"Je devais porter des couches, m'habiller en femme" : quand les majordomes sont humiliés par les ultrariches

"Je devais porter des couches, m'habiller en femme" : quand les majordomes sont humiliés par les ultrariches Si le métier de domestique chez les ultrariches est bien payé, il est aussi très dur selon plusieurs témoignages.

Le cliché d'une domestique en uniforme noir est loin d'être démodé. Il est même apprécié de certaines très grandes richesses qui ont à cœur de le respecter. Le quotidien des majordomes et autres personnels de maison est souvent un secret bien gardé. Mais les témoignages des petites mains donnent un aperçu de ce monde à part où le personnel côtoie le luxe tout en subissant des conditions de travail parfois humiliantes.

Serviteurs en chef des ultrariches, les majordomes s'occupent de tout, de la gestion des biens et des finances à la satisfaction des moindres caprices de leurs employeurs. Mais derrière le luxe et le glamour, se cache souvent un quotidien difficile, fait d'humiliations et d'abus de pouvoir.

Marc, 49 ans, est majordome depuis 17 ans ; il s'est confié à France Culture, dans un reportage d'Antoine Guirimand : "On est un simple servant, sans dire esclave, à la merci de son patron", explique-t-il. Son contrat le contraint à être célibataire, sans enfant et sans attache, mais ce ne sont pas les seules choses auxquelles il a dû renoncer : "Il faut être prêt à tout accepter, même les choses les plus humiliantes." En contrepartie, il bénéficie d'une rémunération très confortable de "120 à 160 000 euros par an" et cela "sans les à côtés" qui peuvent le gratifier d'un salaire de plus de "300 000 euros" par an.

"Mon patron et ses enfants n'avaient pas la même conception du monde qu'on a, nous, gens normaux. Parce que pour eux, une baguette de pain vaut 50 euros", a souligné cet ancien majordome d'un richissime client du Moyen-Orient. Son contrat s'est terminé de manière surprenante : "L'histoire s'est terminée lorsqu'un membre de ma famille a eu un problème de santé assez lourd. J'ai pris des vacances pour pouvoir me rendre à son chevet, mon patron l'a mal pris et a simplement décidé de me licencier, du jour au lendemain."

Des humiliations quotidiennes

Un homme appelé Damien, est également revenu sur son expérience dans ce milieu, dans le reportage du journaliste Antoine Guirimand. Ce domestique a été contraint de porter des couches pour ne pas avoir à quitter son poste pour aller aux toilettes, trop éloignées de son poste, et sur la demande expresse de son employeur. "Je me suis tout de suite dit que c'était un test, pour voir si j'étais prêt à accepter n'importe quoi. Sans réfléchir, j'ai accepté", a-t-il expliqué, avant d'ajouter : "C'est lorsque l'on fait le ménage toute la journée qu'on garde la couche. Les domestiques, nous n'avions pas le droit d'utiliser les toilettes de nos maîtres, donc lorsque nous avions une envie, il fallait traverser tout le château et monter dans nos chambres, ce qui était trop long pour eux. Ils voyaient ça comme une perte de temps, c'est pour cette raison qu'elle nous faisait porter des couches. Au début, il était hors de question que je l'utilise, et puis au bout d'un moment, on est forcément obligé. C'est une sensation qu'on n'oublie pas la première fois qu'on le fait".

Pour garder ce job, rémunéré 5000 euros - c'est plus que le salaire d'une femme pour le même poste -, il a dû accepter de se faire appeler Murielle et de porter une tenue de bonne : "Il s'agissait d'une jupe culotte avec un chemisier blanc et un gilet bleu marine." Quant au changement de prénom, il "était systématique pour les domestiques. Il s'agissait des prénoms des bonnes de plusieurs générations qui avaient été là avant moi : lorsqu'il y en a une qui part ou qui décède, on rebaptise la nouvelle par son prénom".

Il a également été témoin d'abus de pouvoir de la part de ses employeurs, qui se comportaient comme des tyrans avec leurs domestiques. "C'était une humiliation terrible", raconte-t-il. "Mais je n'avais pas le choix, j'avais besoin de l'argent." Damien a finalement quitté son poste pour retrouver une vie normale. Mais il garde un souvenir amer de cette expérience.