Chemsex, drogue et relations sexuelles... Les dangers des "plans chems"
Sur les applis de rencontre apparaissent de plus en plus fréquemment les mentions "plan chems" mais aussi son opposé, le "no chems". Alors que signifie un "plan chems" ? Cette pratique sexuelle, souvent attribuée aux hommes homosexuels, combine drogue et relations sexuelles. Pourtant, selon une récente étude dont le Docteur Philippe Lack a participé, 15% des répondants déclarant pratiquer le chemsex sont des femmes et entre 5 et 6% de personnes se disant hétérosexuels masculins. "On voit qu'il y a une modification à la fois des pratiques, des consommations, des modes de consommation et des publics concernés" a précisé le docteur.
Que veut dire le terme "Chemsex" ?
Dans une interview au Figaro, Éric Caumes, infectiologue a expliqué que le ""chemsex" est une sexualité chimiquement assistée". Le chemsex est en effet un mélange des mots anglophones "Chemicals" (produits chimiques) et "Sex", désignant la consommation de substances pendant l'acte sexuel. L'intérêt pour les "chemsexeurs" est d'augmenter "le désir, le plaisir, les sensations" car les personnes qui sont adeptes de la pratique "espèrent se sentir plus performantes sexuellement en prenant des drogues", indique le site de prévention spécialisé Drogues Info Service.
Les drogues utilisées lors du "Chemsex"
L'individu qui est adepte de la pratique peut consommer diverses drogues qui ont pour facteur commun leurs effets "stimulants et euphorisants", comme les cathinones (4-MEC, 3-MMC, …), mais peuvent aussi être consommées de la cocaïne, méthamphétamine, ecstasy/MDMA, kétamine et du GHB souvent associé avec des produits pour favoriser l'érection mais aussi des poppers et de l'alcool a rapporté le site de prévention. Comme précisé dans un rapport rendu au ministère de la santé sur la pratique, il est indiqué que la prise de ces substances sert à faciliter et de prolonger la durée et l'intensité du rapport sexuel.
Une pratique dangereuse
Ce rapport -le "Rapport Chemsex"- publié par le ministère de la Santé en mars 2022, et supervisé par le Professeur Amine Benyamina, précise les conséquences que peut entraîner cette pratique sur la santé :
- L'utilisation des drogues par voie intra-nasale ou veineuse peut entraîner une augmentation des cas d'infections sexuellement transmissibles et de l'hépatite C ;
- Lors de la pratique, les drogues agissant sur la perception de ceux qui l'utilisent ont tendance à ne pas utiliser de préservatifs, ce qui augmente également le cas d'infection par IST, dont le VIH ;
- Le rapport mentionne également des impacts sur la santé mentales (dépression, addiction, paranoïa, isolement...) des "slameurs" (pratiquant du chemsex) ;
- Parmi les craintes des autorités sanitaires sont aussi mis en avant les risques psychiatriques ;
- De forts risques de dépendance sont aussi cités pouvant aussi entraîner des surdoses mortelles.
- Les risques de mélange de drogue
Dans une interview pour le média spécialisé Sexosafe, qui est un dispositif de Santé Publique France, Thibaut Jedrzejewsk, médecin spécialiste en matière d'addictions a développé sur les dangers encourus par cette pratique. Il y a selon l'expert plusieurs risques à mettre en avant, tout d'abord "un risque sur la santé sexuelle". Ces produits impactent la perception de la sexualité. Il y a également un danger physique, notamment "d'infection au VIH, à l'hépatite C, des conséquences liées à l'injection, qui peuvent dégrader les bras, abîmer les veines, créer des abcès, des infections locales, ou bien même jusque des infections du cœur" a prévenu le médecin.
Le médecin prévient aussi que les produits consommés accentue "la désinhibition" et entraîne un "surrisque de maladies sexuellement transmissibles". Comme l'a rapporté Konbini, certains évoquent même cette prolifération des "plans chems" comme étant "le deuxième sida". Johann Zarca auteur du roman Chems, a d'ailleurs précisé à Konbini que "il y a énormément de morts liées au chemsex, (...) il y a beaucoup d'overdoses, mais pas que, ça crée aussi des dégâts psychiques".
Des appels à agir lancés au gouvernement
Comme le rappel le média Têtu, "la prise de conscience par les autorités du problème sanitaire posé par le développement du chemsex – qui s'étend d'ailleurs aujourd'hui progressivement hors de la communauté gay – est insuffisante. Il est important, et urgent, de mettre en place, comme nous avons su le faire pour l'alcool, des politiques efficaces de prévention et de réduction des risques", a insisté le média.
Yann Botrel, élu local de la ville de Charly dans le Rhône et membre de l'association "Elus locaux contre le sida", a envoyé un courrier au ministre de la santé le jeudi 9 février 2023 pour demander au gouvernement d'agir, a rapporté France 3. Dans ce courrier, l'élu souhaite rappeler à l'exécutif l'importance du "rapport Chemsex" rendu au ministre de la Santé qui détaille les dangers de la pratique : "Je souhaite, à l'instar des associations des professionnels de santé et élus engagés de tous bords que ce rapport ne reste pas au placard", a-t-il écrit.
France 3 a également obtenu le témoignage d'un ancien adepte de la pratique, a décrit certaines de ces soirées. "Ça commence le vendredi soir, ça dure toute la nuit du vendredi et ça peut ensuite continuer le samedi, le dimanche (...) Ça dure, ça dure vraiment longtemps", s'est remémoré Benoit. C'est après un coma qu'il a décidé d'arrêté la pratique. "Au départ (...) ça paraît très joyeux, au fur et à mesure, (...) j'ai glissé vers la dépendance et au bout d'un moment, ça a eu un impact sur mon travail, sur mes relations avec ma famille", a t-il témoigné.
Le site de Sexosafe rattaché à Santé Publique France recense de nombreux conseils et liste des aides en cas de dépendance. De nombreux autres sites à l'instar de Playsafe existent également listant les dangers et associations pouvant aider les adeptes de la pratique.