Sugar Daddy : l'explication ubuesque du patron de RichMeetBeautiful

Sugar Daddy : l'explication ubuesque du patron de RichMeetBeautiful

SUGAR DADDY - La publicité qui fait polémique, invitant les étudiantes à trouver un "sugar daddy", est l'oeuvre du site RichMeetBeautiful. Pour sa défense, le PDG du site invoque de drôles d'arguments...

[Mis à jour le 26 octobre 2017 à 17h57] La polémique commence ce mercredi 25 octobre alors qu'un chariot mobile, tracté par une voiture, stationne devant l'université Paris Descartes, dans le VIe arrondissement de la capitale, avec un message assez clair affiché sur ses flancs : "Pas de prêt étudiant ? Sortez avec un Sugar daddy". L'affiche est vite photographiée et dénoncée sur les réseaux sociaux. Le message, vantant les mérites de la plateforme de rencontres RichMeetBeautiful.fr, s'adressait directement aux étudiantes vivant dans la précarité. Le nom du site est d'ailleurs assez explicite puisqu'il signifie "les riches à la rencontre des beautés". Le terme de "Sugar daddy", que l'on pourrait traduire par "papa gâteau" en français, n'est pas lui non plus anodin. Selon la définition du "Sugar daddy", il s'agit est un homme d'un certain âge, plutôt aisé, qui, en échange d'une relation avec une femme plus jeune, lui offre un certain confort matériel et financier.

Le patron de RichMeetBeautiful.fr, le Norvegien Sigurd Vedal, dément toute incitation à une certaine forme de proxénétisme et protège son site avec des arguments pour le moins surprenants... Ce jeudi, la voiture qui tractait le panneau publicitaire a été immobilisée à Paris, annonce la Préfecture de police. Les affiches ont été saisies par les autorités et le chauffeur auditionné mais sans avoir été placé en garde à vue. Le propriétaire du véhicule s'est vu infliger une contravention pour "affichage sur support non autorisé par arrêté préfectoral". 

"Certains aiment les roux ou les Asiatiques, d'autres aiment les riches"

Pratique venue des Etats-Unis, ce type de relation n'est pas clairement défini, mais peut déborder, évidemment, sur le terrain sexuel. La "Sugar Baby", le nom donné à la jeune femme se prêtant au jeu, peut devenir ni plus ni moins une prostituée aux yeux de la loi. Le site RichMeetBeautiful.fr est d'ailleurs assez explicite sur la question. "Le secret d'une relation réussie réside dans la capacité des deux parties à satisfaire mutuellement les besoins émotionnels et les désirs relationnels de l'un et l'autre. On ne vit qu'une fois !", prévient RichMeetBeautiful.fr qui promet aux Suggar Daddies que "1000 jeunes femmes magnifiques attendent leur mentor"... Ce site de rencontres très spéciales avait déjà fait polémique il y a peu de temps. En septembre dernier, RichMeetBeautiful avait vu ses affiches publicitaires retirées en Belgique. La justice belge avait ouvert une enquête qui avait mené à l'interdiction de la campagne de publicité du site dans les villes de Bruxelles et Louvain.

Sigurd Vedal, le PDG de RichMeetBeautiful.fr, a été contacté par la chaîne LCI et il dément les accusation d'incitation à la prostitution. Il assure qu'il s'agit d'un "site de rencontres comme les autres". Pour défendre le principe de son site et justifier la pratique de ces publicités osées, M. Vedal avance des arguments quelque peu hasardeux en invoquant pêle-mêle couleur de cheveux, nationalité et taille du compte en banque : "Certains aiment les roux ou les Asiatiques, d'autres aiment les riches. Il n'y a aucune loi qui dit qu'une femme ou un homme ne peut pas sortir avec un quelqu'un qui a de l'argent".

La fermeture de RichMeetBeautiful.fr demandée

La mairie de Paris a saisi le procureur de la République pour demander des poursuites contre le site Internet, la publicité mobile le vantant constituant selon elle une incitation à la prostitution. "J'ai saisi le procureur de la République et la plateforme de signalement Pharos" (qui permet de porter à la connaissance des autorités les contenus ou comportements illicites sur Internet) pour demander la fermeture du site RichMeetBeautiful.fr", a indiqué sur Twitter Hélène Bidard, adjointe PCF chargée de la lutte contre les discriminations de la maire PS de Paris Anne Hidalgo. "Outre le trouble à l'ordre public d'une publicité qui peut être vue par des mineurs, ce site est une violence faite aux femmes. Derrière ces images dorées, des jeunes peuvent tomber dans la prostitution", a-t-elle précisé à l'AFP. "Nous voulons une enquête qui pourrait amener à des poursuites pour proxénétisme", a ajouté l'élue parisienne. De son côté, Sigurd Vedal s'est dit s'est dit "ouvert à la critique" et "prêt à dialoguer avec la mairie de Paris".

Le gouvernement interpellé, Schiappa "saisie" et une pétition mise en ligne

Cette polémique n'a pas laissé de marbre les membres du gouvernement,  et en premier lieu Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes. Sur Sud Radio ce jeudi matin, elle a indiqué avoir été "saisie" par cette affaire, qu'elle juge "problématique". "Est-ce qu'il s'agit de rencontres consenties ou est-ce qu'il s'agit de proxénétisme et d'une forme d'incitation à la prostitution qui pourrait tomber sous le coup de la loi ? On est en train de regarder très précisément les aspects juridiques", a complété Marlène Schiappa.

Les élus EELV de Paris ont également demandé au gouvernement l'interdiction du site et de la publicité qui en est faite. Ce "site met en relation des personnes aisées avec des étudiant-es en situation de précarité. Au final, il n'est rien d'autre qu'un outil incitant à la prostitution et, comme plateforme se rémunérant sur les mises en relations, son rôle se rapproche de celui d'un proxénète", indique le président du groupe EELV David Belliard dans un courrier à Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement Supérieur, et à Marlène Schiappa. Le groupe note par ailleurs que "la création de cette plateforme est aussi le reflet d'un échec de notre société, celle de la précarité d'un trop grand nombre d'étudiant-es". La FAGE, principal syndicat étudiant, a de son côté annoncé vouloir porter plainte, estimant que "cette publicité a pour objet d'attirer les étudiant-e-s en situation de précarité (…) et de les inciter à accepter de se livrer à des actes sexuels avec des personnes plus âgées ". Une pétition a été mise en ligne pour demander l'interdiction de cette publicité, qui a déjà recueilli 1 500 signatures.