Les excuses des hommes pour expliquer l'inégale répartition des tâches ménagères

Les excuses des hommes pour expliquer l'inégale répartition des tâches ménagères Les femmes s'occupent toujours de plus de deux tiers des tâches ménagères, mais les hommes assurent ne pas être inactifs et usent de plusieurs arguments pour justifier leur moindre investissement.

La route est encore longue pour atteindre l'égalité entre les hommes et les femmes, et ce même au domicile. Selon l'Observatoire des inégalités, les femmes géraient 70% des tâches ménagères dans les années 80 et plus que de 40 ans après elles sont toujours en charge de 66% de ces tâches. Les hommes et pères de famille ne sont pas inactifs quand il s'agit de s'occuper de la maison, ou des enfants lorsqu'il y en a, certains disent même vouloir prioriser la vie familiale dans une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), dont le deuxième rapport est publié ce jeudi 23 janvier. Pourtant, on observe un net décalage entre la volonté exprimée et l'investissement réel des pères de famille interrogés.

L'inégale répartition du travail ménager est suggérée dès le choix fait par la majorité des hommes de ne pas réduire le temps alloué aux activités professionnelles. "Si les pères entrevoient cette option spontanément pour leur conjointe, décrivant son emploi comme plus flexible ou valorisant ses qualités maternelles et son souhait d'être plus présente auprès des enfants, rares sont ceux qui y pensent pour eux-mêmes", conclut l'étude qui confirme la tendance : sur les 49 hommes interrogés pour l'étude, seuls 4 sont en chômage et 3 en temps partiel, tous les autres travaillent à temps plein et n'envisagent pas de faire moins, préférant modifier leur organisation.

Un constat qui n'est pas sans importance puisque le travail est l'une des principales "excuses" utilisées par les hommes pour expliquer leur investissement, plus faible que celui des femmes, dans la gestion des tâches ménagères. Que ce soit par la durée des journées de travail, lorsqu'elles sont plus longues que celles de la conjointe, ou par des horaires tardifs incompatibles, plusieurs hommes avancent l'argument du manque de disponibilité dans l'étude : "Souvent, quand je rentre, ma compagne a commencé" à s'occuper des enfants ou à réaliser des tâches ménagères comme la cuisine, le ménage ou l'entretien du linge.

Et si le télétravail est devenu plus commun, il ne semble pas avoir eu de réels impacts sur la répartition des tâches, malgré une présence plus importantes des hommes à la maison. Plusieurs participants à l'étude reconnaissent que le télétravail permet de "donner un coup de main" ou "d'optimiser le temps", mais seulement pour des petites tâches comme faire une lessive ou passer l'aspirateur. Reste que beaucoup privilégient quand même le travail, sans faire davantage d'après les observations de l'étude. Laquelle ajoute qu'à la différence les femmes en télétravail ont tendance à voir leur part des tâches ménagères s'accroître.

Les hommes assurent s'occuper des "grosses" tâches ménagères

Si le travail agit comme un frein à l'investissement des hommes en semaine, ces derniers assurent se rattraper les week-ends, tant avec les enfants qu'avec les tâches ménagères. Et certains estiment s'occuper du "gros" du travail durant leurs jours de repos souligne l'étude de la Drees. "Moi, je fais beaucoup les grosses courses. Et ma femme va plutôt gérer les petites courses du quotidien", explique l'un, quand un autre indique faire "la grosse cuisine [pour tenir] un peu la semaine". Certains vont jusqu'à juger leur méthode plus efficace notamment au moment de faire le grand ménage : "Quand je fais le ménage, j'ai envie de commencer par les trucs qui sont hyper urgents. En fait, moi, je vais plutôt à l'essentiel, je fais par ordre de priorité. [Ma conjointe] a envie de faire le truc de fond en comble".

Une vision des choses qui traduit une rhétorique empruntant au code de la masculinité et loin d'être anodine selon la Drees : "Elle met en avant des activités aux effets décrits comme perceptibles, tandis que le travail domestique féminin est relégué dans la continuité des tâches plus invisibles". D'autant que tous les récits mentionnent le travail complémentaire, mais plus régulier, de la femme pour "faire le marché le week-end" ou "s'arrêter dans une supérette" pour un "petit" approvisionnement, pour "gérer un petit repas le soir" ou pour toutes les "petites" tâches comme l'entretien du linge.

Les hommes interrogés ne semblent pas vouloir minimiser l'implication de leur femme dans la gestion des tâches quotidiennes, mais plutôt affirmer la leur. Et comme pour justifier le décalage, beaucoup d'homme ont indiqué avoir des standards moins élevés que leur conjointe en termes de ménage. Des attentes différentes qui expliqueraient l'investissement plus important de la femme par rapport à celui d'un homme moins exigeant comme l'a résumé un participant à l'étude : "Elle, il faut que ce soit tout le temps nickel. Moi, je suis moins regardant là-dessus, mais je fais quand même. Elle va faire un peu plus que moi, je ne vous le cache pas".