"Gauche du rien", "servilité"... Passe d'armes entre Mélenchon et Faure
Alors que le PS consent à discuter avec le gouvernement pour tenter de trouver un compromis sur le budget 2025, LFI voit là une trahison au programme du Nouveau front populaire.
Nouvel acte de la guerre intestine de la gauche. En cause ? La reprise des consultations sur le budget 2025 avec le gouvernement de François Bayrou. Le ministre de l'Economie, Eric Lombard, a invité les forces de l'opposition à l'exception du Rassemblement national (RN) a échangé sur le futur budget de l'Etat qui devra être examiné au Parlement sous peu. A gauche, tous les partis ont favorablement répondu à l'invitation, sauf les élus de La France insoumise (LFI) qui refusent de négocier avec l'exécutif. Si LFI a rejeté la main tendue du gouvernement, elle a vivement critiqué le fait que le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF) et les Ecologiques n'aient pas pris la même décision.
"Cette façon de négocier dans le dos du Nouveau Front populaire (NFP) et contre son programme est une forfaiture d'un irrespect total pour notre alliance", a fustigé Jean-Luc Mélenchon sur X dans la soirée du mercredi 8 janvier, après les rencontres du PS, du PCF et des Ecologistes avec le ministre de l'Economie. La maître à penser de LFI est allé jusqu'à dénoncer une "petite gauche traditionnelle [qui] n'a rien à offrir et ses négociateurs [...] juste ridicules de servilité".
La gauche du tout ou rien, c'est aujourd'hui la gauche du rien.
— Olivier Faure (@faureolivier) January 9, 2025
Je veux arracher des victoires pour les Françaises et infléchir la politique conduite depuis 7 ans par Emmanuel Macron. Je veux qu'il y ait dans les 30 prochains mois des changements dans le domaine de pic.twitter.com/OIbbwHerI9
Une critique acerbe qui n'a pas plu au patron du PS. En réponse, Olivier Faure a insisté sur l'inefficacité de la stratégie de LFI consistant à vouloir imposer "tout le programme, rien que le programme" du NFP au gouvernement. "La gauche du tout ou rien, c'est aujourd'hui la gauche du rien", a lâché le premier secrétaire du PS sur TF1, ce jeudi 9 janvier. "Moi, ce que je veux c'est arracher des victoires, faire en sorte que la politique conduite depuis sept ans puisse connaître une inflexion", ajoute le même insistant sur la nécessité de parvenir à un "compromis" sur plusieurs sujets, notamment sur la réforme des retraites.
Olivier Faure semble d'ailleurs croire qu'un compromis est possible : selon lui, Bercy n'a pas mis de "veto" sur le changement de l'âge de départ à la retrait, même s'il assure que "la discussion est extrêmement tendue". "C'est déjà un changement en soi, puisque jusqu'ici il y avait toujours une espèce de mur avec l'idée qu'on ne toucherait à rien. Là je sens que quelque chose s'est produit", explique le socialiste.
Discussions sur les retraites : "pas de véto" du gouvernement, selon @faureolivier qui précise que "c'est un changement en soi" même si la discussion "est extrêmement tendue"#BonjourLaMatinaleTF1 pic.twitter.com/omKejtVbCo
— TF1Info (@TF1Info) January 9, 2025
Des mises en garde et des reproches mutuels
Le PS, comme les autres forces de la gauche, défend depuis des mois l'abrogation de la réforme des retraites. Cette mesure reste un fondamental pour la gauche socialiste qui semble cependant prête à faire des efforts sur d'autres points, à la différence du LFI qui s'accroche au programme du NFP ne tolérant aucun écart. Les insoumis qui estiment être les seuls à rester fidèles au NFP mettent en garde le PS contre l'impopularité que pourrait leur coûter le fait de négocier, ou tout du moins d'échanger, avec le gouvernement. "Je commence à sentir le retour d'une détestation populaire du PS à un niveau post-Hollande. Olivier Faure a eu la chance d'avoir la Nupes, ça a permis au PS de revenir en manifestation. Attention, je les mets en garde, les sifflets pourraient revenir plus vite que prévus ", a ainsi prévenu le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.
"Nous ne cherchons rien d'autre que de satisfaire les Françaises et les Français", a assuré de son côté Olivier Faure au nom de son parti. Il reproche au contraire à LFI de se détourner des priorités à cause de "l'intransigeance" et de "l'obsession présidentielle" de Jean-Luc Mélenchon. Des mots qui de part et d'autres risquent d'aggraver la fracture entre les deux forces de gauche qui est de plus en plus visible ces dernières semaines.