Marine Tondelier : un contact avec Macron, le profil idéal pour être Première ministre ?
Sa veste verte est devenue la plus connue du paysage politique français, mais pas que. Marine Tondelier est elle aussi, devenue l'un des visages de la campagne pour les élections législatives et notamment pendant l'entre-deux-tours. La secrétaire nationale d'Europe-Écologie-Les Verts (EELV) apparaît désormais comme une vraie tête d'affiche pour le Nouveau Front populaire, l'union de la gauche victorieuse aux législatives devant la majorité présidentielle et le Rassemblement national. Depuis les résultats du premier tour, elle fait partie des principales voix qui s'étaient élevées en faveur de la création d'un front républicain face au risque d'une majorité absolue pour le RN.
"Sans sursaut politique, sans changer drastiquement les politiques qui sont menées (...) ça ne servira à rien de venir me chercher au secours" à l'élection présidentielle de 2027 "pour appeler au front républicain" a-t-elle prévenu, lundi 8 juillet dans l'Evènement sur France 2. Une manière pour la nordiste de s'affirmer alors que la gauche peine à se mettre d'accord pour faire émerger l'idée d'un Premier ministre consensuel et en faire la proposition à Emmanuel Macron dans les jours à venir.
Secrétaire nationale d'EELV et conseillère régionale des Hauts-de-France
Né en 1986 à Bois-Bernard dans le Pas-de-Calais, Marine Tondelier grandi à Hénin-Beaumont (désormais fief de Marine Le Pen). Fille d'un père médecin et d'une mère dentiste, diplômée de l'IEP de Lille et titulaire d'un Master en gestion des établissements de santé, elle entame sa carrière politique en 2009 en adhérant au parti Europe-Ecologie-Les Verts. En 2012, elle est candidate dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais aux élections législatives, elle obtient 1,63 % des voix. Lors des départementales de 2015, elle recueille 6,50 % des suffrages dans le canton d'Hénin-Beaumont avec Thierry Deneuville. C'est en 2019 que sa carrière politique va prendre un tournant. Elle est candidate en 74e position sur la liste d'EELV pour les élections européennes. Une liste conduite par Yannick Jadot qui parviendra à envoyer 13 députés au Parlement européen.
Au sein d'EELV, elle va gravir les échelons, jusqu'à devenir la collaboratrice parlementaire de Cécile Duflot, députée et ancienne ministre du logement de 2015 à 2017. Conseillère municipale d'Hénin-Beaumont depuis 2014, Marine Tondelier devient conseillère régionale des Hauts-deFrance en 2021. Elle est ensuite choisie par Yannick Jadot comme porte-parole de sa campagne pour l'élection présidentielle de 2022. La même année, elle est élue secrétaire nationale à la tête du bureau exécutif d'EELV. Avec Olivier Faure, Manuel Bompard et Fabien Roussel, elle fait partie des principaux initiateurs du Nouveau Front populaire, vainqueur des élections législatives anticipées 2024.
"En première ligne", Marine Tondelier se dit "prête à gouverner"
Au soir de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, Marine Tondelier a immédiatement appelé à "un rassemblement le plus large possible des forces progressistes. Après quatre jours de négociations, le Nouveau Front populaire voyait le jour pour le premier tour des élections législatives anticipées. Entreprenante et décidée, Marine Tondelier marque de son empreinte ce début de campagne. "C'est dans l'identité de Marine Tondelier d'être en première ligne contre l'extrême droite" déclarait notamment le sénateur socialiste de l'Oise Alexandre Ouizille à l'AFP.
Et cette quête du consensus, de la débrouillardise et de l'entre-aide, Marine Tondelier en a fait un de ses arguments principaux. "Il faudra sûrement faire des choses que personne n'a jamais faites auparavant dans ce pays" estimait-elle au micro de TF1 ce mardi. "Mais ce qui est sûr, c'est que ça doit se faire sur des bases politiques claires : la question c'est plutôt, pour quoi faire ? Que avec qui ?". Dès lors, plusieurs noms sont évoqués pour prendre la tête d'un nouveau gouvernement de gauche, dont beaucoup d'insoumis mais les autres partis comme le PS, les Ecologistes ou le PCF rejettent l'idée d'un chef du gouvernement issus de LFI et exigent que la personnalité désignée fasse "consensus", autre point positif pour l'écologiste Marine Tondelier.
Celle qui est également conseillère régionale des Hauts-de-France n'a pas non plus hésité à formuler clairement ses ambitions. Dans Libération, mercredi dernier, elle se disait "prête à gouverner". Une prise de position qui place la patronne d'EELV comme une sérieuse candidate au poste de Première ministre. "Elle a fait une excellente campagne. C'est même LA figure de l'entre-deux-tours. Elle est également consensuelle à gauche. C'est une écologiste, valeur aujourd'hui très partagée. Elle peut donc rassembler autour de ça. Elle n'est pas clivante, au contraire" déclarait Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste en conseil et communication dans La Montagne.
Le message de Marine Tondelier à Emmanuel Macron
Dimanche 7 juillet, La Tribune dévoilait une conversation entre le président de la République Emmanuel Macron et Marine Tondelierr sur les coups de 18h30, alors que les premiers sondages sortis des urnes venaient de tomber : "Vos responsabilités sont immenses. Il faut prendre des mesures claires de désistements de vos candidats arrivés en troisième position en cas de risque RN" lui écrit l'écologiste. "Je serai à la hauteur. Je sais quel rôle vous jouez dans le combat contre le RN" lui répond le chef de l'Etat en faisant allusion à son poste de conseillère municipale de la ville d'Hénin-Beaumont, où Marine Le Pen est élue député depuis 2017.
Le média révèle qu'Emmanuel Macron et Marine Tondelier ont a nouveau échangé, quelques jours plus tôt, concernant une circonscription dans laquelle un candidat de l'ex-majorité présidentielle refusait de se désister au profit du NFP. "Je m'en charge" lui aurait confié le président. Le candidat macroniste renoncera quelques heures plus tard. Preuve de la toute nouvelle stature politique de Marine Tondelier au niveau national. La nuit suivant le résultat du deuxième tour des législatives, Gabriel Attal et Stéphane Séjourné ont également souhaité échanger avec la patronne des Verts, comme ils ont pu le faire avec Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.
Ces échanges directs et francs avec le chef de l'Etat permettent de constater la relative position de force dans laquelle se trouve Marine Tondelier ou du moins, une considération certaine des décideurs politiques à son égard. D'autant plus, au vu des dernières déclarations de l'ex-porte-parole de la campagne présidentielle de Yannick Jadot. "Il n'y aura pas de Premier ministre macroniste par exemple. La coalition se construira autour d'un bloc républicain arrivé en tête, c'est à dire très vraisemblablement le Nouveau Front populaire" affirmait-elle dans les colonnes de Libération. Cette dernière n'a pas épargné le camp présidentiel après la victoire du NFP, déplorant son manque de courtoisie : "On ne peut pas en même temps perdre et dire qu'on a gagné (…) La logique institutionnelle lui eût dicté de décrocher son téléphone et d'appeler les chefs de parti du NFP pour leur demander le nom d'un premier ministre…" fustige-t-elle au sujet de Gérald Darmanin, après que ce dernier ait expliqué lundi que "personne n'a gagné" ces élections. Autre point de la discorde entre Ensemble et Marine Tondelier, "elle appartient au Nouveau Front populaire, ce serait donc une nomination difficile à accepter à droite" précise Philippe Moreau-Chevrolet, tout simplement. De quoi remettre en cause une éventuelle nomination à Matignon ? Réponse dans les prochains jours, voire les prochaines semaines.