Les propos d'Emmanuel Macron sur Israël "déformés" ? Le président attaque ses ministres
C'est une déclaration qui n'avait a priori pas vocation à fuiter. Emmanuel Macron aurait, selon une information du Parisien, affirmé, lors du Conseil des ministres de ce mardi 15 octobre, que "Monsieur Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU". De tels dires faisaient suite aux frappes israéliennes ayant touché des casques bleus de l'ONU au Liban. Ils n'ont pas du tout plu au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a défendu qu'Israël a été fondé grâce à la guerre d'indépendance de 1948.
Le président français n'a, pour sa part, pas apprécié que ses paroles soient reprises ainsi, attaquant la presse mais aussi ses ministres. "Il appartient à chacun des participants de ce Conseil (des ministres) de se montrer respectueux de ses règles par éthique, discipline personnelle, pour ne pas faire circuler des informations fausses, tronquées ou sorties de leur contexte. Il appartient aux journalistes et aux commentateurs de traiter les rumeurs et les propos rapportés avec les précautions qui s'imposent", a-t-il déclaré à Bruxelles à l'issue du Conseil européen ce jeudi 17 octobre. Le chef de l'Etat a rappelé que les Conseils des ministres sont rapportés par la porte-parole du gouvernement et par des communiqués. Le président a également estimé qu'il prenait suffisamment la parole sur la situation au Proche-Orient pour "ne pas avoir besoin de ventriloques".
Emmanuel Macron semble aussi ne pas avoir digérer les réactions qui ont suivi la fuite de ses propos : "J'ai été stupéfait de lire tant de commentaires, de réactions y compris de responsables politiques étrangers ou français devant des propos que j'aurais tenu sans se poser la question de savoir ce que j'aurais exactement dit", assurant que ces derniers ont été "déformés". Il a dénoncé "un délitement du débat public" et "un manque de professionnalisme".
"Je dis suffisamment sur la situation au Proche-Orient pour ne pas avoir besoin de ventriloque"
— BFMTV (@BFMTV) October 17, 2024
Le chef de l'État, Emmanuel Macron, dénonce une déformation de ses propos sur la création d'Israël pic.twitter.com/d4oNAVBAfq
Lors des questions qui ont suivi le discours du président, ce dernier a été poussé à démentir, une nouvelle fois, avoir tenu une telle déclaration sur Israël. Il a alors assuré "avoir été clair" et que "si ce n'est pas dans le communiqué ou le compte-rendu du porte-parole, ça n'existe pas".
Une réponse convaincante ?
Les réactions au discours du président ne se sont pas faites attendre. Côté politique, Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste et social à l'Assemblée, a ironiquement questionné : "C'est vrai ça les journalistes, pourquoi ne reprenez-vous pas simplement et bêtement les communiqués officiels ? Pourquoi vous embêtez, en recoupant des sources, à chercher la vérité ?". D'une autre part, , l'Association de la Presse Présidentielle a accusé le président de mettre "gravement en cause la déontologie de la presse qui enquête et recoupe ses sources avec rigueur".
Il n'est pas certain non plus que cette justification ait convaincu le Premier ministre israélien. Des tensions sont palpables entre les deux hommes depuis plusieurs semaines. Le président français s'est notamment prononcé en faveur de l'arrêt des livraisons d'armes à Israël à Gaza. Une revendication qui n'était pas passée auprès de Benyamin Netanyahou, estimant que "tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés" d'Israël.