Macron pourrait recaser un de ses amis à un poste majeur, un stratagème secret et risqué

Macron pourrait recaser un de ses amis à un poste majeur, un stratagème secret et risqué Emmanuel Macron dévoile ce lundi 10 janvier 2025 le nom du successeur de Laurent Fabius comme président du Conseil constitutionnel. Le profil de Richard Ferrand revient avec insistance, un choix éminemment politique.

Le nom du futur président du Conseil constitutionnel sera annoncé par Emmanuel Macron ce lundi 10 février 2025. Le lauréat remplacera Laurent Fabius, en poste depuis neuf ans et nommé précédemment par François Hollande. Le successeur sera nommé jusqu'en 2034, bien après la fin du second mandat d'Emmanuel Macron comme chef de l'Etat. Preuve de l'importance capitale de son choix.

Après plusieurs hésitations. Il semblerait que le président se tourne vers Richard Ferrand. Ancien président de l'Assemblée nationale, il est l'un des plus proches fidèles d'Emmanuel Macron. Une fois annoncé, le choix du président doit être validé par les parlementaires au début du mois de mars (trois cinquièmes des parlementaires, députés et sénateurs, doivent valider ce choix), à la fin du mandat de Laurent Fabius.

Mais des voix s'élèvent déjà contre le possible choix d'Emmanuel Macron. En effet, si l'extrême droite ne semble rien avoir contre, malgré des doutes qui demandent à être levés, et que la droite reste plutôt silencieuse, certaines voix s'élèvent dans le camp présidentiel. "Le nommer reviendrait à l'extrême fragilisation du dernier flotteur de la République", souffle un proche du président, comme le rapporte Le Parisien. "Mettre un proche du président, c'est jeter la suspicion sur l'institution. C'est quasiment disqualifier son imperium".

Ferrand, oui, mais dans quel but ?

Ces doutes sont partagés par la gauche, et notamment la France insoumise qui émet une hypothèse. Et si Emmanuel Macron voulait nommer son ami à la tête du Conseil constitutionnel pour briguer un troisième mandat ? Une idée qui paraît difficile à réaliser, mais dont LFI commence croire : "La Constitution interdit de briguer un troisième mandat d'affilée, rappelle-t-on à LFI. Mais qu'en est-il si le mandat est interrompu ? Compte-t-il pour un mandat entier ? Ce sera aux Sages d'en décider."

Une hypothèse rappelée par le député Antoine Léaument (LFI) dans un message publié sur X : "Ferrand plaidait pour que Macron puisse faire un troisième mandat", évoquant ici une interview de l'ancien président de l'Assemblée nationale au Figaro dans laquelle il disait regretter "tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire". Il s'est ensuite expliqué à ce sujet en affirmant qu'il ne voulait pas "dire qu'il fallait changer des règles en vue de 2027, mais que d'une manière générale, il fallait permettre à notre démocratie de mieux respirer, en laissant en toutes circonstances le dernier mot aux électrices et électeurs".

Une autre hypothèse est possible, et peut-être plus crédible. Tout le monde l'a vu, l'extrême droite gagne du terrain dans les suffrages des Français à chaque élection. Il serait donc possible de voir arriver au pouvoir une Marine Le Pen ou un Jordan Bardella en 2027. La nomination d'un proche d'Emmanuel Macron tel que Richard Ferrand au Conseil constitutionnel, alors même que l'extrême droite ne se cache pas de vouloir réviser la Constitution, serait une assurance d'empêcher ces projets. En effet, l'extrême droit réclame, par exemple, un referendum sur l'immigration, mais ce n'est pas possible constitutionnellement. Alors, un président fidèle à Emmanuel Macron ne manquerait pas de le rappeler en cas d'arrivée du RN à la tête de l'État.

En plus, un hasard de calendrier rend cette nomination d'autant plus importante pour le Rassemblement national, comme le souligne Le Point. L'un des premiers sujets qui concernera le Conseil constitutionnel sera au sujet de l'application de l'inéligibilité à titre provisoire. Une question qui intéresse particulièrement Marine Le Pen étant en attente de la décision du tribunal à la suite de son procès. Richard Ferrand s'était opposé au durcissement des peines d'inéligibilité lors de la réforme constitutionnelle en 2018, qui n'a pas été menée à son terme, mais pourrait changer d'avis si cela prive la macronie d'une adversaire qui est allée deux fois jusqu'au second tour lors des dernières présidentielles.