"Un profond problème de démocratie" chez les Écologistes, Tondelier remise en cause en interne ?
Rien ne va plus chez les Écologistes. Les courriers courroucés pleuvent pour dénoncer un détournement des "statuts", favorisant l'éradication d'opposants capables de nuire aux ambitions présidentielles de Marine Tondelier. Au cœur de toutes ces tensions, la députée à l'incontournable veste verte fait "face à un mouvement de fronde interne jamais vu depuis sa prise de fonction, il y a deux ans", rapporte Politico.
Mais ce soulèvement a été précipité par un évènement antérieur. En préparant le congrès du parti prévu en avril, ses opposants ont pris conscience des conséquences d'une réforme adoptée l'an passé sous la houlette de la secrétaire nationale. Cette révision, destinée à simplifier les statuts du parti, avait déjà été contestée par certains écologistes à l'époque.
Un report de vote avait même été demandé par certaines voix, arguant du peu de temps accordé pour pouvoir examiner en détail ces nouveaux statuts. Si la réforme visait à simplifier une organisation alourdie par la coexistence de multiples motions, certains redoutaient qu'elle ne sacrifie le pluralisme interne sur l'autel de l'efficacité.
Quatre courants minoritaires mobilisés
Et pour cause : avec les nouveaux statuts, il n'y a plus qu'une motion unique au moment du congrès, avec des contributions par amendements. Depuis la mise en place de cette réforme - votée à 74% pour - le ou la secrétaire national(e) est élu(e) au scrutin majoritaire uninominal à deux tours, et non plus désigné(e) par des représentants élus, issus des différentes motions.
D'après les détracteurs, ce nouveau texte favoriserait le courant majoritaire et empêcheraient l'apparition d'opposants internes. Certains affirment d'ailleurs rencontrer des difficultés pour recueillir le nombre de signatures requis pour se présenter (2% des adhérents issus de cinq régions) ou pour défendre un texte de "contribution", relaie Politico. "C'est une façon d'éviter un nombre de contributions pléthorique", a rétorqué une proche de Tondelier contactée par le journal, qui reconnaissait que la "marche [était] un peu haute" pour les petites motions.
Mais les opposants ne comptent pas s'arrêter là. Pas moins de quatre courants minoritaires se sont mobilisés depuis jeudi. Les adhérents tendance Claire Desmares (membre du bureau exécutif d'EELV) ont même écrit une lettre aux militants pour dénoncer "un profond problème de démocratie" au sein du parti.
"Une dérive oligarchique"
Le mouvement devrait être rejoint par le député Jérémie Lordanoff et l'ex-eurodéputée Karima Delli, qui ambitionne de se présenter contre Marine Tondelier. La militante n'a d'ailleurs pas hésité a menacer de contester en justice la "légitimé du processus électoral", dans un courrier révélé par L'Opinion. Elle dénonce notamment "des procédés visant à entraver la sincérité du scrutin" pour conforter la cheffe des Écologistes sans qu'il existe de "véritable compétition électorale".
Le maire de Grenoble Éric Piolle estime quant à lui avoir fait les frais du nouveau fonctionnement, après avoir été évincé des boucles de la motion. Celui qui lorgnait le poste de porte-parole a en effet vu ses ambitions freinées par la présidente du parti au nom de "la diversité des profils". Pour l'Opinion, Marine Tondelier n'aurait pas voulu être "concurrencée par d'autres bons clients médiatiques assis sur un mandat d'élu local". Qu'à cela ne tienne, Éric Piolle a dénoncé dans un mail interne "une dérive oligarchique".
Face à ces critiques sans ambages, on tente de minimiser la crise du côté de la direction : "Les nouvelles règles doivent être appréhendées, c'est le premier congrès nouvelle version". À voir si cette offensive simultanée risque de contrarier la chevauchée médiatique de Marine Tondelier depuis la naissance du Nouveau front populaire (NFP).