Richard Ferrand, président du Conseil constitutionnel, va-t-il aider Emmanuel Macron à se représenter en 2027 ?

Richard Ferrand, président du Conseil constitutionnel, va-t-il aider Emmanuel Macron à se représenter en 2027 ? Richard Ferrand, nouveau président du Conseil Constitutionnel, a précisé sa pensée sur la limite des mandats qui concerne la fonction de président.

Emmanuel Macron, comme chef de l'Etat, dispose d'une prérogative qui échappe à beaucoup de Français. Il a un droit de nomination sur le Conseil constitutionnel et a choisi son ami Richard Ferrand comme candidat à la présidence de cette institution majeure de la République. Cette candidature a été validée ce mercredi 19 février par les parlementaires, à une voix près. Richard Ferrand remplace donc Laurent Fabius à la tête du "conseil des sages" de la République.

Rappelons que le Conseil constitutionnel garantit, grâce au travail technique de ses membres, que les nouvelles lois adoptées par le Parlement, notamment sous l'impulsion du gouvernement, soient conformes à notre Constitution.

La personne qui préside le Conseil constitutionnel est donc investie d'une mission cruciale. Richard Ferrand qui occupe désormais cette fonction, sera évidemment très exposé aux critiques, du moins aux interrogations. La première concerne bien entendu sa proximité avec Emmanuel Macron ; les deux hommes n'ont jamais caché leur amitié. Dans une tribune publiée dans le Monde dimanche 9 février, les juristes et constitutionnalistes Dominique Chagnollaud et Jules Lepoutre jugeaient d'ailleurs que cette nomination était, si elle se confirmait, "emblématique d'une triste perception de nos gouvernants, qui font parfois des hautes nominations, sur lesquelles ils ont la main, un portefeuille de faveurs à distribuer à leurs proches sur des critères exclusifs de proximité politique".

"Je ne crois pas avoir une âme de valet", a balayé devant les parlementaires Richard Ferrand, lors de son audition, ajoutant, sur un ton plus solennel : "J'ai plutôt tendance à faire confiance à l'humanité. Je pense que ceux qui siègent là s'efforcent de se hisser au-dessus de leur condition intellectuelle [et] militante, pour faire [leur travail] le plus loyalement du monde et, dans le respect du serment prononcé, exercer les fonctions qui leur sont confiées".

Rappelons que Richard Ferrand avait eu quelques propos très étonnants sur notre Constitution, qu'il jugeait inconvenante sur un point précis. L'ancien député breton et président de l'Assemblée nationale avait en effet estimé, en juin 2023, que "la limitation du mandat présidentiel dans le temps et le non cumul des mandats" étaient regrettables. "À titre personnel, je regrette tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire", avait-il avancé. "Tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens. Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive." Et d'ajouter : "Changeons tout cela !"

De nombreuses personnalités de l'opposition avaient alors fustigé une proposition qu'elles décrivaient comme une manière de changer nos textes fondateurs pour permettre à Emmanuel Macron de se présenter pour un troisième mandat présidentiel consécutif.  "Et pourquoi pas restaurer l'Empire avec Macron 1er ?", avait notamment ironisé Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale.

Richard Ferrand avait dû démentir toute volonté autocratique, en précisant qu'il n'avait jamais pensé qu'une telle modification de la Constitution pouvait intervenir pour l'élection présidentielle de 2027. "Mon propos ne consistait pas à dire qu'il fallait changer des règles en vue de 2027, mais que d'une manière générale, il fallait permettre à notre démocratie, à mon avis, de respirer mieux en laissant en toute circonstance le dernier mot aux électrices et aux électeurs", avait-il précisé en 2023 sur Sud Radio.

Ce mercredi, devant les députés et sénateurs, il a répondu directement à la présidente du groupe LFI à l'Assemblée : "Je connais l'article six de notre Constitution et naturellement, il s'appliquera au président actuel comme il s'appliquera à d'autres, sauf modification, si le constituant que vous êtes le décide. Donc, je vous remercie madame Panot de m'avoir permis de tordre le cou, en effet, à ce qui n'a jamais été ma pensée ni mon désir".