Bayrou vers la démission : l'unique et peu probable scénario qui le maintient au pouvoir

Bayrou vers la démission : l'unique et peu probable scénario qui le maintient au pouvoir François Bayrou a annoncé se soumettre à un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre, mais un seul scénario lui permettrait de rester à Matignon.

Les jours de François Bayrou à Matignon sont comptés. En annonçant se soumettre à un vote de confiance avant de lancer les débats parlementaires sur le budget 2026 devant réaliser 44 milliards d'économie, le Premier ministre espérait faire l'effet d'un électrochoc. Il misait sur la crainte de l'instabilité qu'entraînerait la démission du gouvernement moins de deux mois avant le vote du budget, le souvenir de la crise vécue durant le passage de Michel Barnier à Matignon l'année dernière étant encore vif. Il capitalisait aussi sur la capacité des forces d'opposition à "se montrer responsables" pour éviter un scénario dramatique dépeint par ses soins en conférence de presse le lundi 25 août.

Un pari qui semble perdu. Dans les minutes et les heures suivant l'annonce de François Bayrou, toutes les forces d'opposition ont annoncé qu'elles voteront contre le gouvernement le 8 septembre. Si chaque parti s'en tient à ses déclarations, le vote de confiance se soldera par un renversement du Premier ministre avec 330 voix "contre" - celles du RN et de ses alliés ciottistes de l'UDR et celles de LFI, du PS, d'EELV et du PCF - et 210 voix "pour" grâce aux élus du camp présidentiel et de LR. 

François Bayrou n'a qu'une seule chance de voir son séjour à Matignon prolongé : que le RN décide de s'abstenir, plutôt que de voter contre le gouvernement. Dans ce cas, les voix "contre" passeraient à 192 (ou 207 avec les votes de l'UDR). La majorité reviendrait alors au bloc central et le chef du gouvernement pourrait poursuivre sa mission.

En cas d'abstention du RN, les votes d'un autre groupe d'élu deviendraient décisifs : ceux des députés Liot qui n'ont pas encore pris position. Si ces élus plutôt indépendants et centristes, mais plus souvent rangés du côté présidentiel, décident d'accorder leur confiance à François Bayrou alors le maintien du Premier ministre sera assuré. Si, au contraire, ils joignent leurs voix à celles de la gauche alors les votes contre le gouvernement seront plus nombreux : 215. L'avenir de François Bayrou pourrait aussi se jouer à quelques voix en cas de votes individuels des élus Liot.

Pourquoi l'abstention du RN est peu probable

Les réactions de Jordan Bardella et de Marine Le Pen après l'annonce de François Bayrou ont été limpides. "Jamais le RN ne votera la confiance à un gouvernement dont les choix font souffrir le peuple français" a écrit le président du parti d'extrême droite sur X estimant que le Premier ministre venait "d'annoncer la fin de son gouvernement". Un message qui laissait toutefois la porte ouverte à une abstention. Une option aussitôt écartée par la cheffe de file : "Nous voterons évidemment contre la confiance au gouvernement de François Bayrou".

Une annonce qui a douché les espoirs du camp présidentiel. "J'ai toujours pensé qu'elle voulait nous laisser faire le sale boulot", a réagi interloqué un proche du Premier ministre auprès de Politico. Le RN, qui n'a soutenu aucune motion de censure depuis la nomination de François Bayrou et réservait son jugement pour le budget 2026, jouait effectivement la carte de la raison depuis des mois assurant ne pas vouloir se rendre responsable d'une instabilité. Une stratégie qui touche à sa fin.

Le camp gouvernemental croise les doigts pour que les réactions hâtées de lundi soir soient réévaluées par les partis, notamment le RN, après un délai de réflexion. Il espère pouvoir négocier avec l'extrême droite qui de son côté ne semble rien attendre : "Il ne nous a rien donné pour le sauver", a glissé un pilier du groupe à Politico ajoutant ne pas voir "ce que [le Premier ministre] pourrait mettre dans la balance pour qu'on passe d'un vote contre à une abstention". François Bayrou a semble-t-il fait une erreur en ignorant une lettre envoyée par Marine Le Pen en juillet après la présentation du budget 2026. Mais il a envoyé des signaux au RN lors de sa conférence de presse en jugeant une réforme du mode de scrutin - c'est-à-dire l'instauration de la proportionnelle aux législatives, une revendication commune aux deux camps - "possible à court terme". Pas sûr que cela soit suffisant.