Les photos chocs d'écoles qui se dégradent ont leur concours

Les photos chocs d'écoles qui se dégradent ont leur concours Les enseignants de ces écoles ont organisé une exposition "d'art urbain" au style très particulier.

Depuis plusieurs mois, le ministère de l'Education nationale est au cœur de l'actualité. Les scandales qui se sont succédés les uns après les autres à propos de la ministre Amélie Oudéa-Castéra lors de son rapide passage à la tête du ministère en janvier 2024 ont mis en exergue les problématiques du secteur de l'éducation. Le corps enseignant a rappelé ces derniers mois, notamment avec des épisodes de grève, les points les plus importants à rectifier. Parmi eux, se trouve l'attractivité du métier avec la difficulté de recruter des nouveaux enseignants et les salaires trop bas. Un problème qui a créé au fil du temps celui des classes trop nombreuses. Les professeurs demandent également plus de moyens financiers pour le bon fonctionnement des établissements scolaires, en particulier pour l'entretien de ces derniers...

Afin d'alerter sur des situations parfois extrêmes d'établissements scolaires dégradés, des enseignants de différents niveaux du département de Seine-Saint-Denis, en Ile-de-France, ont décidé d'organiser une exposition au thème bien particulier. Mercredi 6 mars, ces enseignants ont installé leur exposition photo pour le moins inhabituelle devant les locaux du conseil régional à Saint-Ouen. Les photos exposées pour cet évènement "d'art urbain" représentent les signes de délabrement des établissements où ils enseignent. Un projet né à partir du cahier de doléances rempli par des professeurs du département, à l'initiative de l'intersyndicale (CGT Éduc'action, CNT Éducation, FSU et Sud Éducation). 

Imprimées en grand format, les photos exposées révèlent des plafonds piqués de moisissures qui menacent de tomber, des fuites d'eau conséquentes dans les salles de classe ou encore des fissures dans les murs. Les images sont volontairement choquantes, afin d'inciter les collectivités territoriales et l'Etat à agir. Si les photos sont déjà très marquantes, les témoignages des enseignants recueillis par Télérama le sont tout autant. Les enseignants racontent leur quotidien dans ce "musée des horreurs des bâtiments de l'Éducation nationale de la Seine-Saint-Denis". Une professeure de mathématiques au collège Colonel-Fabien de Montreuil confie à Télérama : "Il y a des flaques d'eau dans les salles de classe dès qu'il pleut, et de l'eau marron coule en permanence du robinet. On nous dit que c'est lié à l'état de la tuyauterie, mais que nos élèves peuvent la boire…".

Une autre enseignante, documentaliste, raconte : "L'an dernier, nous avions un enfant allophone en fauteuil roulant, que les agents étaient obligés de porter dans les escaliers. Et après on nous parle d'école inclusive…" Elle explique également que les élèves victimes d'entorses ou avec une jambe cassée sont obligés de rester au CDI au rez-de-chaussée ou sont tout simplement incités à rentrer chez eux faute de pouvoir se rendre en classe. 

D'autres enseignants révèlent auprès de Télérama que les dégradations matérielles ne sont pas les seuls problèmes auxquels ils doivent faire face. La vétusté des établissements s'accompagne parfois de la présence de nuisibles. Une professeure d'histoire-géographie à Aulnay-sous-Bois raconte : "Entre le printemps et l'été 2023, des scarabées se sont mis à tomber par dizaines dans les cheveux des élèves." Une conseillère principale d'éducation du collège Simone-Veil de la même commune déclare : "La loge et le local de la vie scolaire, où se retrouvent les assistants d'éducation, sont même infestés de rats !"