Ces ultra-riches sont prêts à tout pour devenir immortels
Prise d'hormones de croissance à l'âge adulte, transfusion de sang "de jeune", transfert de la conscience dans un autre organisme... Faire appel aux nouvelles technologies, jusqu'aux plus futuristes, pour vivre beaucoup plus longtemps, relève-t-il de la science-fiction ou du futur proche ? Des super-riches investissent déjà dans cette course contre la montre biologique. Pour en savoir plus sur leurs projets fous, cliquez sur l'image ci-dessous :
Pour Christophe de Jaeger, médecin physiologiste, directeur de l'Institut de médecine et de physiologie de la longévité à Paris et auteur de "Nous ne sommes plus faits pour vieillir", "la médecine régénérative va tenir un rôle de plus en plus majeur dans les années à venir. Cette nouvelle médecine va s'imposer dans notre environnement et va de plus en plus faire reculer ceux qui pensent qu'il ne s'agit que de fantaisie ou de science-fiction". Les milliardaires, comparés par l'écrivain et journaliste scientifique Jean-Paul Fritz à une future élite de "jeunes riches, vampires ou cyborgs", ne vont-ils toutefois pas un peu loin dans leurs visées transhumanistes ?
Vivre beaucoup plus longtemps, un luxe pas que pour les riches ?
D'après le docteur Christophe de Jaeger, spécialisé dans la physiologie de la longévité et récemment interrogé par Atlantico, chacun peut agir au quotidien pour se donner plus de chances d'atteindre un grand âge. Et ce, estime le praticien, avant l'avènement de la médecine régénérative et de ses cellules souches, ainsi que, probablement d'ici 25-30 ans, du "longévisme". Ce dernier terme désigne une "auto-réparation" de notre corps par une intervention directement sur le génome et donc sur l'interrupteur lançant le vieillissement de l'organisme dès 18-20 ans.
Mais de quelles actions parle de Jaeger ? "Nous avons déjà des techniques accessibles à tous et gratuites. Prenons un exemple : la restriction calorique. Elle a démontré à de multiples reprises son efficacité en terme de santé et de longévité chez les petits mammifères et son réel intérêt chez l'homme. On sait maintenant que la restriction calorique interfère naturellement dans le métabolisme cellulaire avec une enzyme mTOR (au même titre que certains médicaments très coûteux) et favorise l'expression d'une plus grande résistance cellulaire au vieillissement et aux maladies (...) donc une plus grande longévité. Qu'y a-t-il de moins cher que la restriction calorique ?" Selon le spécialiste, le vrai clivage à ce niveau d'action se situe pour le moment non pas entre les plus riches et les moins riches, mais surtout entre ceux qui, informés de la chose, "acceptent de le faire et en ont la volonté", et les autres.
Le vieillissement, un processus encore méconnu
Le vieillissement débute à 20 ans, mais reste sur certains aspects un mystère scientifique. "Nous ne savons pas si l'homme est une fleur ou une chaise" déclarait le biologiste Jean Rostand (1894-1977), signifiant par-là qu'une chaise bien entretenue se révèle potentiellement éternelle, quand une fleur porte en elle sa propre destruction programmée. Le scientifique et prospectiviste Joël de Rosnay décrit toutefois le processus du vieillissement découvert par deux chercheurs américains dans les années 60 comme "l'évolution des cellules qui, depuis le tout premier stade embryonnaire, se divisent et se spécialisent (...), [s]'agencent en tissus, puis au bout de cinquante divisions en moyenne, ne se multiplient plus. Elles semblent programmées pour s'arrêter, comme des bougies qui s'éteignent une fois leur mèche consumée. (...) à la fin des années 1980, on a trouvé cette "mèche" biologique. Ce sont des morceaux d'ADN (appelés "télomères"), situés en bout du filament du chromosome de la cellule. Chaque fois que la cellule se divise, un morceau de cette mèche est coupé par une enzyme. Quand il n'en reste plus, le processus s'arrête : la cellule ne se divise plus. Le tissu garde alors les mêmes cellules, il ne se régénère plus, il vieillit."
Quelques chiffres
Combien de temps peuvent vivre :
> Les êtres humains : Officiellement plus de 120 ans.
> Les plus vieux arbres du monde : Cinq millénaires.
> L'éponge de mer : Plusieurs milliers d'années.
> La palourde : Plus de 500 ans.
> Le requin du Groenland : Jusqu'à 400 ans (c'est l'animal vertébré à l'espérance de vie la plus élevée, connu à ce jour, d'après une étude scientifique publiée le 12 août 2016 dans la revue Science).
> Les tortues des Seychelles ou des Galapagos : Plus de 250 ans.
> L'oursin rouge géant : Plus de 200 ans.
> La baleine boréale : Plus de 100 ans.
N.B. : le homard ou la méduse turritopsis dohrnii sont scientifiquement dits immortels, car sans prédateurs ils se régénèrent éternellement.