Effets secondaires des médicaments : les solutions du livre choc d'Irène Frachon
[Mis à jour le 7 mars à 10h13] Cinq après l'affaire du Mediator, bien peu de choses ont changé. C'est le malheureux constat fait par le docteur Irène Frachon, qui avait lancé l'alerte en 2011, Me Antoine Béguin et Jean-Christophe Brisard dans leur livre "Effets secondaires : le scandale français". D'après eux, les patients sont toujours sous-informés sur les risques des produits qu'ils avalent, en moyenne 48 boîtes de médicaments par an, rapporte Le Parisien qui a pu consulter l'ouvrage à paraître jeudi. Les auteurs proposent quatre solutions "liées les unes aux autres" afin de faire bouger les choses.
En premier lieu, ils en appellent à des essais plus transparents. Les tests sont en effet trop souvent menés par les laboratoires eux-mêmes, avec parfois des biais, et en grande partie à l'étranger. "On peut avoir écarté des résultats des patients, âgés par exemple, chez qui les effets secondaires étaient plus importants", explique Me Antoine Béguin au Parisien. Deuxième volet, des experts vraiment indépendants. Si la loi est intervenue pour briser le lien entre experts et industrie pharmaceutique, les médecins seraient aujourd'hui frileux à faire entendre leur voix contre un médicament alors que leurs recherches sont parfois financées par un laboratoire. Et les victimes auraient toujours des difficultés à obtenir gain de cause lors d'actions en justice.
Irène Frachon, Antoine Béguin et Jean-Christophe Brisard demandent justement que les victimes soient mieux traitées avec notamment la création d'un vrai fonds d'indemnisation financé par l'industrie pharmaceutique. Actuellement, c'est la solidarité nationale qui aide ceux touchés par les scandales liés aux médicaments. Ce nouveau fonds "rendrait les laboratoires solidaires responsables des effets indésirables graves, qu'ils aient été mentionnés sur une notice ou non", précise Me Antoine Béguin. Une meilleure information, c'est justement le dernier chantier qu'aimerait mener les auteurs du livre réquisitoire. Avec par exemple l'apposition de pictogrammes sur les boîtes de médicaments dangereux et des notices plus lisibles.
"A l'ère d'Internet et des réseaux sociaux, on ne peut pas continuer à soutenir, comme y pousse l'industrie pharmaceutique, que si les patients sont informés des risques, ils auront peur, cesseront leur traitement", avance au Parisien Irène Frachon. "Il faut pouvoir s'accrocher à une information loyale. Si on ne la leur donne pas, la méfiance des patients, qui iront la chercher ailleurs, risque de les pousser dans les bras d'obscurantistes de tout poil au discours délirant, comme on le voit actuellement pour la vaccination".
EN VIDEO - Comment éviter les effets secondaires des médicaments ?