Cette haie que l'on voit partout en France peut causer de gros dégâts - elle est déjà interdite dans un pays voisin
C'est la haie préférée des Français dans leur jardin pour se cacher du vis-à-vis. Pourtant, c'est un désastre à plusieurs niveaux. Un pays européen a même pris une décision radicale.
Pour se cacher du regard des voisins et des passants dans la rue, certains optent pour des clôtures ou des grillages, d'autres préfèrent l'option d'une haie. Cette dernière permet de préserver l'intimité mais aussi de dissuader les intrus, sans pour autant gâcher le paysage. Parmi les plus populaires, on retrouve évidemment le thuya star des lotissements des années 1970 à 1990 mais aussi des alternatives comme le houx, le laurier tin ou encore le cyprès…
Comme beaucoup de Français, peut-être avez vous opté pour le laurier et notamment le laurier-cerise. Pas étonnant quand on connaît ses atouts : il pousse vite et permet de créer une haie occultante rapidement, est très résistant, son feuillage vert et brillant reste toute l'année et il demande très peu d'entretien. Il pousse partout ou presque, même dans les sols pauvres ou calcaires, et résiste très bien à la sécheresse. Mais malgré ses nombreux avantages, le laurier cerise a des conséquences écologiques inquiétantes.
Il est tout d'abord extrêmement invasif. L'arbuste colonise rapidement les sous-bois, empêchant la régénération naturelle des essences locales. Son feuillage dense bloque la lumière au sol, freinant la croissance d'autres plantes. Une étude allemande publiée l'an dernier a montré que le laurier-cerise pourrait continuer à se propager rapidement en raison du changement climatique et modifier considérablement la composition de nos sols et de nos forêts. Mais ce n'est pas tout.

Cette plante est très toxique, riche en acide cyanhydrique. Cette substance peut être dangereuse pour les animaux domestiques mais aussi les enfants en cas d'ingestion. Autre inconvénient, ses feuilles sont non compostables, car leur décomposition libère des substances nocives. Il offre enfin peu de nourriture aux insectes et abrite ainsi très peu de biodiversité. Bref, à part protéger les humains des regards curieux, le laurier-cerise n'a pas vraiment d'autres intérêts.
Sönke Hofmann, ex-directeur général de l'Union allemande pour la protection de la nature (NABU), s'était montré catégorique en parlant du laurier-cerise en 2022. "Quiconque plante des haies de lauriers-cerises commet un crime contre la nature", avait-il souligné avant d'oser une comparaison étonnante : "Même un mur en béton a plus de valeur écologique ; au moins, les lichens et les mousses poussent dessus au fil du temps."
La Suisse l'a bien compris et a déjà pris des mesures, visant à préserver la flore locale et éviter la propagation incontrôlée de cette espèce invasive. La vente de laurier-cerise y est interdite depuis septembre 2024. Pour aller plus loin, certains cantons et communes proposent des subventions aux habitants pour arracher et remplacer leurs haies d'espèces exotiques, telles que le laurier-cerise. Le montant peut être important.
Le canton de Genève finance la nouvelle haie à hauteur de 50%, note la RTS alors que le canton de Vaud propose, lui, 60 francs suisses par mètre linéaire. Rien de tout ça en France où la menace commence à être prise au sérieux. Certains particuliers privilégient désormais des alternatives plus respectueuses de la biodiversité comme le noisetier ou le troène.