Le nombre de proches des Frères musulmans en France dévoilé dans un rapport... Macron ulcéré
Combien de musulmans proches des Frères musulmans compte vraiment la France ? La publication ce mardi 20 mai par Le Figaro de la version déclassifiée d'un rapport récemment remis au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, permet d'avoir une idée un peu plus précise et chiffrée de l'ampleur de ce mouvement tant décrié par la droite et l'extrême droite. Parmi les quelques 73 pages rédigées par le renseignement français, on apprend qu'"un total de 139 lieux de culte, affiliés aux Musulmans de France", qui ne serait autre que "la principale émanation des Frères [musulmans] en France" - ce que les principaux concernés réfutent -, sont aujourd'hui recensés dans le pays.
À cela, il faudrait également ajouter 68 lieux "considérés comme proches de la fédération, répartis sur 55 départements". On parlerait donc de 7% des 2 800 lieux de cultes musulmans à ce jour répertoriés sur le territoire national. Le rapport note toutefois qu'il s'agit de 10% de ceux qui ont été ouverts entre 2010 et 2020, précisant qu'il est ainsi question de 45 lieux sur 447. Quid du nombre de musulmans qui fréquentent ces endroits ? "La fréquentation globale des mosquées affiliées ou proches de la mouvance s'élève en moyenne à 91 000 fidèles le vendredi", soit le jour de la grande prière hebdomadaire chez les musulmans pratiquants.
Un noyau dur de 400 personnes environ
Comme le détaille encore Le Figaro, le rapport pointe une nette différence entre le nombre d'associations officiellement revendiquées par la fédération des Musulmans de France et le chiffre réel estimé par les renseignements. Selon eux, les Musulmans de France ne revendiquent que 53 associations alors que les "éléments réunis font toutefois état de 280 associations rattachées à la mouvance, opérant dans une multitude de secteurs encadrant la vie du musulman", que ce soit cultuel, mais aussi "caritatif, scolaire, professionnel, jeunesse ou encore financier". Le noyau dur de la mouvance serait quant à lui estimé par les "observateurs" à quelque 400 personnes. Il "n'excéderait pas, en tout état de cause, un maximum de 1 000 personnes", est-il rapporté.
Un rapport qui suscite la colère de Macron
Le rapport remis au ministre de l'Intérieur est censé rester confidentiel était le sujet central du Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) ce mardi 20 mai. Une réunion gouvernementale mouvementée selon les indiscrétions de la presse politique : Emmanuel Macron n'a pas apprécié la fuite du rapport sur les Frères musulmans dans les médias et l'a fait savoir à ses ministres. "Il a été assez raide" rapporte l'un d'eux au Parisien, quand un autre évoque un "rappel à l’ordre très, très, ferme". Une colère à double titre : son insatisfaction après les propositions jugées insuffisantes des ministres pour faire face à l'entrisme du groupe des Frères musulmans, et son agacement après la fuite du rapport qui devait rester confidentiel. Le CDSN devait décider de le publier ou non. Le ministre de l'Intérieur aurait été indirectement ciblé par le chef de l'Etat pour se deuxième point. "Ils sont ulcérés que Retailleau ait fait sortir le rapport avant le CDSN", analyse un député macroniste au Parisien.
Emmanuel Macron a donc "décidé la publication du rapport sur les Frères musulmans et l’islamisme politique en France" et "celle-ci sera effective d’ici la fin de la semaine" a fait savoir l'Elysée. Quant aux ministres, ils ont été enjoints à "formuler de nouvelles propositions qui seront examinées lors d’un prochain Conseil de défense au début du mois de juin" pour lutter contre la propagation de la mouvance frériste et "compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis".
22:31 - Une nouvelle version du rapport sur les Frères musulmans dévoilée d'ici la fin de semaine ?
Selon les informations du Figaro ce mercredi soir, Emmanuel Macron compterait rendre public une version moins censurée du rapport sur les Frères musulmans d'ici la fin de la semaine. Une version qui serait "peu expurgée d’éléments confidentiels", croit savoir le quotidien. Dans l'entourage du président de la République, on confie sur ce point : "Il faut nommer les choses."
