Suicide de Caroline Grandjean, directrice d'école : son harcèlement raconté en BD

Suicide de Caroline Grandjean, directrice d'école : son harcèlement raconté en BD L'enseignante Caroline Grandjean s'est suicidée lundi 1er septembre. Victime de harcèlement homophobe, elle avait confié son histoire au bédéiste Remedium, qui l'avait relayée en images en janvier dernier.

Le harcèlement homophobe et le manque de soutien de l'administration auront eu raison d'elle. Caroline Grandjean, professeure des écoles et ancienne directrice de l'école primaire de Moussanges, dans le Cantal, s'est donné la mort lundi 1er septembre. Une date symbolique, puisqu'il s'agit également du jour de la rentrée scolaire. La nouvelle a été notamment relayée par Remedium, auteur de bandes dessinées et de livres pour enfants.

L'artiste a notamment réalisé les séries graphiques "cas de force majeure" et "cas d'école", où il dépeint des portraits. Il avait publié en janvier dernier sur le blog de Médiapart ainsi que sur le réseau X celui de Caroline, et relatait déjà le harcèlement qu'elle subissait. Découvrez les images ci-dessous.

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"Tout bascule le mercredi 13 décembre 2023", relate Remedium dans la BD. Un premier tag homophobe inscrit sous le préau de l'école. Suivi d'un autre en mars : "Gouine = Pédophile". Des atteintes qui l'avaient choquée, tant et si bien qu'elle ne peut retourner au travail. Elle porte plainte et informe les parents d'élèves de la situation… mais selon le récit, elle ne reçoit aucun soutien. Les parents ainsi que la mairie "se plaignent auprès de l'inspection d'avoir été mis mal à l'aise par le message de Caroline", explique le bédéiste.

"L'Éducation nationale a planté les clous de son cercueil en n'assumant rien"

Mais la situation continue de s'empirer, allant jusqu'aux menaces de mort. Elle doit quitter son poste de directrice, ce qu'elle avait fait à regret, alors que l'institution voulait la changer d'établissement et la rétrograder au poste d'enseignante remplaçante, selon les informations de Remedium. Si une enquête a éé lancée par le parquet d'Aurillac sur l'origine des tags homophobes en juillet 2024, elle a été classée sans suite en mars 2025.

"Le corbeau qui l'a abreuvée d'insultes homophobes et de menaces de mort, les villageois et le maire qui ne l'ont pas soutenue, les collègues de son académie aux abonnés absents... Tout cela a contribué à creuser sa tombe", se désole l'auteur lundi 1er septembre, dans un thread X pour relayer la mort de Caroline Grandjean. "L'Éducation nationale a planté les clous de son cercueil en n'assumant rien, allant jusqu'à porter plainte contre la bande dessinée, imposant à Caroline une audition au commissariat. Comme une coupable", insiste-t-il encore.

Julien Audinet, représentant des parents d'élèves de l'école de la commune, a confié son "choc" sur BFMTV. "Nous ne pouvons qu'être attristés par cette nouvelle du décès de Madame Grandjean", a-t-il déclaré. Face aux tags homophobes, des faits "vraiment injustes et horribles", "nous avons tout de suite apporté à Madame Grandjean notre soutien, nous avons toujours essayé d'œuvrer en collaboration avec la mairie et avec l'Éducation nationale", assure-t-il encore. "Peut-être n'en avons-nous pas fait assez, peut-être avons-nous été maladroits, je ne sais pas, en tout cas, ça n'a pas suffi."

Remedium confie avoir échangé avec l'enseignante trois jours "à peine" avant son suicide. "Caroline m'écrivait pour m'annoncer que l'inspectrice qui ne l'avait pas soutenue était promue, devenant l'assistante de la Directrice académique." "Le dernier clou dans son cercueil", selon lui.