Trump veut s'accaparer Gaza : un doigt d'honneur au droit international, la France s'indigne
En présence du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le président des Etats-Unis Donald Trump a affirmé ce mardi 4 février vouloir "prendre le contrôle de la bande de Gaza". Une proposition qui pourrait "changer l'Histoire", a affirmé son homologue israélien. "Les Etats-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot", a précisé l'homme fort de l'Etat hébreu lors de leur conférence de presse.
Donald Trump a indiqué que les habitants de Gaza pourraient aller vivre en Jordanie ou en Egypte, alors que ces pays s'opposent fermement à l'accueil des Palestiniens et que ces derniers souhaitent désormais se réinstaller sur leur terre. Depuis le début de la trêve entre Israël et le Hamas à Gaza, plus d'un demi-million de Palestiniens ont déjà regagné le nord du territoire, particulièrement détruit par les combats.
Un plan "à long terme" pour développer économiquement Gaza
"Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n'ont pas explosé et de toutes les armes". Les Etats-Unis vont "aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits", pour développer économiquement le territoire palestinien a affirmé Trump ce mardi.
Le chef de l'Etat évoque un projet "à long terme" et assure que d'autres pays de la région ont "adoré" l'idée lorsqu'il leur en a parlé. "Ce n'est pas une décision prise à la légère" a-t-il répété, comme pour tenter de rassurer la communauté internationale.
Il avait déjà, récemment, déclenché un véritable tollé en proposant de "tout simplement faire le ménage" dans la bande de Gaza en transférant ses habitants dans des lieux "plus sûrs". Un dirigeant du Hamas, Sami Abu Zuhri, a fustigé les déclarations de Donald Trump sur le déplacement des Palestiniens, estimant qu'elles étaient une "recette pour créer le chaos" au Proche-Orient. Il faut "respecter les souhaits du peuple palestinien" de vivre à Gaza, a de son côté lancé l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour.
La "Côte d'Azur du Moyen-Orient"
S'il n'a pas donné d'autres détails sur la nature de son plan pour "prendre le contrôle de Gaza", Donald Trump doit recevoir dans la semaine le roi de Jordanie Abdallah II, et s'est déjà entretenu au téléphone avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour évoquer son projet.
Une chose est sûre, du moins en surface, les relations entre les Etats-Unis et Israël se portent bien. Trump est "le meilleur ami qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche" a salué Netanyahou. Il a affirmé qu'un accord de normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël allait "se faire". Ce que le ministère saoudien des Affaires étrangères a immédiatement démenti, illustrant le décalage entre le "couple" Trump-Netanyahou, et certains pays autour de Gaza. Par son souhait de main-mise américaine sur la bande de Gaza, Donald Trump l'a une nouvelle fois répété, il souhaite définitivement faire de l'enclave palestinienne la "Côte d'Azur du Moyen-Orient".
Le droit international bafoué
Avec ses déclarations, Donald Trump semble assez clairement s'asseoir sur le droit international. Ce dernier n'autorise pas les annexions et sacralise le "droit des peuples à disposer d'eux même". Autrement dit, la volonté partagée d'une population vivant sur un territoire occupé par une puissance étrangère, de s'en libérer et d'exercer elle-même le pouvoir sur ce territoire. En application de ce principe, le peuple en question dispose de divers moyens pour exercer son droit à disposer de lui-même : par la création d'un État souverain et indépendant, par l'association avec un État existant.
La Charte des Nations unies, signée en 1945 et codifiant les grands principes des relations internationales, reconnaît explicitement le "principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes" (article 1. 2). Plusieurs résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies - notamment la résolution 2625 (XXV) - réitèrent ce principe, auquel la Cour internationale de justice (CIJ) a conféré une portée s’imposant à tous les États, et donc, aux Etats-Unis et à Donald Trump.
Pour Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe sur RTS, le président américain "franchit" aujourd'hui "une ligne rouge que ses prédécesseurs n'avaient pas osé" franchir, celle de "la déportation forcée d'une population" qui est "un crime de guerre aux yeux du droit international", après son souhait affirmé de prendre le contrôle de la bande de Gaza et de déplacer les gazaouis en Jordanie ou en Egypte, par exemple.
La France a réagi officiellement, en rejetant l'option d'une annexion américaine et de tout "déplacement forcé" de la population palestinienne de Gaza, "qui constituerait une violation grave du droit international". "L’avenir de Gaza doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un État tiers mais dans le cadre d’un futur État palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne", a écrit la diplomatie française dans un communiqué.
