Trottinettes électriques à Paris : le libre-service interdit, à quelle date ?
[Mis à jour le 3 avril à 7h35] Cinq ans après leur arrivée à Paris, les trottinettes électriques en libre-service vont disparaître des rues de la capitale. Ainsi en a décidé une minorité de Parisiens qui s'est rendue aux urnes dimanche 2 avril 2023 pour trancher l'avenir de ce service qui divise la population depuis son apparition en 2018. Parmi les 1,3 million d'électeurs autorisés à voter (correspondant au nombre de personnes inscrites sur les listes électorales à Paris), seuls 103 084 électeurs se sont déplacés pour s'exprimer sur la question, ce qui ne représente que 7,45% de participation. Ce sont particulièrement les opposants aux trottinettes Lime, Tier et Dott qui semblent s'être déplacés puisque le résultat a été sans appel : 89% des suffrages dépouillés ont représenté un vote "contre". Si cette votation citoyenne n'avait rien de directement décisionnaire, il s'agissait d'un vote consultatif dont le résultat serait suivi par la municipalité, quel qu'il soit.
Malgré une participation sous le seuil des 10%, Anne Hidalgo, maire PS de la Ville, a parlé d'une "victoire de la démocratie locale" et annoncé que les trottinettes électriques en libre-service seront donc progressivement retirées de la circulation. Les usagers auront encore du rab jusqu'à la fin de l'été : le 1er septembre 2023, plus aucune trottinette de ce type ne circulera dans Paris. En revanche, les trottinettes personnelles, classiques ou électriques, seront toujours autorisées. Le service proposé par les trois opérateurs était surtout critiqué en raison d'un usage jugé dangereux de ces moyens de déplacement, entre circulation sur les trottoirs, vitesse et stationnement anarchique. Le nombre d'accidents avait également poussé la municipalité à s'engager contre leur maintien, d'autant que l'aspect écologique de ces engins est remis en question.
Les trottinettes électriques en libre-service déjà interdites dans plusieurs villes
En votant contre la poursuite du service de trottinettes électriques en libre-service dans la ville, Paris n'est pas la première ville à interdire cette méthode d'utilisation de ces engins : Toulouse, Nice, Boulogne-Billancourt, Chaville, Issy-les-Moulineaux, Marnes-la-Coquette, Meudon, Sèvres, Vanves et Ville-d'Avray ont banni ce service. Ailleurs dans le monde, Barcelone, Madrid, New-York, San Francisco, Londres, Amsterdam ou encore Rome ont également pris des décisions similaires.
Un mode de transport vraiment écologique ?
Les trottinettes électriques concentrent autant d'agacement que de satisfaction. D'un côté, les pourfendeurs dénoncent une anarchie permanente ; de l'autre, les défenseurs vantent un moyen écologique permettant de se déplacer rapidement à travers la capitale. Sur le plan de l'anarchie, la municipalité avait déjà pris des arrêtés pour interdire le stationnement sur les trottoirs et contraindre les opérateurs à brider la vitesse dans le cœur de la ville.
Côté écologie, cet aspect est largement remis en cause. D'abord car la trottinette ne remplace pas la voiture mais les transports en commun : la grande majorité des usagers se déplace habituellement avec le métro, RER ou tramway. Pas de quoi donc faire baisser les émissions de CO2 de manière significative, notait Anne de Bortoli, chercheuse en "durabilité des transports" à l'École des Ponts ParisTech (ENPC), dans The Conversation, citée par Le Point.
Par ailleurs, elle ajoutait que "les émissions liées à une gestion de flotte entre Paris et la proche banlieue utilisant des vans diesel sont considérables. Certains gestionnaires sont passés à l'électrique, réduisant leur impact carbone, mais pas suffisamment pour rendre les trottinettes électriques plus performantes que les transports en commun ou les modes actifs."