Où sera la nouvelle prison de "haute sécurité" pour narcotrafiquants, voulue par Darmanin ?

Où sera la nouvelle prison de "haute sécurité" pour narcotrafiquants, voulue par Darmanin ? Gérard Darmanin promet que les "cent plus gros narcotrafiquants" détenus seront isolés dans "une prison de haute sécurité" à l'été. Où sera-t-elle ?

"On va montrer que quand on est en prison et qu'on est un narcotrafiquant on ne peut pas téléphoner et on ne peut pas avoir une vie agréable", a déclaré ce dimanche 12 janvier sur LCI le ministre de la Justice Gérard Darmanin. Fin décembre, il avait d'ores et déjà annoncé sa volonté d'isoler les cent plus gros narcotrafiquants dans une même prison, suscitant des réactions mitigées. Tandis que l'avocat au barreau d'Aix-en-Provence Me Julien Pinelli dénonçait sur Ici "un propos avant tout politique" aux critères de faisabilité douteux, le sénateur LR du Rhône évoquait une mesure "tout à fait réaliste". 

Mais qu'à cela ne tienne, Gérard Darmanin a décidé de poursuivre les "opérations Place nette", lancées courant 2024 pour porter un coup d'arrêt au trafic de drogue. Et d'accélérer sur son projet de nouvelle prison. "Nous allons prendre une prison française, on va la vider des personnes qui y sont et on y mettra, puisqu'on l'aura totalement isolée, totalement sécurisée avec des agents pénitentiaires particulièrement formés, anonymisés", les "cent plus gros narcotrafiquants", a développé le garde des Sceaux, sans préciser quel serait cet établissement pénitentiaire.

"Aujourd'hui on isole certains trafiquants parmi d'autres détenus et on voit bien que ça ne marche pas ce système, si j'ose dire, de mixité", s'est-il justifié, citant notamment les détenus qui peuvent téléphoner en prison. Pour éviter ce type d'échange, le ministère de la Justice indique à BFMTV qu'il y aura, par exemple, un système de brouillage qui empêchera les prisonniers de communiquer entre eux, des fouilles régulières ou encore de la lutte anti-drones autour de la prison.

"Un problème sécuritaire"

Un dispositif sécuritaire qui parait d'autant plus essentiel que les actes de violence dans les prisons se multiplient. En 2024, ils ont même coûté la vie d'un détenu de la prison des Baumettes à Marseille. La victime, âgée de 22 ans, aurait été égorgée par son codétenu à la suite d'une dispute. Les deux hommes avaient d'ailleurs été emprisonnés pour des faits liés au trafic de stupéfiants.

Considérant ces antécédents, Éric Fievez, de la CFDT Pénitentiaire estime que "mettre tous les détenus dangereux au même endroit va poser un problème sécuritaire". "Gendarmerie, police, forces pénitentiaires" devront être mobilisées pour "empêcher les accès", précise-t-il sur franceinfo. Malgré tout, Emmanuel Baudin, secrétaire général Force ouvrière Justice, reconnait des avancés. "Comme pour le terrorisme, on a toujours dit qu'il fallait des établissements spécifiques et non pas des quartiers spécifiques au sein d'un établissement", a-t-il réagi après l'annonce de Gérald Darmanin sur la radio publique. 

Un coût de "quelques millions" d'euros

Pour ce projet, Gérald Darmanin a dit avoir pour l'heure "deux prisons en tête". Même s'il n'a pour l'instant pas précisé quels établissements pourraient être concernés, le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais et le centre pénitentiaire d'Alençon-Condé-sur-Sarthe dans l'Orne répondent aux critères de sécurité selon une source syndicale à franceinfo.

Pour les remplir, "on va commencer par isoler les 100 premiers" plus grands narcotrafiquants, "puis on fera les 200 suivants, puis (de nouveau) les 200 suivants...", a-t-il expliqué. Cette liste a été établie par un travail conjoint entre les services de police, de gendarmerie et sur la base aussi des éléments du renseignement pénitentiaire, selon l'entourage du ministre joint par BFMTV.

En décembre, il évoquait une mesure nécessitant "quelques millions" d'euros de plus, en complément "d'une bonne organisation, du volontarisme et des fonctionnaires très engagés". Un optimisme qui n'évoque cependant pas les risques engendrés par la surpopulation carcérale. Au 1er novembre, ils étaient 80 130 détenus pour seulement 62 404 places places opérationnelles dans les prisons françaises selon des chiffres mis en ligne par le ministère de la justice, le mardi 31 décembre.