Éléonore Pattery : qui est cette étudiante qui a lancé la pétition contre la loi Duplomb ?
"Aujourd'hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser." Les mots d'Éléonore Pattery ont trouvé un écho chez plus d'un million de signataires. Pour la première fois sous la Ve République, une pétition publiée sur le site de l'Assemblée nationale a dépassé le million de signatures. Celle d'Éléonore Pattery, lancée contre la loi Duplomb, a ainsi doublé son objectif initial de 500 000 soutiens.
Cet engouement relance le débat autour de cette loi adoptée le 9 juillet, qui autorise à nouveau l'usage de l'acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018 mais autorisé dans d'autres pays. Deux jours après l'adoption du texte, la jeune étudiante originaire de Bordeaux a lancé une pétition pour dénoncer cette loi, intitulée "Non à la loi Duplomb - Pour la santé, la sécurité, l'intelligence collective". Son nom ? Éléonore Pattery.
Ses objectifs affichés ? "L'abrogation immédiate" de la loi Duplomb, ainsi que la "révision démocratique des condition dans lesquelles elle a été adoptée" et la "consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l'agriculture, de l'écologie et du droit".
Depuis, les médias s'intéressent de près à la jeune femme de 23 ans. Mais Éléonore Pattery reste en retrait. Sur LinkedIn, elle a publié un message "à l'attention des médias, quel que soit leur format"
, indiquant qu'elle ne souhaite "pas communiquer publiquement pour l'instant".
Elle a appelé les entreprises de presse à ne pas essayer de contacter sa famille, ses amis, ses établissements scolaires ou son lieu de travail. "Si vous cherchez à comprendre le fond de cette mobilisation, commencez par donner la parole à celles et ceux qui sont compétents", justifie l'auteure de la pétition dans le même message, citant notamment "les scientifiques, les juristes en droit de l'environnement, les ONG, les agriculteurs, les enseignants, les spécialistes de la santé ou encore les citoyen·nes signataires qui sont contre cette loi (...)".
"Je ne suis pas indispensable à ce débat : l'opinion publique, les voix qui s'élèvent partout dans le pays, et par-delà, me représentent déjà très bien", a-t-elle écrit. Sur son profil LinkedIn, on apprend qu'Éléonore Pattery suit un master QSE/RSE (Qualité, Sécurité, Environnement et Responsabilité Sociétale des Entreprises) au Conservatoire national des arts et métiers. Elle est en alternance à la SNCF, où elle est apprentie manager. Elle est également diplômée d'un BUT Hygiène, Sécurité, Environnement obtenu à l'IUT de Bordeaux.
Dans le texte accompagnant sa pétition, elle écrit : "En tant que future professionnelle de la santé environnementale et de la responsabilité collective, j'apprends chaque jour à appliquer ce que vous – législateurs – refusez aujourd'hui de respecter vous-mêmes"
. Dans un autre post publié sur LinkedIn, elle indiquait ne pas être "là pour porter un simple message politique, économique ou écologique"
et n'être "affiliée à aucun parti"
. "Ce que je défends aujourd'hui, c'est la voix de la liberté. Il est urgent que nos décideurs sachent que nous ne sommes pas d'accord"
, ajoutait celle qui estime que "ne rien faire, c'est consentir"
. "J'ai longtemps eu peur du ridicule. Peur d'exprimer mon mécontentement. Mais cette peur, à force d'être tue, nous tue."
À présent, que va-t-il advenir de cette mobilisation ? Car au-delà des chiffres, le succès de la pétition pourrait bien avoir un impact institutionnel. Selon le règlement de l'Assemblée, si une pétition recueille au moins 500 000 signatures provenant de 30 départements ou collectivités d'outre-mer, la Conférence des présidents peut
organiser un débat en séance publique. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s'y est d'ailleurs dite favorable. Mais, cette étape ne garantit ni un vote, ni une abrogation de la loi Duplomb.