Ce comportement incivil explose dans toute la France : "C'est blessant !"
Samedi 5 juillet, à Notre-Dame-de-Monts, en Vendée. Un couple avec deux enfants arrive au restaurant L'Estran, alors en plein service. Ils n'ont pas de réservation, mais comme il reste de la place, la cheffe accepte de les accueillir. Ils s'installent en terrasse et commandent deux menus enfants et deux plats. D'après la note du restaurant, ils ont opté pour une entrecôte XXL et une brochette de saint-jacques ainsi que du foie gras.
Les enfants jouent, la mère fait des allers-retours pour les surveiller. Rien d'anormal. Jusqu'au moment où les parents quittent la table, et ne reviennent pas. La fille de Hélène, gérante du restaurant, est la première à remarquer la disparition de la famille. "Elle m'a dit qu'elle ne les voyait plus et qu'ils n'étaient pas passés à la caisse. Le serveur les a cherchés partout dans le restaurant et sur le parking, mais ils étaient partis", se rappelle Hélène pour le Courier Vendéen.
Les patrons de L'Estran viennent de perdre 94 euros. Le couple de restaurateurs a porté plainte, dénonçant une "banalisation" inquiétante de ces incivilités : " C'est irrespectueux ! On met tout notre cœur dans notre entreprise et nous avons des employés à payer. " Le fameux resto-basket (partir sans payer) est un délit de filouterie, passible de six mois de prison et de 7 500 euros d'amende. Et d'après plusieurs témoignages, il serait en très forte hausse cet été.
Le Marius, un restaurant de Pornic, en a subi dix depuis le début de l'année, trois rien que cette été. Jusque-là, il en avait seulement enregistré quatre en six ans. "Ça reste une minorité de personnes, mais on doit dénoncer le phénomène pour qu'il ralentisse", déplore, sur France 3, son gérant, Gildas Sibiril, qui a lancé un cri d'alerte sur les réseaux sociaux le 11 août dernier. "En ne payant pas l'addition, ces clients impactent également nos fournisseurs et nos salariés."
Dans certains cas, il s'agit même de véritables escroqueries organisées. À Toulon, un père et son fils ont arnaqué une centaine de restaurants en trois ans, commandant vins, whiskys et entrecôtes avant de s'éclipser. Ils ont été arrêtés grâce à un restaurateur mobilisé auprès de la police : le père a écopé d'un an de prison sous bracelet, le fils attend son jugement au tribunal pour enfant.
Pour se protéger, plusieurs établissements installent des caméras ou exigent désormais un acompte à la réservation. Une pratique encore rare, mais qui pourrait se généraliser, selon l'avocat nantais Louis Pinet. "D'autant plus à la sortie de cet été 2025, durant lequel les chiffres d'affaires ont baissé de 30% par rapport aux années précédentes", a-t-il détaillé sur France 3.
Selon lui, poursuivre les voleurs en justice n'est pas toujours une évidence. "C'est une longue procédure qui leur coûte plus cher que ce que le ticket de caisse allait leur rapporter, entre dépôt de plainte, constitution de partie civile…". Pourtant, la police peut agir, assure le commandant de la compagnie de gendarmerie de Pornic Étienne Naud : "Il faut nous appeler tout de suite lorsque cela se produit. Avec une description, nous pouvons retrouver assez vite les personnes parties sans payer". Reste à savoir si ces cris d'alerte suffiront à endiguer un phénomène qui inquiète de plus en plus les restaurateurs.