Crise des agriculteurs : déjà des actions avant la mobilisation nationale, la colère monte
Les principaux syndicats agricoles appellent à la mobilisation à partir du 18 novembre sur l'ensemble du territoire. Des actions ont déjà eu lieu jeudi 14 et vendredi 15 novembre, notamment dans les Bouches-du-Rhône.
Crise des agriculteurs, acte 2. Plusieurs mois après des mobilisations conséquentes ayant bloqué des péages et des routes et près d'un an après le début de la crise agricole, les syndicats d'agriculteurs remettent le mouvement en marche. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, et celui des Jeunes Agriculteurs (JA), Pierrick Horel, ont appelé à la mobilisation des exploitants agricoles à partir du lundi 18 novembre avec des manifestations et des rassemblements organisés sur "l'ensemble du territoire".
"Notre objectif n'est pas d'ennuyer les Français", a tenu à préciser Arnaud Rousseau lors d'une conférence de presse le mercredi 13 novembre. Le syndicaliste a d'ailleurs promis des mobilisations "responsables" : "Malgré la frustration, la colère et le désespoir, il est essentiel qu'il n'y ait pas d'atteintes aux biens et aux personnes". "L'objectif n'est ni de bloquer [les Français], ni de les ennuyer, encore moins de les affamer", a répété le patron de la FNSEA, rappelant que la mobilisation doit permettre de se faire entendre du gouvernement. Il souhaite "faire pression sur les pouvoirs publics pour faire en sorte que nos revendications autour de la dignité de notre métier, des revenus, de la simplification de nos vies au quotidien et de la promotion de la souveraineté alimentaire soient entendues".
Des mobilisations "responsables"
Jeudi 14 novembre, des actions ont déjà eu lieu, notamment dans les Bouches-du-Rhône. La Coordination rurale a appelé les agriculteurs à la mobilisation. Ils ont bloqué la plateforme logistique du géant de la grande distribution, Lidl, avant de se rendre vendredi à Tarascon à l'appel de la FDSEA et des JA. Grâce à leurs tracteurs, ils ont déversé du fumier devant le centre des impôts. Ils ont également déposé des bottes de foin devant le palais de justice de Tarascon, avec le drapeau des Jeunes Agriculteurs hissé sur le fronton, rapporte France 3.
Ni la FNSEA, ni les JA n'ont appelé au blocage des routes et des péages comme cela avait été le cas en début d'année. Arnaud Rousseau a même écarté l'idée de "bloquer les autoroutes" sur France Inter, le mercredi 13 novembre. Les mobilisations prévues dans "tous les départements" devraient donc prendre d'autres formes au début du mouvement social.
Avant des actions plus radicales ?
De son côté, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, a promis "une révolte agricole" à compter du 19 novembre et a appelé les agriculteurs à manifester devant les préfectures ce jour-là. À l'issue de cette manifestation, le syndicat attend une "décision forte et immédiate de l'État", sans quoi elle met en garde contre des blocages du "fret alimentaire français" qui pourraient survenir dès le 20 novembre "afin de donner un avant-goût au gouvernement de ce que sera notre pays, demain, sans agriculteurs". La Coordination rurale des Pyrénées-Orientales a également promis de "bloquer la frontière avec l'Espagne ce mardi", à la grande barrière de péage du Boulou, sur l'A9, selon L'Indépendant.
"Nous bloquerons tous les camions dans le sens Espagne-France", explique Philippe Maydat, responsable de la Coordination rurale dans les Pyrénées-Orientales. "Nous filtrerons également les voitures dans ce même sens de circulation. Des membres de la Coordination rurale de l'Aude, de l'Hérault et certainement d'autres départements nous rejoindront. Nous voulons, une fois de plus, faire entendre la colère et la détresse des agriculteurs".
Des revendications et une opposition à l'accord avec le Mercosur
Les agriculteurs se montrent déçus des retombées politiques malgré les promesses faites par le gouvernement Attal, depuis remplacé par le gouvernement Barnier, après le premier acte de la crise agricole. Ils défendent d'ailleurs la même ligne avec des exigences similaires concernant la simplification des mesures visant les exploitations agricoles, la dignité des agriculteurs et leurs revenus, a précisé Pierrick Horel. Des attentes qui poussent les syndicats à s'opposer à l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (alliance économique d'Amérique du Sud) qui pourrait aboutir lors du G20 au Brésil les 18 et 19 novembre. La France est pourtant opposée à l'accord en l'état.