"Esclave de luxe" dans une secte, une ex-raélienne raconte des décennies d'exploitation et de violences sexuelles

"Esclave de luxe" dans une secte, une ex-raélienne raconte des décennies d'exploitation et de violences sexuelles Dans son livre "J'étais son esclave", Lydia Hadjara revient sur les vingt ans passés au sein de la secte des raéliens, marqués par des abus sexuels et d'autres formes de violence.

Endoctrinée à quatre ans, abusée sexuellement dès ses treize ans, esclave sexuelle du gourou dès sa majorité. La vie de Lydia Hadjara est traumatisée par son passage au sein de la secte des raéliens, dont les membres croient que les créateurs de l'Humanité viennent de l'espace. Dans son livre, J'étais son esclave (City Editions), paru mercredi 15 janvier, elle témoigne des sévices subis au sein du mouvement sectaire.

Lydia Hadjara a intégré le mouvement à quatre ans par le biais de sa mère. Et à neuf ans, elle est repérée par Raël, de son vrai nom Claude Vorilhon, considéré comme un "prophète" par ses fidèles. "Il m'a dit que je ressemblais à un Elohim [les extraterrestres vénérés par les membres de la secte] et qu'on serait amené à se revoir", a-t-elle confié à 20 Minutes. Et à treize ans, l'enfer commence : un responsable de la secte l'agresse sexuellement, assurant la préparer pour Raël. Le gourou ne cachait pas ses rapports sexuels avec des mineurs et assurait en 1988 qu'il est normal d'agresser sexuellement ou de violer les enfants pour leur "éducation sexuelle", rappelle Le Figaro

"Raël est machiavélique"

Et comme prévu par le gourou, à 18 ans, Lydia signe un contrat "qui indiquait que je n'avais le droit d'avoir des rapports sexuels qu'avec le prophète, et les Elohim quand ils viendraient sur Terre, que je n'avais pas le droit de me refuser à lui et que je ne pouvais pas parler à d'autres de mes moments intimes avec lui." Elle devient une "esclave de luxe", décrit-elle. Ménage, linge, cuisine… Elle doit également s'habiller comme Raël l'entend, perdre du poids quand il le demande, et assouvir ses désirs sexuels, quels qu'ils soient, se souvient-elle. Comme lorsqu'il lui enfonce une fourchette dans le vagin pour vérifier sa "dévotion". Elle réussit à s'enfuir en 2007 : elle avait 24 ans.

Ces vingt années au sein de la secte l'ont profondément marquée : dix-huit ans plus tard, la quadragénaire souffre d'une vie sentimentale et sexuelle "chaotiques". "Je suis encore très instable psychologiquement", confie celle qui est aujourd'hui mère de deux enfants. "Je veux montrer à quel point Raël est machiavélique." Car encore aujourd'hui, elle revoit "son regard malsain" : "Mes cauchemars sont tellement violents que je dois toucher le sol et les murs de ma chambre pour me ramener à la réalité."

Par son témoignage, Lydia Hadjara veut "faire comprendre aux victimes de mouvements sectaires qu'elles ne sont pas seules et que ce n'est pas à elles d'avoir honte. J'aimerais aussi expliquer aux gens ayant un proche dans une secte qu'il ne faut pas le lâcher. Si je peux sauver ne serait-ce qu'une seule personne, ce sera gagné", assure-t-elle au journal. Elle envisage par ailleurs de porter plainte contre Raël, qui est toujours en liberté. Il a quitté la France depuis 2003 après avoir été victime de persécutions, selon lui, relate Le Figaro. Il vit aujourd'hui depuis au Japon, non inquiété.