16:03 - Le président palestinien dénonce "une violation grave du droit international"
"L'avenir de Gaza passe par un futur Etat palestinien" et non par le contrôle "d'un pays tiers", affirme ce mercredi le ministère des Affaires étrangères. De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas l'assure dans un communiqué : "Nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple". "Ces appels représentent une violation grave du droit international", abonde-t-il.
11:39 - La France s'oppose fortement aux propos de Donald Trump
La diplomatie française a pris le temps de rédiger un communiqué gardant un ton mesuré mais il est clair que Paris s'oppose fermement aux propos du président américain. "La France réitère son opposition à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, qui constituerait une violation grave du droit international, une atteinte aux aspirations légitimes des Palestiniens, mais aussi une entrave majeure à la solution à deux États", peut-on lire dans le document transmis à la presse. Le ministère des Affaires étrangères insiste sur la nécessité de parvenir à construire la paix en rejetant l'idée d'une annexion par les Etats-Unis, en rappelant le principe de droit fondamental du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. "L’avenir de Gaza doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un État tiers mais dans le cadre d’un futur État palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne".
10:45 - L'opposition israélienne salue "une pensée créative" de Trump
L'opposition de Benyamin Netanyahou n'apparaît pas non plus hostile aux déclarations de Donald Trump sur Gaza. Membre important de cette opposition israélienne, Benny Gantz voit en Donald Trump "un véritable ami d’Israël" et salue "une pensée créative, originale et intéressante qu’il faut examiner". Arye Dery, chef du parti ultraorthodoxe Shas et allié de Netanyahou, dit voir en Trump "un envoyé de Dieu".
10:32 - Une position "inacceptable" dénonce la Turquie
"La déclaration de Trump sur Gaza est inacceptable", a lancé le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, au cours d'un entretien avec l’agence de presse turque Anadolu. "Expulser (les Palestiniens) de Gaza est une question que ni nous, ni les pays de la région ne peuvent accepter. Il n’est même pas question d’en discuter", a-t-il martelé.
10:26 - La droite radicale israélienne salue la décision de Trump
Après avoir quitté le gouvernement par refus du cessez-le-feu à Gaza, le chef du petit parti suprémaciste "Force Juive", Itamar Ben-Gvir, a indiqué qu'il pourrait y remettre les pieds, depuis que Donald Trump a compris que "la seule solution pour Gaza est d’encourager sa population à émigrer". Bezalel Smotrich, leader du parti Sioniste Religieux a aussi salué la décision du président des Etats-Unis en citant un extrait du Psaume 126 : "L’Eternel a fait de grandes choses pour nous".
09:49 - L'organisation de libération de la Palestine (OLP) hausse le ton
L'organisation de libération de la Palestine (OLP) a rejeté mercredi tout projet de transfert "du peuple palestinien hors de sa patrie", après les annonces de Donald Trump. La direction palestinienne "affirme son rejet de tous les appels au déplacement du peuple palestinien hors de sa patrie. Ici nous sommes nés, ici nous avons vécu et ici nous resterons", indique Hussein Sheikh, secrétaire général de l'OLP.
09:36 - Le Hamas dénonce une "position raciste"
Le Hamas juge les propos de Trump "racistes" et alignés sur "l'extrême droite israélienne" après que ce dernier ait annoncé vouloir "prendre le contrôle" de la bande de Gaza. "La position raciste américaine s'aligne avec celle de l'extrême droite israélienne dans le déplacement de notre peuple et l'élimination de notre cause", a déclaré Abdel Latif al-Qanou, un porte-parole du mouvement islamiste palestinien.
09:33 - La Chine "opposée au transfert forcé des habitants de Gaza"
Ce mercredi 5 février, les mots de Donald Trump ont choqué jusqu'en Chine. En effet, le pays s'est dit opposé au déplacement "forcé" des Palestiniens de la bande de Gaza. "La Chine a toujours soutenu le fait qu'une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d'après-guerre de Gaza et nous sommes opposés au transfert forcé des habitants de Gaza", a lancé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian.
09:30 - Boris Vallaud déplore le "dérèglement mental" de Trump
L'annonce de Donald Trump sur Gaza est une "manifestation supplémentaire du dérèglement mental autant que politique du président Trump". Il est un "danger pour la stabilité du monde, un danger pour la paix au Proche-Orient, un danger pour le droit international", assure le chef de file des députés socialistes à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, ce mercredi sur France Info.
"Chacun sait que le seul chemin de paix, c'est la solution à deux États et que toute autre considération serait en effet un grand danger, une grande déstabilisation (...) Chacun doit bien prendre la mesure de la menace qui plane avec cette espèce de 'trumpisation' du débat public, mais aussi de 'trumpisation' de l'ordre mondial", conclut-il.