Le réseau social X et Musk suspectés d'ingérence étrangère, plusieurs risques déjà identifiés en France
Une enquête a été ouverte contre X, le réseau social racheté par Elon Musk en avril 2022. Les dirigeants du réseau social sont suspectés d'avoir biaisé l'algorithme de la plateforme à des fins d'ingérence étrangère, a indiqué la procureure de Paris, vendredi 11 juillet. Après deux signalements, une enquête a été confiée à la gendarmerie nationale contre X en tant que personne morale et contre les "personnes physiques" qui dirigent le réseau social, a précisé Laure Beccuau, dans un communiqué cité par Le Parisien. Un signalement avait été effectué par Éric Bothorel, député Renaissance des Côtes-d'Armor. Il avait alerté sur les changements d'algorithme de X, mais aussi sur "les ingérences apparentes dans sa gestion depuis son acquisition par Elon Musk". Selon ce député, le réseau social offre moins de diversité de voix et d'options.
Éric Bothorel a aussi dénoncé un "manque de clarté quant aux critères qui ont conduit aux changements d'algorithmes et aux décisions de modération" et a souligné que les "interventions personnelles d'Elon Musk" constituaient "un véritable danger et une menace pour nos démocraties". Un second signalement a été effectué par un directeur de cybersécurité dans la fonction publique. Il avait noté "une modification majeure dans l'algorithme utilisé par la plate-forme X qui propose aujourd'hui énormément de contenus politiques haineux, racistes, anti-LGBT +, homophobes et qui visent donc à biaiser le débat démocratique en France".
L'enquête, confiée à la Direction générale de la Gendarmerie nationale, a été ouverte pour altération du fonctionnement et extraction frauduleuse d'un système de traitement automatisé des données en bande organisée. Dans le même temps, le réseau social est visé par une enquête de la Commission européenne, ouverte à la fin de l'année 2023 pour violation du Digital Services Act (DSA) entré en vigueur quelques mois plus tôt. Entre autres, les enquêteurs européens reprochaient à X d'avoir manipulé ses algorithmes pour favoriser des discours d'extrême droite, provenant en particulier d'Elon Musk, a rappelé L'Usine Digitale. L'Union européenne accuse également X de mener une politique non interventionniste sur la modération des contenus, ce qui conduirait à la propagation de contenus illégaux, anti-démocratiques et de désinformation.
Une enquête préliminaire avait été ouverte par Bruxelles contre X le 12 octobre, cinq jours après les attaques du Hamas en Israël. Elle portait sur des "fausses informations", des "contenus violents et à caractère terroriste" et un "discours de haine", a indiqué franceinfo. Aucune date limite n'est fixée pour l'enquête formelle ouverte en décembre 2023. Avec cette procédure, l'exécutif européen peut contraindre X à se conformer aux règles ou d'accepter des remèdes proposés par la plateforme. La législation européenne prévoit des amendes pouvant atteindre 6% du chiffre d'affaires mondial du réseau social.