Quel est l’avenir du contrat Madelin dans notre système de retraite actuel ?
Si la France possède un excellent système de remboursement des soins médicaux, ce n’est pas le cas pour les retraites des indépendants. Le financement des retraites obligatoires reste problématique.
Voilà quinze ans que les contrats Madelin existent. Une période assez longue
pour que ce placement dédié aux travailleurs non-salariés (TNS) devienne une
valeur sûre. S’il s’agit d’une solution possible pour préparer
sa retraite, ce n’est pas la seule. Néanmoins, à ce jour, il n’existe aucun
moyen à la fois simple, rentable en terme d’économie d’impôt et sécurisé pour
la préparer. D’ailleurs, c’est le
principal placement retraite des indépendants : 61 % d’entre eux
détiennent un tel produit d’épargne-retraite. Un succès qui repose sur son
concept de retraite
complémentaire par capitalisation servie sous forme de rente en contrepartie
d’un avantage fiscal immédiat, qui n’est pas prêt à être remis en
cause.
Au passage, pour bénéficier pleinement des avantages fiscaux qu’il offre,
le législateur est vigilant quant à la régularité des versements. L’erreur
serait de stopper les versements sans avoir demandé l’avis d’un professionnel.
Lire les conditions générales de vente
Malgré tous ces attraits, il
devrait y avoir plus de détenteurs de contrat Madelin. Cela peut s’expliquer par
la prédominance de cinq compagnies d’assurance, qui détiennent à elles seules
75 % du marché. L’autre explication tient aux engagements commerciaux. La principale
caractéristique est la table de mortalité du contrat. Elle détermine le montant
de la rente de l’assuré au moment de la liquidation de sa retraite. Or, tous
les contrats ne la garantissent pas au jour de la souscription. Il faut donc
prendre le temps de décrypter les conditions générales. Et ne retenir que les
contrats qui offrent cette sécurité. Car, il ne faut pas se le cacher, la
démographie ainsi que l’âge plus avancé du décès des assurés provoquent
mécaniquement la baisse des pensions des retraités. Mieux vaut se prémunir d’un
tel aléa dont l’impact n'est pas mesurable.
Il faudra également être attentif
à la revalorisation des rentes: l’inflation fait que sans revalorisation les retraités
perdent du pouvoir d’achat. Privilégiez donc les contrats proposant une
revalorisation des rentes des assurés, mais aussi ceux qui prévoient une
réversion c’est-à-dire une meilleure protection du conjoint en cas de décès de l’assuré.
A ceci près que dans bien des cas le choix d’une rente réversible est inutile
car elle pénalise la rente de l’assuré. En effet, la réversion a un coût.
Une rente non réversible dans un contrat de qualité va prévoir un nombre
d’année de versement suffisant pour le bénéficiaire. Le choix de la rente
réversible s’impose quand il existe une forte disparité de revenu entre
l’assuré et le conjoint de l’assuré, ou lorsque le conjoint de l’assuré ne
travaille pas.
Ne pas fuir les unités de compte
Ces quelques lignes
suffisent pour vous montrer à quel point
le contrat Madelin est très technique et compliqué à appréhender. Personne ne
peut s’improviser « spécialiste de la retraite ». Le recours à un
professionnel avisé s’impose : courtier, agent général, compagnie
d’assurances… Mais méfiez-vous des interlocuteurs trop diversifiés. Je suis
convaincu qu’ils ne sont sûrement pas les plus pointus sur le sujet de la
retraite. Le risque est d’autant plus grand que le contrat retraite Madelin se
montre plus résistant que l’assurance-vie à la crise. Comme de juste, de nouveaux
intermédiaires ont fait leur apparition et s’intéressent à ce marché en progression,
histoire de faire de la marge et moins de rendre un service avisé.
Le conseil est primordial. Il
permet d’aiguiller le souscripteur vers le bon mode de gestion. A titre
personnel, je recommande la gestion à horizon et privilégie une proportion
d’unités de compte quand l’assuré est loin de la retraite et sécuriser le
capital constitué de manière progressive à l’approche de la retraite. Souvent
le choix des unités de compte est un art difficile. Une fois encore, la
diversification peut être la solution pour limiter les risques. Bien sûr, les Cassandre diront « aujourd’hui fuyez les UC ». J’ai le réflexe
inverse. Ces conseillers ne sont sans doute pas à l’aise avec cette gestion et
craignent de décevoir leur client. C’est un fait. Mais je suis convaincu qu’il faut
savoir s’écarter des chemins empruntés par la tendance de marché et défendre
son point de vue auprès de son client tout en respectant bien évidement des
règles de gestion de bon sens et l’aversion au risque.