Blocages du 10 septembre 2025 : des actions nombreuses et "dures" ? La carte des mobilisations

Mathilde Georges

Blocages du 10 septembre 2025 : des actions nombreuses et "dures" ? La carte des mobilisations Les appels aux blocages et à la mobilisation du 10 septembre se précise. Les autorités ne s'attendent pas à un mouvement massif, mais anticipent des actions nombreuses "plutôt dures".

Alors que la date du 10 septembre approche, les appels à la mobilisation du collectif "Bloquons-Tout" se poursuivent. Des réunions préparatoires ont notamment lieu un peu partout en France ces derniers jours pour coordonner des actions diverses censées exprimer la colère contre le gouvernement et le projet budgétaire : rassemblements, blocages, actions de sabotage... Le ministère de l'Intérieur et les services de renseignements ne s'attendent pas à un "mouvement d'ampleur", mais la forme de certaines mobilisations pourrait conduire à des "actions spectaculaire" selon Bruno Retailleau.

Jusqu'à "100 000 personnes pourraient se mobiliser partout en France" selon les renseignements. Mais la participation pourrait être plus importante sous l'effet des soutiens apportés par certains syndicats, notamment la CGT et SUD, et d'une certaine convergence des luttes avec les militants anti-gouvernement et anti-président. Les renseignements ont également observé une mobilisation de la communauté LGBTQIA+ ainsi que des mouvances de gauche motivées par les appels à rejoindre le mouvement lancé par les élus insoumis, socialistes et écologistes. A contrario, le droite et l'extrême droite ne se sont pas associées au mouvement du 10 septembre.

La carte des mobilisations du 10 septembre 2025

Le mouvement du 10 septembre, structuré sur le site indignonsnous.fr, va consister en plusieurs actions menées par des collectifs locaux reposant "principalement sur des militants associatifs, politiques, certains notamment issus de la mouvance d’ultragauche et de certaines fractions syndicales", selon les renseignements territoriaux. L'organisation des mobilisations passe essentiellement par des messageries cryptées sur Telegram ou Signal "avec des canaux distincts pour chaque section locale" tous recensés sur une carte du site Indignons-nous et pas des rassemblements préparatoires comme ceux observés ces derniers jours.

Concernant les actions, elles sont multiples. Les appels aux blocages d'axes routiers, de ronds-points mais aussi de sites stratégiques en fonctions des localités se sont multipliés ces derniers jours. Parmi les cibles on retrouve le tunnel du Prado à Marseille, le périphérique de Rennes, le port du Havre et plusieurs raffineries du pays (et peut-être les rocades et périphériques d'autres villes françaises) et de nombreux ronds-points partout en France. Des actions qui ne sont pas sans rappeler celles des Gilets jaunes en novembre 2018. Outre les blocages, certaines actions appellent à des "barbecues revendicatifs" devant des sites institutionnels comme à Lille qui organiser un banquet militant devant le Centre financier.

La mobilisation du 10 septembre doit aussi passer par des actions peu quantifiables ou visibles rattachées à l'appel au boycott lancé par le mouvement "Bloquons tout" : l'arrêt de l'utilisation des cartes bancaires pour cibler les banques, des opérations "péages gratuits" sur les routes et "chariots gratuits" ou désertion dans les grandes surfaces. Un boycott auquel s'ajoute des appels à la désobéissance civile, mais aussi de nombreuses manifestations. Si les renseignements s'attendent davantage à des actions de blocages qu'à des manifestations traditionnelles sur la voie publique "peu prisées des contestataires", plusieurs dizaines de villes voient des appels aux rassemblements s'organiser. Une carte des mobilisations recense une bonne partie de ces manifestations. "Des actions se préparent "en tous points du territoire, dans les villages comme dans les grandes agglomérations" d'après les renseignements. 

Les manifestations du 10 septembre pourraient être plus suivies que les actions de blocage, car si le mouvement bénéficie du soutien des citoyens selon un sondage Toluna-Harris Interactive pour RTL publié vendredi 22 août, ils sont une majorité à préférer "des manifestations pour protester contre le budget du gouvernement". Si 63 % des sondés disent adhérer au mouvement, ils sont 58 % à être favorables à "bloquer le pays" le 10 septembre et 70 % à privilégier les rassemblements traditionnels.

Le plan anti débordements de Retailleau pour le 10 septembre

Face à cette mobilisation soutenue par des mouvances hétéroclites et dénuée de "leadership clairement identifié", les autorités redoutent que "l’absence de coordination structurée" conduis à des débordements. "L’absence de canalisation majore le risque d’actions par des groupes radicaux et violents", préviennent-ils. Le ministère de l'Intérieur a donc pris des mesures pour encadrer le mouvement du 10 septembre et a adressé une note que Le Figaro a pu consulter - leur indiquant la "conduite à tenir face à de potentiels troubles à l’ordre public" : "Toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation devra être entravée en amont et le cas échéant faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs", annonce le locataire de la place Beauvau. En cas de dégradation de bâtiments publics, Bruno Retailleau promet une "interpellation systématique" pour "les présenter à l’autorité judiciaire".

