Elisabeth Borne ministre de l'Education nationale : ce qu'elle défend pour l'école

Elisabeth Borne ministre de l'Education nationale : ce qu'elle défend pour l'école Elisabeth Borne, ancienne Première ministre, est devenue ministre de l'Education nationale. Voici les projets qu'elle porte pour l'école.

Et de 5 pour l'Education nationale ! C'est désormais au tour d'Elisabeth Borne de devenir ministre de l'Éducation nationale. Après Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castera, Nicole Belloubet et Anne Genetet, les enseignants vont donc finir l'année avec une nouvelle patronne, en la personne de l'ancienne Première ministre. Un record sur une année civile. Jamais cela n'était arrivé sous la Vᵉ République. 

Pour retrouver trace d'une telle valse à ce poste, il faut remonter à 1948. Sous la IVe République, quatre ministres avaient exercé la fonction en 12 mois. 2024 va même se terminer sur un symbole pour les profs : dirigés en janvier par un futur — devenu ex-Premier ministre, puis, en décembre, par une ancienne cheffe du gouvernement.

Comme l'avait annoncé La Tribune Dimanche, le rôle de l'ex-ministre des Transports, de la Transition écologique mais aussi du Travail pourrait être élargi à la Recherche et à l'Enseignement supérieur. Un vaste périmètre créé pour la première fois en 1995 lorsque… François Bayrou avait été nommé à ce poste par Alain Juppé.

Revoir la question des effectifs et des fermetures de classes 

Mais après avoir vadrouillé entre différentes responsabilités ministérielles depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir, quelle pourrait être la feuille de route de l'actuelle députée du Calvados pour l'éducation ? Lors de sa campagne pour être réélue à l'Assemblée nationale en juin dernier, la sexagénaire avait lâché, au cours d'un échange avec des habitants, rapporté par Le Monde, qu'"il y a un gros boulot à faire."

L'ex-locataire de Matignon suggérait notamment d'avoir "moins d'élèves par classe", jusqu'à un certain seuil. À l'occasion du débat de l'entre-deux-tours sur France 3 Normandie, elle avait ajusté son propos : "En même temps, quand il y a des classes avec trop peu d'élèves, ce n'est pas forcément mieux pour les enfants. Il y a un travail qui peut se faire pour avoir des regroupements de classes afin d'avoir la meilleure réponse pédagogique pour les élèves."

La question des effectifs avait déjà été abordée lorsqu'elle portait la casquette de cheffe du gouvernement. Il était alors question de revoir la méthode de fermeture des classes. "Aujourd'hui, elles sont annoncées quelques mois à l'avance. On veut pouvoir anticiper, partager en transparence avec les élus et avoir une approche sur plusieurs années, afin de trouver des réponses adaptées", indiquait-elle dans des propos publiés par la Banque des territoires.

Caution du "choc des savoirs"

En tant que Première ministre, Elisabeth Borne a surtout avalisé la mise en place du "choc des savoirs", lancé par Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation nationale. Objectif pluriel de ce dispositif : permettre aux enseignants de décider du redoublement d'un élève, créer des groupes de niveau en français et mathématiques en 6ᵉ et 5ᵉ, rendre obligatoire l'obtention du brevet pour passer en seconde ou encore mise en place d'une épreuve anticipée de sciences au bac. Il est aujourd'hui en suspens, le Conseil d'État ayant retoqué la mise en place des groupes de niveaux.

Lors de la cérémonie de passation de pouvoir entre Anne Genetet et Elisabeth Borne, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale a assuré que "les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, malgré les efforts des gouvernements successifs, malgré les lois votées, malgré les crédits importants accordés, malgré la conscience professionnelle de chacun, malgré les exhortations régulières pour faire de l'Éducation nationale la mère des batailles". "Nous devons faire mieux ", a-t-elle martelé.

Avant son retour au gouvernement, elle plaidait également pour développer les internats dans les lycées isolés, "pour que les jeunes ne soient pas contraints dans le choix de leur lycée par l'éloignement", et militait pour développer le dispositif "Territoires éducatifs ruraux". Celui-ci vise, dans les zones les plus isolées, à "lutter contre l'autocensure des élèves et leurs familles qui privilégient davantage une orientation de proximité géographique vers la voie professionnelle, et moins le passage en seconde générale et technologique."

Enfin, c'est sous sa direction que l'abaya a été interdit et le port de l'uniforme expérimenté, tout comme le remplacement de courte durée des professeurs par un autre du même établissement, rémunéré grâce au Pacte enseignant. Elisabeth Borne avait par ailleurs lancé un grand plan contre le harcèlement scolaire. Lors de la cérémonie de passation de pouvoir, elle a assuré vouloir "réparer les inégalités" et a rappelé sa "volonté farouche de lutter contre le déterminisme social", citant notamment son "engagement pour tous les jeunes et toutes les jeunes filles, afin qu'aucun plafond de verre ne vienne les freiner". La ministre a également fait part de sa volonté de lutter contre le harcèlement scolaire et pour le bien-être étudiant, avec notamment la stabilité financière, par des bourses, et la santé mentale.

La "formation des instits" dans ses projets 

À l'occasion de la campagne de juin 2024, Elisabeth Borne avait aussi plaidé pour "revoir la formation des instits", sans pour autant détailler une éventuelle feuille de route.

Reste à savoir, si elle est nommée, la marge de manœuvre dont elle disposera vis-à-vis de François Bayrou, alors que ce dernier avait refusé le poste de ministre de l'Éducation proposé par Gabriel Attal lorsque le trentenaire était devenu Premier ministre. Une "différence d'approche sur la méthode" avait cristallisé les tensions. Mais remettre en cause la méthode signifie-t-il remettre en cause les projets ? Pas sûr.