"Voyou !" Quand Emmanuel Macron s'en prenait violemment au roi du Maroc
Ce lundi 28 octobre, Emmanuel Macron a atterri au Maroc pour une visite d'Etat de trois jours. Il a été accueilli avec son épouse en grande pompe et était accompagné de plusieurs ministres, grands patrons et personnalités de la scène culturelle franco-marocaine. Le roi Mohammed VI leur a déroulé le tapis rouge à la sortie de l'avion. Le président français devrait signer, durant sa visite, des contrats et investissements allant jusqu'à "dix milliards d'euros", rapporte RFI, avec notamment un accord des sociétés Alstom et Egis pour la réalisation du deuxième tronçon de la ligne de TGV qui doit relier Tanger à Marrakech.
Ce voyage est très important pour renouer les relations entre les deux hommes, en brouille depuis plusieurs années. Des soupçons d'écoutes sur le téléphone d'Emmanuel Macron sont notamment au cœur de leur liens distendus. En 2021, un service de sécurité de l'Etat marocain a, en effet, été soupçonné d'avoir choisi le numéro du président pour potentiellement le pirater ainsi que celui de son Premier ministre de l'époque, Edouard Philippe, et de quatorze autres ministres. L'enquête des journalistes du consortium Forbidden Stories avait pointé du doigt une possible utilisation du logiciel Pegasus, connu pour être intraçable et permettre de récupérer tout le contenu disponible sur un appareil (photos, contacts, messages, appels...).
Emmanuel Macron pas tendre avec le roi marocain
S'il n'a pas été prouvé qu'Emmanuel Macron ait été espionné, l'Elysée a regretté un "intérêt de le faire" puisque le nom du dirigeant aurait été découvert sur la liste des numéros potentiellement à surveiller. En privé, Emmanuel Macron aurait particulièrement mal réagi : "Le Président était meurtri d'avoir été ainsi trahi, furieux contre les Marocains, disant : ils me l'ont fait à l'envers, ce roi est un voyou", avait rapporté Libération. Il aurait alors contacté le roi, qui aurait nié les faits. "Non, je ne vous ai pas écouté", lui aurait sèchement répondu Mohammed VI, selon le quotidien, qui relaie aussi la colère d'Emmanuel Macron face à ce peu de considération : "Ecoutez, j'ai les preuves, soit vous mentez, soit vous ne savez pas ce qu'il se passe dans votre pays", aurait-il lancé alors, manifestant le peu de confiance qu'il lui accordait alors.
Un autre sujet de division entre les deux pays a été la diminution par deux du nombre de visas accordés aux Marocains en 2021 et 2022 pour inciter Rabat à récupérer ses ressortissants en situation irrégulière. Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, souhaite encore revoir la politique de visas. Le sujet de l'immigration doit ainsi être abordé pendant cette visite d'Etat, qui était d'ailleurs envisagée depuis 2020 mais n'a eu de cesse d'être repoussée. Cette arrivée au Maroc pourrait être le premier pas de la réconciliation, surtout que le roi Mohammed VI aurait déjà accepté en retour une visite d'Etat en France.