Transidentité : qu'est-ce les "bloqueurs de puberté" et pourquoi LR s'en alarment-ils ?

Transidentité : qu'est-ce les "bloqueurs de puberté" et pourquoi LR s'en alarment-ils ? Les parlementaires français se penchent sur un texte visant à encadrer les transitions de genre des mineurs. Cela comporte notamment le contrôle strict des bloqueurs de puberté.

Ce mardi, le Sénat examine un texte porté par la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio. Il se concentre notamment sur l'interdiction pour les mineurs de l'accès aux traitements hormonaux ainsi qu'à la chirurgie de réassignation de genre. Les médecins qui prescriraient des hormones croisées ou réaliseraient de telles chirurgies s'exposeraient à une peine allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement, 30 000 euros d'amende et dix ans d'interdiction d'exercer. 

Un contrôle strict des prescriptions de "bloqueurs de puberté" est aussi envisagé. Il s'agit d'hormones de synthèse, permettant de suspendre le développement des caractères sexuels secondaires comme la poitrine, la voix, la pilosité... Si l'adolescent arrête le traitement, l'évolution pubertaire reprend son cours naturel. Les effets ne sont donc pas irréversibles. Cela permet aux jeunes "d'explorer leur identité de genre sans expérimenter les changements liés à la puberté qu'ils pourraient mal vivre", explique Annelou de Vries, psychiatre néerlandaise, comme le rapporte France 3. Aujourd'hui, les bloqueurs de puberté sont accessibles pour les patients qui sont au stade 2 de la puberté de Tanner, souvent aux alentours de 12 ans. 

Dans la proposition de loi, les prescriptions des bloqueurs de puberté deviendraient uniquement permises dans un cadre précis dans des "centres de référence pluridisciplinaires" et après un suivi médical d'au moins deux ans. Au départ, la proposition de loi visait à les interdire mais elle a rapidement été assouplie. "Un nombre croissant d'enfants et d'adolescents s'interrogent sur leur identité sexuelle. Il faut se poser les bonnes questions, pour ne pas accompagner trop tôt certains enfants vers des choses souvent irréversibles", s'est justifié l'auteure de la proposition de loi auprès de l'AFP.

Une proposition risquée ?

Ce texte ne fait pas l'unanimité et est jugé "transphobe" à gauche. "Ce texte part du principe que la transition est un problème, un danger, et que pour dissuader les gens de transitionner, il suffit de tout interdire", a alerté la socialiste Laurence Rossignol, comme le rapporte Le Monde. Claire Hédon, défenseure des droits, a estimé que cette proposition pourrait "porter atteinte aux droits et à l'intérêt supérieur des enfants", évoquant même des risques de suicide. Pour Maryse Rizza, présidente de l'association Grandir Trans, les bloqueurs de puberté ont, en effet, "sauvé la vie de son fils". Ce dernier avait multiplié les tentatives de suicide à l'arrivée de ses règles.

Un des problèmes soulevés est aussi que si la situation a été identifiée peu avant la puberté et qu'il faut attendre deux ans pour possiblement accéder aux bloqueurs, ce sera déjà trop tard. Pour les associations de défense de droits LGBT, c'est un véritable "retour en arrière".