Le ministre a listé des zones devant être particulièrement surveillées : "les gares, ports, aéroports, transports en commun, axes routiers structurants, les dépôts pétroliers, plateformes logistiques, les centrales électriques, les usines d’incinération de déchets ou les sites de traitement des eaux, ainsi que les principaux centres d’approvisionnement du pays tels que le marché d’intérêt national de Rungis". Des équipements comme les radars routiers, ou certains sites susceptibles "d’incarner le capitalisme" feront aussi l'objet d'attention particulière. La mission est annoncée : "quadrillage de la voie publique" et "maîtrise des points stratégiques identifiés par les services de renseignement" pour intervenir rapidement.

Dernières mises à jour

11:09 - Plusieurs types d'actions attendues en Ile-de-France

Des actions nombreuses et variées sont attendues en Ile-de-France pour la journée du 10 septembre a indiqué le préfet de police : "quelques manifestations" certaines déclarées et d'autres non, des rassemblements sur la place de la République et la place des Fêtes, mais aussi des blocages. Concernant les manifestations, "certaines seront interdites car elles auront lieu dans des endroits où il n'y a jamais eu de manifestations", a précisé Laurent Nuñez sur BFMTV-RMC. Quant aux blocages, ils sont plus difficile à prévoir, mais "le périphérique semble très ciblé" de même que "les dépôts d’hydrocarbures, les gares, les aéroports..." Sur ces cites, les autorités s'attendent à des actions "coup de poing" comme des sabotages visant les transports publics. Cette méthode consistant à une multitude d'actions est susceptibles d'être utilisées dans d'autres grandes villes de France.

10:17 - Deux sources de craintes en marge de la mobilisation du 10 septembre

Les autorités ont "un certain nombre de craintes" concernant la journée du 10 septembre et les mobilisations. Ces craintes tiennent à "deux choses" selon le préfet de police de Paris Laurent Nuñez interrogé sur BFMTV-RMC : "C’est un mouvement qui n’a pas réellement d’organisateurs, c'est un appel général avec une multitude d'actions mais pas d'interlocuteur pour les pouvoirs publics" et "on voit que l'appel a été repris par les mouvances d'ultragauche et d'extrême gauche qui appellent à des actions plutôt dures". Ces appels sont susceptibles de mobiliser des personnes "déterminées dans la réalisation d'actions violentes".

08/09/25 - 23:46 - Le trafic aérien perturbé lors de la journée de mobilisation du 10 septembre

Le trafic aérien risque d’être compliqué mercredi 10 septembre lors de la journée de mobilisation, aussi nommée “Bloquons-Tout”. Ce sera particulièrement vrai dans les aéroports du sud de la France. Ainsi, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a annoncé un trafic aérien "perturbé" en fin de journée dans plusieurs aéroports, comme ceux de Marseille, de Nice, et plusieurs autres en Corse.

08/09/25 - 22:35 - "Aucun blocage, aucune violence" ne seront tolérés, a indiqué Bruno Retailleau

Invité sur France 2, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué ce lundi 8 septembre que "80 000 gendarmes et policiers" seront mobilisés sur le terrain ce mercredi. "On ne tolérera aucun blocage, aucune violence", a ajouté le ministre de l’Intérieur au 20 Heures de la chaîne de service public. Le matin du mardi 9 septembre, Bruno Retailleau devrait réunir l'ensemble des préfets pour évoquer la journée de mobilisation du 10 septembre.

08/09/25 - 21:00 - Comment se déroulera la journée du 10 septembre dans le Nord-Pas-de-Calais ?

Dans le Nord - Pas-de-Calais, les services de renseignement estiment qu’un rassemblement important pourrait avoir lieu dans la ville de Lille ce mercredi 10 septembre. "Une multitude d’actions" serait aussi prévue et "un volume important de contestataires" a été identifié. Dans le reste de la région, plusieurs manifestations contre la politique budgétaire d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements s’organiseraient, nous apprend le média local Ici. À Arras, elle aura lieu à 9 h 30, à Calais ou Valenciennes à 10 h ou encore à Lille, porte de Paris, à 14 h 30 avec un mot d’ordre "pour le pain, la paix, la liberté : en avant la grève !". Un rassemblement est aussi prévu à Valenciennes à 18 h 30. La CGT appelle aussi à la grève. Un préavis a été déposé chez ArcelorMittal à Dunkerque.

08/09/25 - 19:59 - Le président de la République appréhende les blocages du 10 septembre

Alors que les appels à la dissolution se font de plus en plus nombreux, la pression monte pour Emmanuel Macron. La France insoumise a décidé de déposer dès demain, mardi 9 septembre, une motion de destitution contre le chef de l'État. En parallèle, le mouvement du 10 septembre inquiète également l'exécutif, selon le média BFMTV. "Le président voulait temporiser mais le calendrier social s’accélère [...] Il faut accélérer, sinon mercredi le mot d’ordre sera 'Macron démission' dans les cortèges", reconnaît un interlocuteur d’Emmanuel Macron auprès de la chaîne de télévision en continu.

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