acquis à sa cause, et convaincre les électeurs encore indécis, le magnat de l'immobilier mise sur un programme bien identifié à la droite américaine autant sur le plan économique que sur l'immigration.

Le programme de Donald Trump a le mérite d'être clair en termes d'immigration : il souhaite lancer "la plus grande opération d'expulsion" de migrants dès son élection s'il venait à rejoindre la Maison Blanche. L'ex-président des Etats-Unis envisage également "d'utiliser l'armée" pour parvenir à ses fins et expulser les migrants, puis d'ouvrir de nouveaux camps de rétention. Le droit du sol automatique sera également annulé en cas d'élection de Donald Trump, "pour les enfants nés de migrants en situation irrégulière". Attention, une telle mesure serait contraire au XIVe amendement de la Constitution américaine, de facto, son application est déjà compromise même en cas d'élection de Donald Trump le 5 novembre prochain. Le prédécesseur de Joe Biden accusait récemment les migrants "d'empoisonner le sang du pays". 

Dans les colonnes du Time, Donald Trump indique que ce "plan d'expulsion" concernerait 15 à 20 millions de personnes dans le pays. L'opération pourrait démarrer, en cas de second mandat de ce dernier, en ciblant certaines villes comme Springfield (Ohio) ou Aurora (Colorado), déjà prises pour cibles pendant sa campagne, notamment au cours de meetings. 

"Eloigner d'Amérique les communistes, marxistes et socialistes étrangers"

Les Républicains envisagent également deux autres mesures claires que le système d'immigration légale américain "donne la priorité aux travailleurs américains". Ces propositions font partie du programme de Donald Trump pour l'élection présidentielle américaine 2024, intitulé sans surprise : Make America great again. Tout d'abord, le parti donnera la priorité à l'immigration basée sur le mérite, "en veillant à ce que les personnes admises dans notre pays contribuent positivement à notre société et à notre économie, et ne deviennent jamais une ponction sur les ressources publiques", peut-on lire dans le document. Autrement dit, donner la priorité aux travailleurs américains. 

Dans le même temps, Donald Trump envisage de réduire le financement fédéral destiné "aux juridictions sanctuaires qui libèrent de dangereux criminels étrangers illégaux dans nos rues, plutôt que de les remettre à l'ICE", une des agences du gouvernement ayant pour mission le rapatriement ou l'expulsion des immigrés. Mais ce n'est pas tout, en se plongeant dans le programme du candidat républicain, un point semble ressortir particulièrement, il s'agit du point numéro 4, "contrôle strict", du deuxième chapitre "sceller la frontière et arrêter l'invasion de migrants". 

Donald Trump prévoit, comme cela est indiqué noir sur blanc dans son programme, d'utiliser "la loi fédérale existante pour éloigner d'Amérique les communistes, marxistes et socialistes étrangers qui détestent les chrétiens". Interrogé sur Fox News dimanche 13 novembre, Donald Trump affirmait que "la Garde nationale", voire "des militaires si nécessaire", devraient être dépêchés contre un "ennemi de l'intérieur", qu'il n'a pas nommé, après une question de la chaîne sur d'éventuels "agitateurs" pendant l'élection. Ce dernier a assuré vouloir réprimer "de très mauvaises personnes (...) des personnes folles, des tarés d'extrême gauche". La veille, en Californie, il s'en est notamment pris un un élu de la Chambre des représentants de l'Etat, Adam Schiff, une "ordure" et un "malade", parmi les "pires personnes ennemies de l'intérieur". 

La décision d'éloigner certaines populations du territoire national pourrait-elle être étendue aux touristes ? Dans ce cas, comment déterminer la couleur politique d'un européen souhaitant entrer sur le territoire américain ? En France, par exemple, le suffrage universel est toujours secret, conformément à l'article 3 de la Constitution comme le rappelle le Conseil constitutionnel. Le secret du vote est garanti par un respect des procédures dans les bureaux de vote les jours d'élections. Impossible, dans ce cas, d'interdire l'entrée aux Etats-Unis d'un citoyen français dont la sensibilité politique se rapproche du communisme, par exemple. "Ceux qui rejoignent notre Pays doivent aimer notre Pays. Nous utiliserons un contrôle extrême pour garantir que les djihadistes et les sympathisants du djihad ne soient pas admis", précise le programme républicain, sans donner plus de détails sur le "contrôle extrême", qui pourrait être mis en place.

Une proposition qui rappelle une mesure appliquée par les nazis

Dans un discours de campagne prononcé en juin 2023 à Washington, Donald Trump rappelait, selon lui, le danger croissant du socialisme et du communisme. "Au bout du compte, soit les communistes détruisent l'Amérique, soit nous détruisons les communistes (...) C'est la bataille finale. Avec vous à mes côtés, nous chasserons les mondialistes, nous chasserons les communistes", avait-il déclaré. Il avait appelé à des déportations massives d'immigrés ayant des opinions de gauche : "En utilisant la loi fédérale, l'article 212 (f) de la loi sur l'immigration et la nationalité, j'ordonnerai à mon gouvernement d'interdire l'entrée à tous les communistes et à tous les marxistes", expliquait-il. 

Mais ce n'est pas tout. Le candidat républicain annonçait également "un nouveau plan pour protéger l'intégrité de notre système d'immigration. La loi fédérale interdit l'entrée des communistes et des totalitaires aux États-Unis. Mais ma question est la suivante : qu'allons-nous faire de ceux qui sont déjà ici, qui ont grandi ici ? Je pense que nous devons adopter une nouvelle loi pour eux". Une sortie qui n'avait encore jamais eu lieu, aucune personnalité politique d'envergure aux Etats-Unis n'avait prononcé ces mots.

Les lois de dénaturalisation de 1933, sur la citoyenneté du Reich et le 11e décret de la loi sur la citoyenneté du Reich de 1941 avaient permis au gouvernement nazi de l'époque de priver des centaines de milliers d'Allemands de leur droits de citoyenneté au nom de leur opinion politique (socialiste) ou de leurs origines juives ou roms en les plaçant en dehors de la "Volksgemeinschaft". Utiliser le langage d'Hitler pour Donald Trump avait marqué un véritable point de bascule dans la démocratie américaine. D'après Michael Bender, l'auteur du livre Frankly, We did win this election, Donald Trump aurait déclaré lors d'une visite en France en 2018 que Hitler "a fait beaucoup de bonnes choses". Six ans plus tard, le programme de Trump pour la présidentielle américaine rappelle une mesure appliquée par le régime nazi.