Mayotte : cette image d'avant et après le passage du cyclone démontre l'ampleur du désastre
"L'île est totalement dévastée", déplorait lundi soir en conférence de presse le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau. Et le ministre des Outre-mer de renchérir : "Aucun endroit n'a été épargné." Des propos que confirment les images satellites avant/après publiées par Maxar Technologies, témoins du passage dévastateur du cyclone Chido. Alors que le bilan provisoire est de 22 morts ce mardi et de plus de 1 300 blessés dont certains en urgence absolue, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, pronostiquait dès lundi "centaines de morts", voire "quelques milliers de morts".
Pour l'heure, difficile d'établir avec précision le bilan humain tant le chaos règne sur place : routes coupées, plus d'accès à l'eau ou à l'électricité… "L'habitat précaire, il n'y a plus rien. L'habitat moins précaire a beaucoup souffert", expliquait lundi encore Bruno Retailleau. Or, à Mayotte, pas moins d'un tiers de la population vit en habitat précaire, soit près de 100 000 personnes. Dans un rapport datant de 2017, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estimait qu'environ quatre habitations sur dix étaient en tôle sur l'île et ne disposaient pas de l'eau courante. "C'est du bois, de la tôle sur des collines en terre battue. Vous imaginez le vent qui vient s'engouffrer, plus la pluie qui crée des coulées de boue", explique Florent Vallée, le directeur de l'urgence et des opérations de la Croix-Rouge française à l'AFP, dont Le Monde se fait l'écho.
Outre la puissance des éléments, la précarité même de l'habitat à Mayotte a conduit à de tels dégâts, bien que les bâtiments les plus solides aient également souffert du passage de Chido, avec souvent des toitures arrachées. Pas moins de 60 000 m² de bâches doivent notamment être acheminées sur place pour pallier, le temps des réparations, aux toitures défaillantes. Désormais se pose aussi la question de la reconstruction des "bidonvilles" de cette île particulièrement sujette à l'immigration. "On veut une reconstruction qui soit durable, qui soit cohérente, qui soit solidaire, qui soit responsable. On ne peut pas envisager que Mayotte ait survécu pour repartir dans l'anarchie, que ce soit l'anarchie urbaine ou l'anarchie sociale", confiait ce mardi Estelle Youssouffa, députée LIOT de l'archipel, au micro de France Inter.