Barbie a 60 ans ! Retour sur son évolution physique en images

Barbie a 60 ans ! Retour sur son évolution physique en images Barbie a 60 ans ce 9 mars 2019. Vous pensiez bien la connaître ? Voici comment la poupée-mannequin, moins lisse qu'il n'y paraît, s'est transformée à travers les époques et les générations...

Poupée-mannequin la plus connue du monde mais aussi la plus controversée, Barbie fête ce 9 mars 2019 ses 60 ans, sans une ride ! Il s'en vend chaque année 58 millions d'exemplaires à travers plus de 150 pays selon l'AFP, et plus d'un milliard d'exemplaires a été écoulé depuis sa présentation au Salon du jouet de New-York, le 9 mars 1959. Créée par la femme d'affaires américaine Ruth Handler en 1959, Barbie a été commercialisée dans la foulée par la compagnie Mattel, fondée par le couple Handler et Harold Matson en 1945 et basée à El Segundo, en Californie. Et si on vous disait que Barbie est née d'une volonté féministe ? Vous auriez du mal à le croire, pas vrai ? Et pourtant... La "maman" de Barbie, Ruth Handler, décédée en 2016, a été à l'époque de sa création inspirée par les jeux de ses enfants. "Sa fille Barbara [dont le diminutif a donné Barbie, NDLR] n'avait qu'un choix limité de jouets : des poupons. Le seul rôle dans lequel elle pouvait se projeter était celui de maman, alors que son fils s'imaginait astronaute, cowboy ou pilote", explique Nathan Baynard, directeur mondial du marketing pour la poupée Barbie. D'où cette poupée adulte aux formes ultra-féminines pour "montrer aux petites filles qu'elles pouvaient devenir qui elles voulaient. En 1959, c'était une idée choc". Depuis, Barbie a dû se renouveler pour rester dans le coup...

SelonMarie-Françoise Hanquez-Maincent, titulaire d'un doctorat en civilisation américaine à Paris VIII et auteure d'une thèse intitulée "D'un bord à l'autre de l'Atlantique, la poupée Barbie : de l'objet ludique au symbole idéologique" (1997), "Barbie exprime les valeurs que la société américaine tient pour essentielles dans la réalisation de son destin : la richesse, la beauté et la popularité". De sa blondeur peroxydée à ses jambes interminables, en passant par sa taille de guêpe et son maquillage permanent, la poupée la plus célèbre du monde a souvent été soupçonnée de promouvoir chez les jeunes filles une image malsaine du corps et de l'apparence. À l'échelle humaine, les poupées Barbie devraient, pour être réalistes, posséder les mensurations de tour de poitrine/tour de taille/tour de hanches suivantes : 92-46-84. Mattel a attendu 56 ans pour sortir trois nouvelles versions du corps de la célèbre poupée, venant s'ajouter à la version classique du "corps de rêve" stéréotypé : ronde, petite et grande. Une hausse de 14% des ventes sera constatée cette année-là, relaie Madame Figaro.

Barbie, vecteur de stereotypes ?

D'après Kimberly Culmone, vice-présidente de la Barbie Global Creative et responsable du design, "le corps de Barbie n'a jamais été conçu pour être réaliste". Il a été imaginé "pour que les filles l'habillent et la déshabillent facilement", a-t-elle déclaré dans un entretien au site Fast Company, début 2014. Pourtant, une étude publiée en 2006 par un trio de chercheurs britanniques sur des fillettes de 5 à 8 ans a conclu que celles exposées à Barbie présentaient une vision moins favorable de leur physique, rapporte le JDD, et aspiraient également à un corps plus mince que d'autres fillettes non-exposées à la poupée mythique. "Nous pensons que nous avons la responsabilité envers les filles et les parents de refléter une vue plus large de la beauté", a expliqué Evelyn Mazzocco, vice-présidente et manager générale de la marque Barbie, au moment de la sortie de la Barbie "curvy", alias version ronde, en 2016. Un virage également pris pour stopper une forte érosion des ventes de la poupée depuis le début des années 2000.

"En 2018, le modèle le plus vendu était la fashionista 'ronde' aux cheveux rouges et au tee-shirt Girlpower", précise Lisa McKnight, vice-présidente de Mattel. De quoi changer le regard de ceux qui reprochent aux mensurations irréalistes de la poupée-mannequin d'alimenter les stéréotypes de genre ? En France, Barbie reste pourtant perçue de façon caricaturale. Pour Franck Mathais, responsable de Joué Club, "elle est toujours la blonde iconique la plus vendue et les nouveaux produits [Barbie ronde, petite, grande..., NDLR] permettent surtout de dynamiser la marque quand sa concurrente la Reine des neiges est numéro 1". Christelle Delarue, fondatrice de la première agence de pub féministe, baptisée Mad and Women, partage ce scepticisme auprès de Madame Figaro : "Ce Noël encore, les enfants se sont fait offrir la même Barbie dans son camping-car rose à piscine intégrée, où elle cuisine des œufs en talons qu'elle ne peut enlever. (...) On sent une prise de conscience, mais Mattel doit assumer pleinement son engagement et imaginer des campagnes publicitaires locales".