Peugeot 9X8 : Peugeot relégué dans l'ombre pour son retour au Mans ?

Peugeot 9X8 : Peugeot relégué dans l'ombre pour son retour au Mans ? PEUGEOT AUX 24H DU MANS. Pour son grand retour, douze ans après sa dernière participation aux 24 Heures du Mans, Peugeot pourrait avoir des difficultés sur le mythique tracé manceau. Si les attentes du public sont grandes, les récentes performances de la 9X8 ne poussent guère à l'optimisme.

Entre Le Mans et Peugeot, l'histoire s'était stoppée nette en 2012. De façon aussi brutale que l'annonce, en janvier de la même année, de l'arrêt de l'engagement de la branche sport de Peugeot en Endurance. Alors en proie à des difficultés financières, la firme de la marque au lion avait tranché dans le vif. Dix ans plus tard, Peugeot, remis en selle économiquement grâce au succès de certains de ses modèles, la 208 ou le 3008 notamment, a décidé de replonger. Les voitures du constructeur sochalien ont effectué leur grand retour en Endurance à la fin de l'année dernière et disputent cette année le championnat du monde dans son intégralité (7 courses).

Quatrième manche de la saison orchestrée par la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA), les 24 Heures du Mans, dont l'édition du centenaire se tient ces 10 et 11 juin, sont la scène d'exposition n°1 pour ces prototypes de course. La présence de Peugeot dans la catégorie reine des Hypercar est évidemment l'un des événements du week-end. L'histoire du constructeur est intimement liée à celle des 24 Heures. La Peugeot 905, victorieuse en 1992 et 1993, et la 908, lauréate en 2009, ont laissé leur empreinte sur le circuit de la Sarthe. Le troisième succès il y a 14 ans est d'ailleurs à ce jour le dernier d'une marque française au Mans, Audi, puis Porsche et enfin Toyota ayant ensuite chacune leur tour confisqué les clés du circuit.

Des essais décevants mais dans la lignée des derniers mois

Inutile de dire que la Peugeot 9X8, le prototype développé pour concourir en Endurance, a un lourd héritage. La monoplace, dévoilée en 2021, est attendue au tournant pour perpétuer le niveau de performance du constructeur franc-comtois dans le sport automobile. Mais force est de constater, après quelques mois de compétition, que la route est encore longue avant de rivaliser avec ses illustres devancières. Après plusieurs mois d'essais, le prototype Hypercar avait effectué ses grands débuts au mois de juillet dernier lors des 6 heures de Monza.

Sans grande surprise, la 9X8 avait souffert de la comparaison avec les Toyota et autres Alpine (alors encore en catégorie reine mais engagé en LMP2 en 2023) en performance pure, tandis qu'un peu plus tard, à Fuji et Bahreïn, ce sont surtout des ennuis mécaniques qui avaient freiné sa progression. Le retour au Mans ne devrait pas permettre de miracle, et si l'écart s'est un peu réduit, Ferrari, Toyota et même Porsche également de retour semblent encore bien loin, sans doute autour des deux secondes au tour en configuration de course. Cela fait beaucoup...

Les deux Peugeot 9X8 n'ont pas pu se mêler à la lutte pour la pole position et ont même été privés d'Hyperpole, ne pouvant se placer parmi les 8 premières Hypercars des qualifications. La n°93 et la n°94 partiront de la 5e et de la 6e ligne à 16 heures samedi et les ambitions semblent être surtout d'apprendre pour revenir plus fort en 2024. "Nous savons que cela sera une course difficile car cette année reste une année d'apprentissage pour le Team Peugeot TotalEnergies mais toute l'équipe est fin prête à relever un de ses plus grands challenges, lors de cette course imprévisible et face à une concurrence extrêmement relevée, notait avant le départ samedi 10 juin Linda Jackson, directrice générale de Peugeot. "Je suis ravie d'être de retour aux 24 Heures du Mans pour partager notre passion du sport automobile avec tous nos fans."

Les photos de la Peugeot 9X8, une Hypercar sans aileron arrière !

© Peugeot
© Peugeot
© Peugeot
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Les essais hivernaux devaient permettre aux ingénieurs d'améliorer la fiabilité de la 9X8 sans aileron arrière fixe – une particularité en Hypercar – et de la rendre plus performante. Mais la manche d'ouverture de la saison à Sebring, mi-mars, fut cauchemardesque. En manque de rythme, les deux voitures ont terminé aux 31ème et 32ème place, très loin – à 26 et…98 tours ! – du vainqueur (Toyota). La n°94, pilotée par Loïc Duval, Gustavo Menezes et Nico Müller, connaissait son premier problème technique dès le tour de formation… Heureusement, l'éclaircie est venue un mois plus tard au Portugal, à Portimao, où les deux 9x8 se sont classées aux 5ème et 7ème place. Des résultats encourageants que les lionnes n'ont toutefois pas su confirmer fin avril à Spa-Francorchamps. Si la mécanique a cette fois-ci tenu le coup, les performances des voitures, 14ème et 17ème à l'arrivée, étaient encore à des années-lumière des Toyota mais aussi des Ferrari, Porsche et Cadillac.

Quels sont les pilotes au volant de la 9X8 ?

© Florent Gooden / DPPI Media

Nul doute que les pilotes du Team Peugeot TotalEnergies donneront leur maximum ces 10 et 11 juin pour éviter de faire de la figuration. Le constructeur a d'ailleurs opté pour des équipages homogènes et assez expérimentés pour cette première saison complète dans le championnat d'Endurance. Dans la n°93, le Français le Français Jean-Eric Vergne (33 ans) et l'Ecossais Paul di Resta (37 ans), tous les deux passés par la Formule 1, encadrent le Danois Mikkel Jensen (28 ans). La n°94 est également conduite par un Français, le Chartrain Loïc Duval (40 ans), entouré de l'Américain Gustavo Menezes (28 ans) et du Suisse Nico Müller (31 ans). Des pilotes parmi les tout meilleurs du plateau.

Alors, que peuvent espérer les Peugeot pour leur grand retour au Mans ? Si le circuit sarthois et ses longues lignes droites pourrait davantage convenir à son V6 2.6 litres bi-turbo – son moteur thermique situé à l'arrière tandis que deux moteurs électriques entraînent les roues avant -, la 9X8 ne pourra pas en un claquement de doigts refaire son retard sur la concurrence. Cette 91ème édition, celle du centenaire, doit surtout permettre à la marque au lion de reprendre ses marques dans la plus légendaire course d'Endurance et surtout de poursuivre le développement de sa voiture de course. Pour jouer la victoire, il faudra certainement encore attendre, mais Peugeot semble s'être donné le temps en prévoyant un engagement de cinq ans aux 24 Heures.