Vanessa Springora : sa première expérience sexuelle avec Gabriel Matzneff racontée dans son livre
"G. sera mon premier amant. Et si je suis ici allongée sur son lit, c'est bien pour cette raison. Alors pourquoi mon corps s'y refuse-t-il ? Pourquoi cette peur irrépressible ?". Dans "Le Consentement", Vanessa Springora revient sur l'un des moments les plus éprouvants de son existence, cet instant où Gabriel Matzneff lui a dérobé sa virginité alors qu'elle n'avait que 14 ans. La publication de l'ouvrage a généré un torrent de réactions et rouvert le débat sur l'âge de consentement sexuel des mineurs. Autrefois encensé pour son talent, Gabriel Matzneff est depuis quelques jours qualifié sans détours par de nombreux observateurs comme un pédophile, lui qui pendant des décennies bénéficiait d'une certaine impunité, alors qu'il avait publié des récits sans ambages de ses relations sexuelles avec des mineurs, parfois âgés de moins de 12 ans. Le parquet de Paris a d'ailleurs annoncé vendredi avoir ouvert une enquête préliminaire du chef de "viols commis sur la personne d'un mineur de 15 ans au préjudice, notamment, de Vanessa Springora" contre l'écrivain aujourd'hui octogénaire.
Vanessa Springora ne parle pas de viol dans son ouvrage, mais décrit comment elle s'est retrouvée sous l'emprise d'un homme de 36 ans son aîné. Page 54, son récit s'arrête sur l'instant où elle partage pour la première fois son lit avec Gabriel Matzneff. "De même que l'on doit se signer à coups d'eau bénite avant de franchir le seuil d'une église, posséder corps et âme une jeune fille ne se fait pas sans un certain sens du sacré, c'est-à-dire sans un rituel immuable. Une sodomie a ses règles, se prépare avec application, religieusement. G. me retourne sur le matelas, se met à lécher la moindre parcelle de mon corps, de haut en bas : nuque, épaules, dos, reins, fesses. Quelque chose comme ma présence au monde s'efface. Et tandis que sa langue vorace s'insinue en moi, mon esprit s'envole. Voilà comment je perds une première partie de ma virginité. Comme un petit garçon, me glisse-t-il dans un murmure".