Affaire Nestlé : de quoi est accusé Emmanuel Macron au juste ?

Affaire Nestlé : de quoi est accusé Emmanuel Macron au juste ? Selon la cellule investigation de Radio France et Le Monde, le groupe Nestlé serait parvenu à convaincre Matignon et l'Élysée de contourner la loi afin de pouvoir traiter illégalement ses eaux contaminées.

Il y a un an, quasiment jour pour jour, Le Monde et la cellule d'investigation de Radio France révélaient que plusieurs industriels, dont Nestlé, avaient eu recours durant des années à des systèmes de purification interdits. L'eau qu'ils puisaient était en effet contaminée. Pour Nestlé Waters, la division mondiale pour l'eau embouteillée du groupe Nestlé, ses sites du Gard, où est pompée l'eau de Perrier, et des Vosges, d'où sont tirées les eaux Hépar, Contrex et Vittel, sont concernés.

L'utilisation de microfiltration, de filtres UV ou encore de charbons actifs est pointée du doigt. Et pour cause, comme le rappelle Radio France dans son enquête, la réglementation française est très stricte : les eaux minérales naturelles (Perrier, Vittel, Evian) et les eaux de source (Cristaline), censées être protégées en théorie des risques de contamination et de pollution car pompées dans des nappes souterraines, ne peuvent que très faiblement être traitées. Exit donc les filtres UV ou à charbon.

Une "entente secrète"

Un an après ces révélations, Radio France et Le Monde persistent et signent en déclarant ce mardi 4 février que le groupe Nestlé serait parvenu à convaincre l'État français de contourner la loi. Or, les faits reprochés remontent aux années 2020, quand Emmanuel Macron occupait déjà le palais de l'Élysée. Notes ministérielles, mails, compte-rendu de visites d'inspection… De multiples documents permettent aujourd'hui aux deux médias de prouver l'existence de ce que Radio France n'hésite pas à qualifier "d'entente secrète".

Face à une opération de lobbying d'ampleur, lors de laquelle le groupe n'aurait pas manqué de menacer de supprimer de nombreux emplois en France, Nestlé serait parvenu à obtenir l'autorisation d'utiliser, aujourd'hui encore, des filtres non conformes. Une demande que le ministère de la Santé et la direction générale de la santé avaient pourtant qualifiée de "pas acceptable" auprès de Matignon.

Alors que Radio France ne cite que des notes adressées à des "collaborateurs" du président de la République ou la rencontre du "bras droit d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée", avec les dirigeants de Nestlé, sans faire état d'échange direct entre le chef de l'État et Nestlé, le principal intéressé s'est défendu de toute connivence avec le groupe. "Je ne suis pas au courant de ces choses-là. Il n'y a d'entente avec personne, il n'y a pas de connivence avec qui que ce soit", a assuré Emmanuel Macron ce mardi, en marge d'un déplacement à l'Institut Gustave-Roussy.