Où se cachent les OGM ?

Où se cachent les OGM ? Maïs, soja, coton… Aujourd'hui, environ 12 % des terres agricoles de la planète sont cultivées avec des semences transgéniques et une trentaine de plants sont autorisés à l'importation en France. Mais où se cachent les OGM en bout de chaîne ?

A partir du vendredi 14 octobre 2016, un procès symbolique mais inédit débute à La Haye, aux Pays-Bas. Sous l'impulsion d'un collectif de juristes et d'ONG, le géant des OGM Monsanto devra répondre "d'écocide" pour l'ensemble de ses activités, menaçant, selon l'accusation, l'eau, les sols, l'air, la biodiversité et même l'humain. Parmi les griefs : la présence d'OGM, pour "organismes génétiquement modifiés", ou de leurs résidus dans notre cuisine ou notre salle de bain. S'ils ne sont pas autorisés à la culture en France, les OGM le sont à l'importation, ce qui explique qu'ils puissent se retrouver dans des produits alimentaires divers et variés, à commencer par les farines pour animaux d'élevage, jusqu'aux supports d'arômes, guère concernés par l'étiquetage réglementaire. A l'heure où les études scientifiques peinent à évaluer leur impact sur la santé humaine à long terme, voici dans quels aliments ou produits les OGM s'invitent clandestinement :

Les "nouveaux OGM"

On obtient les OGM classiques via la transgenèse, cette introduction du gène d'un autre organisme, par exemple celui d'une bactérie capable de tuer tel un insecte ravageur, dans le génome d'une plante. Un transfert génétique qui lui donne des super pouvoirs, à l'image du maïs de Monsanto sécrétant "naturellement" un insecticide anti-pyrale ou du celui tolérant à l'herbicide Roundup. Les nouveaux OGM, eux, sont issus de nouvelles techniques plus ciblées pour modifier le génome. Baptisés NPBT pour "New Plant Breeding Techniques", elles consistent en général en une mutagenèse. On provoque des mutations bien précises dans le génome de la plante avant de sélectionner les mutants les plus efficaces. A la clé, des produits alimentaires présentés comme résistants à la sécheresse ou encore plus vitaminés.
S'il s'agit bien d'organismes génétiquement modifiés comme les définit la directive européenne 2001-18, les chimistes arguent que leurs nouvelles manipulations sont de "simples" accélérations de la mutation naturelle des gènes des plants, qui pourraient "de toute façon" naturellement se produire.

Qu'en sera-t-il à l'avenir des autorisations de mise sur le marché de ces OGM "cachés" selon ses détracteurs ? Pour l'instant, la consigne de la Commission européenne aux Etats est "d'appliquer jusqu'à nouvel ordre la réglementation OGM à toutes les plantes issues des NPBT", a expliqué au Monde.fr Guy Kastler, de la Confédération paysanne. "Aujourd'hui, les directives [liées aux OGM] s'appliquent donc toujours, malgré le lobbying forcené de l'industrie qui souhaite qu'elles ne s'appliquent plus." Et la Commission européenne planche sur une adaptation de la loi. L'avis de cette institution est soumis à l'avis des Etats membres, qui dépend lui-même des travaux du Haut conseil des biotechnologies, un organisme d'expertise mis sur pied en 2009 et tournée vers les pouvoirs publics. En cas de désaccord, la décision sera prise par la Cours de justice de l'UE. Le principal risque pointé par les associations en cas d'absence de législation ? Une exemption d'étiquetage et une désinformation du consommateur.

>> Cliquez ici pour consulter les modalités d'étiquetage en vigueur pour les OGM traditionnels en Europe, expliquées sur le site du ministère de l'Economie et des finances