"Hystériques", "mal-embouchées" : au procès de Mazan, l'avocat d'un condamné se moque des féministes

"Hystériques", "mal-embouchées" : au procès de Mazan, l'avocat d'un condamné se moque des féministes Des tensions ont éclaté entre l'avocat d'un des accusés au procès des viols de Mazan et les militantes féministes venues soutenir Gisèle Pélicot et assister au verdict, ce jeudi 19 décembre.

Si le procès de Mazan s'est déroulé sans heurt malgré une atmosphère pesante tout au long des trois mois et demi d'audiences, il s'est terminé avec quelques tensions. Le verdict très attendu n'a pas satisfait tout le monde. Dominique Pélicot, jugé pour avoir drogué, violé et livré sa femme à d'autres agresseurs, et les 50 autres accusés ont tous été reconnus coupables. Mais ils ont été condamnés à des peines bien inférieures aux réquisitions qui avaient été formulées, à l'exception de Dominique Pélicot condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

Les autres peines prononcées vont de 15 ans de prison, pour les plus élevées, à 3 ans de prison dont 2 avec de sursis, contre des réquisitions qui, à une exception près, allaient de 18 à 10 ans d'emprisonnement minimum. Si ces condamnations ont déçu un grand nombre de militants et militantes féministes, elles ont satisfait plusieurs avocats de la défense. Et l'un d'eux, Maître Christophe Bruschi l'a fait savoir devant la foule de manifestants venus soutenir Gisèle Pélicot devant le palais de justice d'Avignon.

L'avocat, dont le client Joseph C. a écopé de la plus petite peine pour avoir agressé sexuellement et non violé Gisèle Pélicot, est allé montrer sa satisfaction au devant de la foule qui l'a hué. Un accueil auquel Me Bruschi a réagi en insultant les militantes. "J'ai un message de la part de mon client à toutes ces hystériques et ces mal-embouchées. Le message c'est 'merde' et avec le sourire !", a-t-il lancé. Qualifié de "honte pour la France" et insulté en retour, l'avocat a salué la foule d'un condescendant "allez les tricoteuses" en guise d'aurevoir.

Des propos qu'il a répétés, assumés et même justifiés quelques minutes plus tard devant les caméras. "Pendant la Révolution, les tricoteuses c'étaient des femmes assises en face de la guillotine qui attendaient que le couperet tombe", a-t-il déclaré soulignant le fait que les militantes souhaitaient des peines plus lourdes qui n'étaient, selon lui, pas justifiées. "J'ai fait mon travail. Vous trouvez ça normal que ces gens demandent 20 ans pour tout le monde alors que la plupart des gens, à part le mari, sont des pauvres personnes ?", a-t-il lancé aux caméra au sujet des peines. Et l'avocat de traiter à nouveau les militantes d'hystériques : "Regardez-les, ce sont des furies. J'accepte qu'on dise tout ce qu'on veut. La contradiction je l'accepte, mais avec le sourire et de manière non agressive". 

Une contradiction qu'il est allé chercher lui-même en s'adressant à la foule. Une forme de provocation que l'avocat ne reconnaît qu'à demi-mot avant de l'assumer face aux questions des journalistes : "C'est pas de la provocation, c'est la réalité. [...] Et à la rigueur provoquer ce genre de personnes ça ne me dérange absolument pas. On est là pour provoquer et provoquer le débat".

Il nie en revanche tout sous-entendu misogyne à l'utilisation de l'expression "tricoteuse" à l'issue d'un procès où la considération et le traitement de la femme était au cœur de l'affaire. "Je les ai appelé 'tricoteuses', mais [ça ne s'adressait] pas à toutes les femmes, loin s'en faut". Il ajoute au passage avoir salué Gisèle Pélicot et son courage dans un communiqué.

Les altercations entre Christophe Bruschi et les militantes féministes se sont répétées plus tard dans la matinée, seulement quelques minutes avant la sortie de Gisèle Pélicot. Cette dernière n'a pas longuement réagi aux condamnations disant "respecter la cour et la décision du verdict".