21:02 - Prédication 2.0 et influenceurs
Toujours selon le rapport divulgué par Le Figaro, les Frères musulmans seraient très actifs sur les réseaux sociaux. Le rapport fait état de "prédication 2.0" et d'influenceurs très actifs. Ils seraient "souvent une première porte d’entrée dans la découverte de l’islam et sont devenus le lien entre les idéologies islamistes et les jeunes francophones européens", est-il pointé. Est dénombrée une vingtaine d'influenceurs "ayant un vrai impact sur les réseaux". Le rapport dénonce globalement un "activisme d’une nouvelle génération de prédicateurs" et s'alarme qu'il "constitue un facteur majeur de diffusion de l’islamisme via les réseaux sociaux, où ils rencontrent une large audience".
19:31 - "Le secteur éducatif" favorisé par l'entrisme des Frères musulmans
Le rapport sur les Frères musulmans révèle que "le secteur éducatif apparaît comme la priorité de la branche française" du mouvement pour grossir ses rangs. En septembre 2023, "21 établissements étaient identifiés comme liés à la mouvance “frériste” (18 directement et trois réputés proches)" pour un total 4e 4200 élèves reçus dans ces écoles. Le rapport attire notamment l'attention sur certains établissements dont le lycée Averroès à Lille dans lequel "des carences graves parmi les ressources pédagogiques mises à disposition des élèves" et la présence d’ouvrages au "contenu contraire aux valeurs républicaines" ont été repétés. Parmi ces contenus, des ouvrages signés par l’imam Iquioussen, d’obédience frériste, fiché S et expulsé vers le Maroc et "quarante hadiths de l’imam An-Nawawi" prônant "l’interdiction aux femmes de se mêler aux hommes et de se faire ausculter par un homme, la prohibition de l’apostasie sous peine de mort et la prééminence des lois divines sur toute autre". Le préfet a demandé le résiliation du contrat d'association entre l'établissement et l'Etat.
18:47 - Les propositions pour lutter contre l'entrisme des Frères musulmans insuffisantes selon Macron
Si Emmanuel Macron "n'était pas du tout content des fuites [sur le rapport concernant la mouvance des Frères musulmans] et l'a fait savoir" selon un participant au CDSN auprès de BFMTV, il était aussi en colère par l'impréparation des ministres. Il "a trouvé que la réunion n'avait pas été assez préparée par les ministres" ajoute la même source qui a assisté à la réunion. Plusieurs ministres étaient conviés autour du chef du gouvernement, François Bayrou, notamment ceux des Affaires étrangères, des Finances, ainsi que de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et des Sports, "trois secteurs particulièrement visés par cet entrisme par le bas", précise l'Élysée. Tous devaient venir avec des propositions pour lutter contre la propagation de la mouvance frériste et celles qui ont été présentées n'ont pas convaincu le chef de l'Etat. "Compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis, le président a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions qui seront examinées lors d’un prochain Conseil de défense au début du mois de juin" a fait savoir la présidence. Parmi les faits établis, le rapport évoque la mouvance des Frères musulmans comme une "menace pour la cohésion nationale".
18:20 - La colère de Macron après la fuite du rapport sur la mouvance des Frères musulmans en France
Emmanuel Macron s'est montré sec face aux membres du gouvernement lors du Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN), ce mercredi 21 mai. L'ordre du jour de la réunion était, entre autre, le rapport sur la mouvance des Frères musulmans en France, lequel a fuité la veille dans les médias. Une fuite qui a profondément agacé le chef de l'Etat. "Sur un sujet aussi grave, il faut faire les choses dans l’ordre", aurait fait comprendre Emmanuel Macron aux ministres, selon les dires d'un témoin au Parisien, un message surtout adressé à Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur. Le politique est soupçonné d'avoir orchestré la fuite pour faire monter le sujet avant le CDSN.
Après la fuite d'une version déclassifiée du rapport, l'Elysée a annoncé la décision du président de la République de publier le rapport "d’ici la fin de la semaine", dans une version moins censurée que la première.