Intrusion à Lyon 2 : quelle est cette association au cœur de la polémique ? Elle n'en est pas à son coup d'essai
Il y a de fortes tensions à l'université Lumière Lyon 2 (Rhône). Mardi 1er avril, un groupe d'élèves s'est introduit dans un amphithéâtre, pancarte à la main, et scandant "Racistes, sionistes, c'est vous les terroristes". La personne visée par cette action est un maître de conférences en géographie et spécialiste du Moyen-Orient de l'université, Fabrice Balanche. Les invectives contre lui n'avaient pas de rapport avec le cours qu'il donnait au moment des faits, mais avec le fait qu'il s'était opposé à l'organisation d'une soirée de rupture du jeûne du ramadan par des élèves au sein de l'université. Il a également confié à Cnews qu'il était ciblé en raison de son intervention politique sur "les attentats-suicides dans l'islam", dans le cadre d'une réunion universitaire en mars, pour laquelle il a été "accusé d'islamophobie".
À Lyon 2, le cours de Fabrice Balanche a été interrompu de force par lextrême-gauche sous les cris racistes, sionistes, cest vous les terroristes .
— UNI (@droiteuniv) April 1, 2025
Pourquoi ? Il sétait opposé à la rupture du jeune du ramadan au sein de luniversité.@univ_lyon2, rétablissez lordre. pic.twitter.com/yaPsfZCWtl
Des vidéos de cet événement ont été publiées sur les réseaux sociaux par des étudiants et d'autres associations étudiantes. On voit l'intervention des contestataires, applaudis par certains élèves, et on peut entendre des huées visant le professeur. Fabrice Balanche a affirmé au micro de Cnews qu'il était "dans le collimateur d'un groupe plus islamiste que gauchiste depuis plusieurs semaines" et a assuré que des étudiants pro-palestiniens "prospèraient dans l'université depuis le 7 octobre 2023", jour de l'attaque du Hamas contre Israël.
Pour le moment, aucune sanction n'a été prise contre des élèves ou associations étudiantes. Sur le réseau social Instagram, "Autonomes Lyon 2", qui se définit comme "un média militant indépendant de luttes et d'actions", revendique l'interruption du cours, mais cette information n'a pas été vérifiée, rapporte Le Parisien. Le syndicat étudiant de droite "Uni", de son côté, pointe du doigt le syndicat "Solidaires Étudiant-e-s", qui n'a pas encore répondu à ces accusations. Sur les réseaux sociaux, le syndicat avait dénoncé la décision du campus d'interdire la tenue d'un repas de rupture du jeûne, le 24 mars, et avait dénoncé un "usage raciste d'une laïcité à géométrie variable", à propos des repas de Noël organisés par le Crous.
Le syndicat étudiant déjà au cœur d'une autre polémique
En octobre 2023, le syndicat étudiant avait déjà été au centre d'une polémique sur fond de conflit israélo-palestinien. À l'occasion d'une conférence organisée par le Collectif 69 et Solidaires Étudiant-e-s, intitulée "Colonisation et apartheid israélien, quel avenir pour les Palestiniens ?", Mariam Abou Daqqa était invitée à participer pour témoigner de son expérience, habitant dans la bande de Gaza. Or, elle appartient au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation considérée comme terroriste par l'Union européenne, apprenait-on du Parisien.
Sa présence avait été dénoncée par Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) : "Mariam Abou Daqqa n'a pas sa place dans une table ronde sur un campus universitaire." Il expliquait que cette invitation ne cherchait pas "à faire vivre un dialogue nécessaire entre Israéliens et Palestiniens, mais bien à porter la haine et la division". Plusieurs députés de droite de l'époque avaient aussi exprimé leur réticence à sa présence.
Alors l'université avait demandé aux organisateurs de renoncer à l'inviter. Pour autant, l'entrée y étant libre, Mariam Abou Daqqa s'est bien rendue à la conférence et a témoigné de son expérience d'habitante de la bande de Gaza, lors d'un moment d'échange avec la salle. Une prise de parole qui a été particulièrement décriée, notamment par Yonathan Arfi, qui a assuré que "la présidente de l'université n'avait pas tenu ses engagements".