Du plomb dans Notre-Dame de Paris ? Pourquoi la reconstruction de la cathédrale à l'identique fait polémique ?

Du plomb dans Notre-Dame de Paris ? Pourquoi la reconstruction de la cathédrale à l'identique fait polémique ? Alors qu'Emmanuel Macron est en visite ce vendredi 8 décembre sur le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'utilisation du plomb dans la reconstruction de la flèche fait débat.

Nouvelle étape importante dans la reconstruction de Notre-Dame : la croix de la flèche de la cathédrale a été posée ce mercredi 6 décembre. Après l'incendie du 15 avril 2019, le chef de l'Etat avait exprimé sa volonté de reconstruire la cathédrale "à l'identique", ce qui implique une couverture et des ornements en plomb comme l'avait fait l'architecte du XIXe siècle, Viollet-le-Duc. La flèche devrait donc de nouveau être recouverte de plomb et le recouvrement doit débuter en 2024. Cette décision reste néanmoins très controversée.

Les risques posés par l'utilisation du plomb 

L'usage du plomb, matériaux bien connu pour sa toxicité, dans la reconstruction de Notre-Dame alarme les riverains ainsi que certains élus et les ONG. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) indique sur son site que "l'exposition au plomb peut avoir une incidence sur plusieurs systèmes de l'organisme et est particulièrement nocive pour les jeunes enfants et les femmes en âge de procréer". L'exposition à ce matériau peut entraîner de nombreux problèmes de santé comme des troubles digestifs, des lésions du système nerveux, un perturbation des reins, pour n'en citer que quelques-uns. L'OMS précise surtout qu'"il n'existe pas de concentration de plomb dans le sang qui soit sans danger."

Le risque sanitaire posé par le plomb est devenu tangible après l'incendie de la cathédrale en 2019 lorsque le matériau toxique s'était déposé sur les environs, mettant les riverains directement à son contact. Le principal risque pour les habitants au quotidien concerne le ruissellement. Dans un avis publié en janvier 2021, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) avait estimé que "la seule toiture de Notre-Dame (…) émettrait environ 21 kg de plomb par an (et deux tonnes par siècle) dans les eaux de ruissellement". Et la promesse faite par l'ancien responsable du chantier de Notre-Dame, Jean-Louis Georgelin, d'analyser les eaux de pluie avant qu'elles soient déversées dans la Seine n'avait pas beaucoup convaincu. Au micro de France Culture début décembre, Maxence Hecquard, président de l'association pour la défense du site et ses environs a dénoncé : "C'est très préoccupant pour les riverains parce que de temps en temps on voit passer des ouvriers habillés comme des cosmonautes pour éviter le plomb et à côté de ça nos enfants jouent dans la rue à côté. Il y a peu de communication officielle." La sénatrice écologiste de Paris Anne Souyris a de nouveau contesté au Sénat le 5 décembre l'utilisation de 400 tonnes de plomb pour la reconstruction et a appelé à l'interruption du chantier le temps de trouver une alternative.

Des alternatives possibles 

Parmi les alternatives envisageables, le cuivre semblerait être une bonne option car ce matériau a déjà été utilisé dans la rénovation d'autres cathédrales, notamment pour celle de Chartres. Une hypothèse soutenue par les architectes, comme Jean-Michel Wilmotte lorsqu'il confiait au micro de France Inter en 2019 qu'il existe "de nouveaux moyens, de nouvelles techniques. Nous ne sommes pas obligés de réutiliser le plomb, qui est un matériau très lourd".